L'économiste tunisien Ridha Chkoundali a analysé le discours du Chef du Gouvernement du 8 novembre 2024 devant le Parlement. La notion de "nation sociale" et l'impact sur la classe moyenne Chkoundali note une distinction importante faite par le Chef du Gouvernement entre la "nation sociale" et un simple "Etat de solidarité minimale". Cette vision suppose une intervention accrue de l'Etat pour soutenir la classe moyenne, formée notamment de médecins, d'ingénieurs et d'universitaires. Or, le projet de loi de finances 2025 propose une augmentation de l'impôt sur le revenu, qui pourrait affecter cette classe et réduire son rôle dans l'économie. Les entreprises communitaires au centre de la redistribution des richesses Le discours met en avant les entreprises communitaires comme moteurs de création et de redistribution de la richesse, un choix soutenu par le Président de la République. Cependant, Chkoundali relève que ce modèle est encore expérimental en Tunisie et que son succès reste incertain dans le court terme. Le financement de 20 millions de dinars alloué à ces entreprises est modeste en comparaison des 21 milliards de dinars de dette intérieure prévue, ce qui risque de limiter le soutien au secteur privé, essentiel pour une croissance soutenue. Un bilan des réalisations économiques de 2024 Le Chef du Gouvernement a énuméré cinq réalisations clés pour 2024 : une croissance de 1,6 %, la maîtrise des déficits commerciaux et budgétaires, un maintien des réserves de change, l'acquittement des paiements internationaux et une baisse de l'inflation. Ridha Chkoundali estime que ces indicateurs sont surtout destinés aux institutions financières internationales, comme le FMI, alors que des problèmes plus urgents comme le pouvoir d'achat des Tunisiens n'ont pas été abordés. Objectifs ambitieux pour 2025, mais sont-ils réalistes ? Le gouvernement vise une croissance de 3,2 % pour 2025, une ambition que Ridha Chkoundali juge difficile. Pour atteindre cet objectif, il faudrait que l'investissement atteigne 16 % du PIB, un défi considérable dans le contexte de restrictions budgétaires et de lois fiscales contraignantes. Le FMI prévoit une croissance plus modeste de 1,6 % pour la Tunisie en 2025, ce qui contraste fortement avec les attentes du gouvernement. L'avenir proche nous le dira … Des réformes porteuses pour l'économie Ridha Chkoundali reconnaît également l'importance de certaines réformes prévues, notamment la modernisation du cadre législatif et le développement d'infrastructures numériques. Ces mesures incluent la révision de la législation du change, l'élaboration de cartes d'investissement régionales et le renforcement des infrastructures pour le secteur du phosphate. En conclusion, Chkoundali appelle à un équilibre entre les impératifs fiscaux et la réalité économique afin de stimuler une croissance durable et de répondre aux attentes des citoyens tunisiens. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!