Le moins qu'on puisse dire est que le Parti démocrate rase les murs après le cataclysme électoral du 5 novembre dernier ; la challenger du président Donald Trump, Kamala Harris, a disparu des radars pour panser ses plaies après sa cuisante défaite ; son mentor, l'ex-président Joe Biden, se terre après avoir sauvé la tête de son fils et de ses proches – grâce présidentielle – dans le viseur. Bref, très peu de voix s'élèvent dans le camp démocrate pour s'opposer aux républicains, alors que le démantèlement des services publics bat son plein, alors que les Bourses américaines et du monde entier plongent suite à la guerre économique insensée déclenchée par Trump. Même le président de la Fed (Banque centrale américaine) a eu le courage de dire que les USA foncent droit vers le mur. Mais motus chez les démocrates. Deux de leurs plus éminents représentants sont sortis du bois. On ne l'a pas entendu publiquement après les premières déflagrations de la politique économique de Trump, il n'a rien dit quand la nouvelle administration a viré sans ménagement des milliers de fonctionnaires, il s'est tu quand Trump a sabré les politiques de discrimination positive et expulsé d'une traite des milliers de migrants, il n'a pas réagi quand le républicain a décidé de réécrire à sa sauce le passé des Américains, etc. Pourtant l'ancien président Barack Obama est pour beaucoup dans la trajectoire prise par le pays ces dernières années. Il a enfin fait ce que beaucoup de ses concitoyens attendaient de lui. «C'est la première fois depuis longtemps que je m'exprime en public», a-t-il dit le 3 avril 2025 sur une scène du Hamilton College, dans l'Etat de New York. «J'ai observé ce qui se passe depuis un moment», a-t-il ajouté, cité par CNN. «Imaginez, un seul instant, si j'avais fait tout cela (...). Il est inimaginable que les mêmes partis qui se taisent aujourd'hui auraient toléré un tel comportement de ma part, ou de la part d'un grand nombre de mes prédécesseurs», a dit Obama. Il a fustigé le silence coupable des responsables démocrates et républicains. Devant les étudiants il a déclaré que les nouveaux tarifs douaniers de Trump ne seront pas «bons pour l'Amérique». Mais il est «plus profondément préoccupé par le gouvernement fédéral qui menace les universités si elles n'abandonnent pas les étudiants qui exercent leur droit à la liberté d'expression». Rappelons que l'université de Columbia est rentrée dans les rangs après que le gouvernement a confisqué son financement ; Harvard (Obama est diplômé dans les deux universités) pourrait subir le même sort... Par ailleurs l'ancien président s'est en pris à «l'idée que la Maison-Blanche puisse dire à des cabinets d'avocats : si vous représentez des partis que nous n'aimons pas, nous allons vous retirer toutes nos affaires ou vous interdire de représenter les gens de manière efficace. Ce genre de comportements est contraire au pacte fondamental que nous avons en tant qu'Américains». Dans une de ses "fulgurances" Trump avait émis le souhait d'affronter Obama à la présidentielle de 2028, une manière de dire que Mme Harris n'a pas été à la hauteur mais surtout de faire sauter le verrou constitutionnel sur la limitation des mandats. Légalement ni lui ni Obama ne peuvent concourir au prochain scrutin. Mais on peut compter sur l'actuel président pour tenter le coup de force. Par contre Kamala Harris elle aurait tout à fait le droit de redescendre dans l'arène au prochain scrutin, avec même beaucoup plus de chances après les dégâts qu'aura causés le milliardaire républicain. Elle a pris la parole le même jour qu'Obama, le 3 avril 2025. Quelque chose bouge enfin dans le Parti démocrate. «Nous savions que beaucoup de choses se produiraient (...). Je ne suis pas là pour dire "je vous l'avais dit"», a déclaré la candidate malheureuse à la présidentielle lors d'une réunion Leading Women Defined, en Californie «Nous voyons des organisations rester silencieuses. Nous voyons ceux qui capitulent devant des menaces clairement inconstitutionnelles. Et ce sont les choses dont nous sommes témoins, chaque jour, au cours des derniers mois dans notre pays et cela crée, à juste titre, un grand sentiment de peur (...). La peur est contagieuse (...). Lorsqu'une personne a peur, elle se propage à son entourage. Et nous en sommes sans aucun doute témoins [...] Mais je dis aussi ceci, mes chères amies, le courage est aussi contagieux», a asséné la dame… Est-ce le début d'un vrai sursaut, de la part d'Obama et Mme Harris, en écho à la manifestation nationale anti-Trump ce samedi 5 avril ? "Wait and see".
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