TUNIS (TAP/ Yamina Touati) - La culture du don de sang est-elle bien établie en Tunisie? Durant la Révolution tunisienne un élan de solidarité sans précédent a été observé, se substituant à toutes les formes de collecte. « Nous n'avons pas eu besoin de recourir aux médias, des salles supplémentaires de prélèvement ont été ouvertes pour accueillir des citoyens qui font don de sang pour la première fois de leur vie », s'est réjouit Mme Emna gouider, directrice générale du Centre national de transfusion sanguine (CNTS). Un élan qui doit pourtant s'inscrire dans la continuité, a-t-elle ajouté. Car, aujourd'hui encore, la Tunisie est loin de réaliser son autosuffisance en cette substance vitale et irremplaçable, face à l'augmentation continue des besoins due à l'évolution de la pratique médicale. En 2010, 190557 poches de sang ont été prélevées, un chiffre inférieur à celui fixé par l'Organisation mondiale de la santé soit 200 mille poches. Le taux des donneurs réguliers est de 10,5 pc contre 89,5 pc de donneurs occasionnels dont 60 pc de donneurs familiaux. Il y a autant de sang qu'on le pense A priori, le principe fondamental, voire éthique du don de sang c'est son caractère anonyme et volontaire. Mais pour assurer les besoins quotidiens des blocs opératoires dans les établissements hospitaliers publics et privés, l'on a aussi recours aux donneurs familiaux. Une pratique contestée par M. Fethi Bouallegue, président de l'association tunisienne pour la promotion du don de sang (ATPDS), en ce sens qu'elle contraint les proches d'un malade à faire don de sang. « Il y a autant de sang qu'on le pense ». Il suffit de fidéliser le donneur. Un travail qui exige une meilleure coordination entre le centre et la société civile a-t-il relevé. D'abord la carte du donneur. Elle doit être délivrée aux donneurs réguliers pour les encourager et les faire bénéficier d'avantages, en cas de besoin. M. Bouallegue a souligné, aussi, l'importance d'une banque de données dans le maintien des contacts avec les donneurs. Il a appelé à une meilleure utilisation des moyens dont dispose le centre. La promotion du don implique la mise à niveau des structures de transfusion, à travers la formation du personnel et l'amélioration de la qualité d'accueil et des conditions de prélèvement du sang dans les cabines fixes et mobiles du centre, a-t-il plaidé. C'est un travail qui doit se faire en parfaite coordination avec la société civile, a réaffirmé le président de l'ATPDS. Il s'est également, prononcé en faveur d'une meilleure flexibilité des heures de travail des équipes de prélèvement pour optimiser la disponibilité d'un plus grand nombre de donneurs. Mme Gouider : Notre souhait c'est de ne plus avoir recours aux donneurs familiaux Pour Mme Gouider, le don de sang est volontaire et sans contrepartie, comme toute œuvre de charité. Et l'adhésion d'un plus grand nombre de citoyens à cette noble action, est de nature à couvrir les besoins nationaux. Car a-t-elle ajouté « notre souhait c'est de ne plus avoir recours aux donneurs familiaux et de développer notre réseau de donneurs réguliers. Mais il reste beaucoup à faire en matière de lutte contre certains préjugés liés au don du sang. Selon l'OMS, une population stable de donneurs volontaires non rémunérés qui font des dons réguliers, est le fondement d'un approvisionnement sûr et suffisant. De plus, le risque de transmission sanguine d'infections comme le SIDA, l'hépatite B et C est moins grand avec les donneurs volontaires qu'avec les donneurs intrafamiliaux. Mme Gouider a évoqué aussi le besoin de parfaire la coordination entre les différentes structures de santé pour assurer un meilleur rendement du CNTS, désigné centre collaborateur de l'OMS. Un séminaire sur le don du sang et les médias sera organisé par le centre, à l'occasion de la journée mondiale du don de sang, le 14 juin de chaque année. Le CNTS a, également, concocté un programme de manifestations comprenant des cérémonies de remise de médailles aux donneurs fidèles à travers les régions et diverses actions de sensibilisation qui s'étaleront sur toute la saison estivale. « Nous abordons une période difficile marquée par la baisse des dons en raison des vacances scolaires et des congés annuels et du mois de Ramadan». Le centre doit, ainsi, mettre les bouchées doubles pour assurer les besoins supplémentaires de cette saison connue, aussi, par l'augmentation du nombre des accidents de la route. De son coté, l'ATPDS proposera, demain, mardi, à la cité des sciences de Tunis, une réflexion sur la situation du secteur après le 14 janvier 2011.