TUNIS (TAP) – "L'économie nationale a dépassé la phase dangereuse", qui a prévalu durant le premier trimestre 2011, marqué par la réalisation d'un taux de croissance négatif de -3,3 pc. La baisse prévue pour le deuxième trimestre sera moins cruelle, tout en ne dépassant pas zéro pc, a annoncé M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Au cours d'une rencontre tenue vendredi entre banquiers et hommes d'affaires, au siège de l'UTICA, sous le thème "Les entreprises et les banques après la révolution", le gouverneur de la BCT a indiqué que les concours du secteur bancaire à l'économie, ont cru de 7 pc, au cours des cinq premiers mois 2011, soit quasiment la même évolution qu'en 2010, pour atteindre 2600 MD (dont 40 pc pour couvrir les crédits qui n'ont pas été remboursés et 50 pc au titre des nouveaux crédits destinés à l'investissement et à la gestion). La progression annuelle de ces crédits serait de l'ordre de 16 à 17 pc. La BCT a injecté, a-t-il rappelé, des liquidités d'une valeur de 3 000 MD, au profit des banques de la place, pour leur permettre de contribuer à la relance de l'activité économique. Pour réaliser la relance escomptée, M. Nabli a souligné la nécessité de résorber les effets de la période de la récession (premier semestre) et de préserver le tissu économique, tout en donnant une forte impulsion à l'activité économique. Le rôle des hommes d'affaires est primordial au cours de cette phase, ce qui exige davantage de rigueur et de vigilance, pour assurer la transition du pays dans les meilleures conditions, a-t-il avancé. M. Nabli: "réaliser une croissance économique constante durant les deux prochaines années pour accélérer le processus de la transition démocratique dans le pays " La marginalisation ressentie par les hommes d'affaires résulte, selon lui, de la période difficile par laquelle est passé le pays, au cours de laquelle les questions politiques et de sécurité ont excessivement prévalues. Le gouverneur de la BCT a souligné, à ce propos, la nécessité de réaliser une croissance économique constante durant les deux prochaines années, pour accélérer le processus de la transition démocratique dans le pays. Au cours du débat, plusieurs hommes d'affaires se sont indignés de la promulgation du décret relatif à l'amnistie générale sur les chèques sans provisions, appréhendant le décret relatif à la profession d'avocat. Ils ont abordé la question des pressions sur le marché de l'emploi dues à la fermeture d'un nombre d'entreprises et l'accroissement du nombre des chômeurs, recommandant de promouvoir le financement bancaire pour faciliter l'investissement, notamment, dans les régions. D'autres interventions ont été axées sur le retard dans l'indemnisation des entreprises sinistrées, suite aux actes de pillages et aux incendies, survenus au moment de la révolution. Ils ont appelé à une coordination entre l'administration centrale et les autorités régionales dans ce domaine. Le gouvernement n'a pas assumé son rôle, ont-ils estimé, en matière de protection des investisseurs tunisiens et étrangers dont certains ont quitté le pays, à cause de la dérive sécuritaire. M. Nabli a demandé de remettre les dossiers des entreprises sinistrées, dont la situation n'a pas été examinée, à la BCT, recommandant de leur fournir les liquidités nécessaires pour la poursuite de leurs activités. M. Habib Ben Saâd, président de l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers et Président-directeur général de la Banque de Tunisie, a attesté, pour sa part, que le commerce de distribution, secteur le plus touché, a en majorité repris son activité grâce à l'intervention des banques. Mme Samira Ghribi, PDG de la STB, a nié l'existence des difficultés financières pour la société tunisienne des banques, laquelle se positionne toujours à la première place dans le financement de l'économie et à la seconde en matière de rentabilité bancaire. Les concours de la banque à l'économie ont évolué de 8,1 pc, au cours du premier semestre de l'année 2011. De son côté, Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie et du Commerce (UTICA), a préconisé l'organisation de rencontres semestrielles entres les entreprises et les banques, pour examiner l'évolution de la croissance économique du pays et débattre des moyens de renforcer les liens entre l'entreprise et la banque.