TUNIS (TAP) - "Revoir le système institutionnel régional, réviser les plans d'aménagement du territoire, réétudier le financement des projets dans les régions et mettre en place une nouvelle stratégie du développement régional", telles sont les principales propositions présentées par l'économiste Chadli Ayari, à la conférence organisée, samedi, à l'UTICA (Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat), à Tunis, par le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest. Placée sous le thème "quel rôle pour le développement économique des régions de l'intérieur dans la réussite de la transition démocratique?", la conférence a enregistré la participation de représentants de partis politiques et de la société civile, ainsi que des hommes d'affaires et des cadres de la région du Nord-Ouest. M.Ayari a précisé que pour assurer un équilibre entre les régions, il faut réexaminer le rôle des trois composantes du système institutionnel régional (le gouverneur, le conseil régional et le conseil municipal), mettre en place un système de données statistiques sur les régions et renforcer les financements accordés aux régions de l'intérieur. Il a, également, appelé à inclure le système d'aménagement du territoire comme un fondement du développement durable. A l'ouverture des travaux, M.Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional, a souligné, que le développement régional dans les budgets de l'Etat durant la période de l'ancien régime a été limité à l'aménagement des chantiers, des routes et des pistes rurales, l'électrification des puits de surface et la création de sources de revenus, rappelant que 80 pc des financements consacrés à ce chapitre étaient destinés aux régions côtières ce qui a renforcé le déséquilibre entre les régions. Il a rappelé que le gouvernement de transition a alloué un budget additionnel d'urgence de 251 millions 300 mille dinars dont 80 pc au profit des 14 régions de l'intérieur conformément à quatre critères (le taux démographique, le taux de chômage, celui des diplômés du supérieur et le taux de pauvreté). Le ministre a affirmé que son département va organiser au mois de septembre une série de colloques régionaux en vue d'inciter chaque gouvernorat à élaborer son propre schéma de développement, faire participer la société civile dans la conception des plans de développement régional, mettre en place des plans marketing pour attirer les investisseurs et renforcer la coopération décentralisée. Il a insisté sur l'importance de créer des pôles de développement au niveau des régions de l'intérieur et revaloriser les richesses dont elles recèlent pour les exploiter dans la création de projets dans les secteurs innovants tels que la biotechnologie, les énergies renouvelables et les technologies de l'information. M.Kamel Ayadi, président du centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest, a fait remarquer que par rapport aux régions côtières, le Nord-Ouest était, largement, marginalisé, durant l'ancien régime, et ses indicateurs de développement étaient faibles en dépit des ressources minières et naturelles considérables qu'il renferme. Il a relevé que l'équilibre régional nécessite une nouvelle vision du modèle de développement, c'est pourquoi l'objectif escompté à travers la création de ce centre de réflexion stratégique, est de fédérer les énergies et les compétences dont regorge le Nord-Ouest en vue de contribuer à approfondir le débat sur les besoins des régions et assurer à l'avenir la réussite des programmes de développement régional. Invité à cette conférence, M.Emile Constantinesco, ancien président de la République de Roumanie, a indiqué que la Tunisie a réussi à relever le défi de vaincre la dictature et doit gagner le pari de la démocratie à travers la consécration de l'Etat de droit, la liberté d'expression, la primauté de la loi et l'indépendance du pouvoir judiciaire. Il a fait remarquer que la réalisation de la transition démocratique, directement après une révolution contre une dictature, est une mission difficile mais pas impossible, elle exige l'union des efforts de toutes les parties pour atteindre les objectifs, rappelant que la Roumanie avait vécu la même expérience, après la chute de la dictature de Ceausescu et, avec la conjugaison des efforts, son pays a réussi à entreprendre des réformes et à instaurer des législations démocratiques. De son coté, le président de la Fondation "Mo Ibrahim", le Soudanais Mohamed Ibrahim, a fait savoir que sa fondation va tenir son prochain forum annuel en Tunisie et ce pour rendre hommage à la révolution tunisienne qui a donné la première étincelle aux mouvements de révolution en Egypte et En Libye, appelant à développer la coopération économique entre les pays du continent africain qui ne contribue qu'à 9 pc de l'économie mondiale malgré les richesses et ressources qu'il recèle. La fondation "Mo Ibrahim" vise à promouvoir la bonne gouvernance en Afrique. Le débat a porté sur le besoin d'aménager des zones industrielles et de créer des pôles de développement dans les régions de l'intérieur, de mettre en valeur les richesses locales, de consolider le système de microfinance et de renforcer les structures d'appui dans les régions.