TUNIS (TAP) - L'Initiative Citoyenne a organisé, samedi soir, au centre culturel Bir Lahjar à Tunis, une rencontre sur le développement du Code du Statut Personnel (CSP) vers la réalisation de la parité totale entre les genres. Pour Fadhel Moussa, doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, le CSP qui distingue la Tunisie par rapport aux pays arabes et musulmans en matière de droits de la femme, devient aujourd'hui "insuffisant" et comporte plusieurs lacunes à combler pour parvenir à réaliser la parité totale entre hommes et femmes. "La parité totale entre hommes et femmes est une question difficile et un motif de dissensions dues à plusieurs considérations expliquées essentiellement par le regard traditionaliste porté sur la nature des relations entre l'homme et la femme au sein de la famille", a-t-il souligné, affirmant que sa "concrétisation nécessite, impérativement, de la consacrer dans la loi pour garantir le développement de la société". Saloua Hamrouni, professeur de droit général, a pour sa part souligné l'impératif, pour la Tunisie, d'appliquer entièrement les conventions ratifiées en matière d'élimination de la discrimination entre les genres, en particulier la convention des Nations Unies pour l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard de Femmes (CEDAW). Elle a appelé à lever toutes les réserves émises par la Tunisie à certains articles de la CEDAW, comme la tutelle des enfants, la transmission de la nationalité, le mariage et le divorce et l'égalité de l'héritage. Le rapport de l'année 2010 établi par la commission chargée de contrôler l'application, par les Etats signataires, de ladite Convention indique, concernant la Tunisie, que ces réserves bloquent la réalisation du principe de la parité, a-t-elle rappelé. "La Tunisie entend-elle sérieusement lever ces réserves et inscrire le principe de non-discrimination dans sa nouvelle Constitution?", s'est-elle dans ce sens demandée. Le Code du Statut Personnel, visant l'instauration de l'égalité entre l'homme et la femme dans nombre de domaines, suscite le débat dans certains milieux, 55 ans après sa promulgation.