TUNIS (Rédaction TAP: Monia Rihane) - La démocratie politique ne peut avoir de signification sans une démocratie économique et sociale accompagnée d'une meilleure distribution des richesses et de la souveraineté du peuple sur les biens du pays, tel est le credo du parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). Pour ce faire, l'ensemble des ressources naturelles, richesses et secteurs stratégiques du pays à l'instar du pétrole, des mines, de l'énergie, de l'électricité, du gaz, de l'eau, des télécommunications, du transport...ne doivent pas être privatisés, mais relever totalement du secteur public pour être au service du peuple, a déclaré M. Mohamed Mzem, membre de la direction nationale du PCOT, dans un entretien à la TAP. Concernant la nationalisation, il a indiqué que celle-ci concernera les richesses et biens cédés à des prix dérisoires à des parties étrangères et celles proches du pouvoir, ces biens devant être restitués au peuple. L'objectif, a-t-il poursuivi, est d'édifier "une économie nationale, forte, indépendante de l'hégémonie extérieure et orientée vers la réalisation des besoins de la nation après avoir longtemps été au service du régime déchu et de son entourage". Pour ce faire, il y a lieu de restructurer l'économie, moyennant un meilleur équilibre entre les secteurs de production. Il s'agit, dans ce cadre, de réhabiliter des secteurs vitaux, particulièrement l'agriculture, au lieu de favoriser ceux du tourisme, des services liés au marché international (centres d'appels) et de certaines industries caractérisées par de faibles valeur ajoutée et capacité d'emplois. Cependant, a-t-il ajouté, cela ne signifie pas l'abandon du secteur privé lequel devra jouer "un rôle social" et s'orienter vers les activités productives. Il devra, en l'occurrence, s'employer à générer des emplois, respecter les droits des travailleurs, leur assurer les conditions d'une vie décente et une couverture sociale. Une meilleure intégration de l'économie nationale est escomptée à la faveur de l'accent à mettre sur les activités de production et de transformation. M. Mzem a précisé qu'il est ainsi préconisé de créer des industries agroalimentaires sur les sites de production ou limitrophes de ces derniers, à l'instar d'usines de fabrication de pâtes dans les zones productrices de céréales. M. Mzem a rappelé, dans ce contexte, la décision des agriculteurs de jeter les excédents de lait en raison de l'absence de centres de collecte de lait ou d'unités de séchage dans leur région de production. Palier le déséquilibre régional est également un impératif et le rôle de l'Etat est à réinstaurer dans ce domaine, notamment en matière d'investissements et de mise en place de l'infrastructure nécessaire. "Des mines et des cimenteries sont ainsi fermées au Kef alors qu'un fort taux de chômage règne dans la région, outre la pénurie de ciment qui sévit dans le pays", a affirmé M. Mzem. Sur le plan financier, le PCOT se propose notamment de suspendre le remboursement de la dette jusqu'à vérification de son utilisation réelle et des modalités de son obtention. En effet, a précisé M. Mzem, il s'agit de se référer à une jurisprudence existant dans le droit international, connue sous l'appellation de dette odieuse. Cette dette, a-t-il expliqué, est contractée par une dictature et sert à financer des actions contre l'intérêt des citoyens de l'Etat et dont les créanciers avaient connaissance. "Donc tout remboursement d'une dette dont le peuple tunisien n'aura pas été le principal bénéficiaire sera suspendu voire annulé, d'autant que le pays a besoin de financements". S'agissant de la réforme fiscale, il sera procédé à l'institution d'une fiscalité progressive, taxant les plus hauts revenus, et à la suppression du régime forfaitaire, sachant que 80% des charges fiscales sont supportées par les salariés et le reste par les détenteurs de capitaux. Les services du contrôle fiscal seront, en outre, renforcés afin de lutter contre l'évasion fiscale. L'épargne nationale et la souscription publique seront également encouragées pour une plus grande participation des citoyens à la réalisation des projets nationaux. Fondé le 3 janvier 1986, le PCOT a été légalisé le 18 mars 2011. Interdit pendant la période du régime déchu il agit dans la clandestinité. De mouvance communiste, marxiste-léniniste le PCOT dont le secrétaire général est Hamma Hammami a un journal: "Al Badil".