TUNIS (TAP)- « Aujourd'hui, le secteur de la santé a besoin de réformes urgentes » a révélé, mardi, le ministre de la santé publique Slaheddine Sellami dans une déclaration à la TAP. Le ministre qui estime que le budget alloué au département ne couvre pas tous les besoins, appelle à des solutions urgentes au problème de financement, mais aussi de gestion des établissements hospitaliers. Il a soulevé l'activité privée complémentaire qui selon lui constitue «une gangrène pour les hôpitaux », évoquant le salaire des médecins et le rôle dévolu aux syndicats de la profession dans ce sens. Le service public de santé a été longtemps marginalisé, a-t-il encore relevé, ajoutant que « les structures publiques sont très mal équipées ». Alors qu'il ne représente que 17pc des lits d'hospitalisation, le secteur privé dispose, à lui seul, de 60 pc des équipements lourds. Si cette situation continue, les dix grands hôpitaux de Tunisie auront des dettes supérieures à leurs budgets, a-t-il mis en garde. * Les médecins refusent de partir dans des régions défavorisées Pour le ministre, il reste beaucoup à faire en matière de consolidation des services de proximité, notamment dans les régions. « Nous avons ouvert 250 postes pour le recrutement de médecins spécialistes mais on n'a eu que 150. Les médecins refusent de partir dans des régions défavorisées », a-t-il expliqué. Le ministre a aussi souligné l'importance de développer le tourisme de santé notamment en accordant des accréditations aux hôpitaux et aux cliniques. Il a suggéré, aussi, le développement des liaisons aériennes, l'investissement dans le secteur et l'ouverture de maisons de retraite médicalisées et de cliniques off-shore. * Nouvelle nomenclature hospitalière à partir de janvier 2012 En cette période de transition, plusieurs objectifs ont été réalisés, parmi lesquels figurent l'élaboration d'une nouvelle nomenclature hospitalière qui entrera en application à partir de janvier 2012 et la finalisation de la réforme des études médicales qui introduira la médecine de famille. En matière d'emploi, 4500 postes ont été fournis entre médecins, pharmaciens, dentistes et Cadres paramédicaux. Le ministre a rappelé que des collèges de spécialité ont été créés dans toutes les facultés à travers le pays pour contrôler la qualité de la formation et identifier les nouveaux besoins en vue d'aider le ministère à prendre les décisions appropriées. Une nouvelle carte sanitaire qui fixe e nombre de médecins par tête d'habitant et le nombre de lits par région a été également élaborée afin d'établir un équilibre entre les régions. Selon Dr Sellami, le service public a travaillé de manière optimale en cette période de transition. La situation épidémiologique n'a pas connu de dérives et ce malgré l'entrée de plus d'un million de réfugiés en Tunisie. Sur l'avenir de la CNAM (Caisse nationale d'assurance maladie), le ministre a souligné que cette structure devrait être rattachée au ministère de la santé et non aux affaires sociales. « Il faudrait une nouvelle vision de gestion pour sauver la caisse d'un déficit certain». Par ailleurs, M. Sellami a qualifié d'unique, le système d'enregistrement des médicaments en Tunisie. Il a affirmé dans ce contexte, que la charte de conflit d'intérêt vient d'être signée à Tunis. Il s'agit de règles déontologiques encadrant les liens d'intérêt existant entre les acteurs publics et les industries de médicament.