TUNIS (Rédaction TAP/Hassène Khiari) - Voilà un an, que le jeune marchand ambulant, originaire de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, s'était immolé par le feu, un 17 décembre, pour protester contre l'injustice et la marginalisation dont souffraient les jeunes des régions de l'intérieur de la Tunisie, sous le régime du président déchu. Cet acte de désespoir, principal déclencheur de la révolution du peuple tunisien, était révélateur de la révolte d'une jeunesse longtemps laissée pour compte, formant la frange sociale la plus éprouvée par le chômage. Un phénomène qui, d'après les derniers indicateurs nationaux, atteint un taux de 19 pc à l'échelle nationale. Les chiffres sont d'autant plus significatifs si l'on se réfère aux indicateurs régionaux avec un taux de chômage se situant autour de 28,6 pc au centre-ouest du pays, 26,9 pc au sud-ouest et 24,8 pc au sud-est, contre 11 pc au centre-est. S'agissant du taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur, ces écarts régionaux se confirment avec 47,4 pc pour le gouvernorat de Gafsa (taux le plus élevé), quasiment le double du taux national (23,3 pc), 40,1 pc à Jendouba, 41 pc à Sidi Bouzid, 39,4 pc à Tataouine et 38,9 pc à Kasserine. Les débats, lancés depuis le déclenchement de la révolution sur cette question, montrent que le chômage élevé et croissant dans certaines régions par rapport à d'autres, est symptomatique d'un développement régional inéquitable et déséquilibré. Les écarts se précisent à travers les disparités en matière d'infrastructure, d'aménagement du territoire, de concentration urbaine et d'analphabétisme. Ce clivage qui sépare la Tunisie de l'intérieur et celle du littoral apparaît, clairement, dans le domaine de l'investissement public et privé et surtout dans les régions de l'intérieur où la densité de la population est la plus faible. Le déséquilibre est, encore, plus perceptible au niveau des investissements privés, cumulés entre 1992 et 2010 (par habitant). Dans les gouvernorats situés sur le littoral, les volumes d'investissements privés les plus élevés sont de l'ordre de 9508 dinars/habitant, contre 2600 à 2750 dinars/habitant dans les régions défavorisées. Il s'agit, principalement, des gouvernorats de Sidi Bouzid, Jendouba, Gafsa et Siliana, où le taux de chômage des jeunes et en particulier les jeunes diplômés du supérieur est des plus élevés. Tous les programmes mis en œuvre par les gouvernements provisoires, en 2011, n'ont pas produit l'effet escompté, au regard d'une conjoncture économique poussive et de la persistance des incertitudes. La prochaine formation d'un gouvernement doit donner un signal fort à une jeunesse qui ne finit pas d'espérer.