VARSOVIE (TAP) - Sur invitation du président de la Commission Européenne José Manuel Barroso, Béji Caïd Essebsi, Premier ministre du Gouvernement de gestion des affaires courantes, a été l'hôte d'honneur de la 6e édition des journées européennes de développement qui se tiennent les 15 et 16 décembre courant à Varsovie sur le thème «Démocratie et Développement». M. Caïd Essebsi a fait, à cette occasion, une intervention sur «la transition démocratique en Tunisie: leçons et défis de la prochaine étape». «Aujourd'hui, une année après le déclenchement de la révolution, rien ne sera plus comme avant. Le peuple tunisien a pris son destin en main et, désormais, il aura son mot à dire », a-t-il indiqué. Loin d'être un fait isolé, ce qui a été amorcé en Tunisie est bel et bien un mouvement de l'histoire vers la démocratie et la liberté, à commencer par le soulèvement populaire pacifique, en passant par la gestion de la période transitoire et culminant par l'organisation réussie des premières élections libres, a-t-il souligné. Ce processus, a dit le Premier ministre, met en brèche la thèse de l'exception arabo-musulmane qui prétendait que «ces gens-là ne peuvent pas être libres du fait de leur culture», et confirme que l'idée démocratique n'est ni orientale ni occidentale, mais elle dépasse les territoires et les frontières. L'expérience tunisienne, considère M. Caïd Essebsi, dispose des ingrédients pour réussir: éducation généralisée, femme émancipée et large classe moyenne. Ces ingrédients, précise-t-il, ne suffisent pas si la Tunisie ne réussit pas à relever les problèmes socio-économiques avec le concours de ses amis et partenaires. Pour réussir la transition démocratique, a-t-il fait noter, le prochain gouvernement aura à faire face à d'énormes défis dont notamment le chômage et le développement des zones intérieures du pays, dans une conjoncture économique nationale et internationale difficile. Il s'est également attelé à rassurer la communauté internationale, gouvernements, institutions, investisseurs et société civile, sur les choix politiques et économiques de la Tunisie et sur son attachement au système international des Droits de l'Homme. Le plan quinquennal de Développement Economique et Social présenté aux partenaires de la Tunisie (G8 à Deauville et UE), rappelle M. Caïd Essebsi, constitue un cadre de référence solide pour accompagner la transition en cours, et préparer la relance espérée. «Le processus qui doit permettre à la Tunisie de renforcer les fondements de l'Etat démocratique et promouvoir parallèlement un développement économique et social inclusif, a-t-il dit, nécessite une solidarité renforcée et agissante des différents acteurs régionaux et internationaux combinée aux efforts nationaux». Le partenariat de Deauville, a-t-il dans ce sens relevé, est une excellente plate-forme de consultation devant consacrer l'engagement de la communauté internationale à doter les pays du printemps arabe du soutien nécessaire pour la réussite du projet démocratique. De même, la réunion de la Task Force conjointe Tunisie-Union Européenne (UE), organisée fin septembre à Tunis, «a permis de mieux identifier les priorités de notre partenariat et les moyens de mieux adapter l'action de l'Union Européenne pour accompagner efficacement la Tunisie dans cette étape importante de son histoire», a-t-il dit. «Le peuple tunisien a besoin aujourd'hui de voir les engagements exprimés en ces différentes occasions se concrétiser le plus tôt possible, dans le cadre de projets tangibles», a-t-il lancé. L'histoire mesurera, a conclu le Premier ministre du Gouvernement de gestion des affaires courantes, l'engagement européen pour le succès des transformations démocratiques dans la rive Sud du Bassin Méditerranéen, «non pas par les montants que l'Europe donnera aux nouvelles démocraties, mais par la solidarité à tous les niveaux qu'elle aura démontrée».