TUNIS (TAP) - Des milliers de citoyens se sont rassemblés, jeudi, devant le siège de l'Union locale du travail, à Redayef, lors d'un meeting populaire, à l'occasion du 4ème anniversaire du soulèvement du bassin minier, en présence de syndicalistes et de représentants de la société civile et de partis politique, dans la région de Gafsa. La révolte du bassin minier fut déclenchée le 5 janvier 2008, à partir de la ville de Redayef, à la suite de l'annonce par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) des résultats du concours de recrutement de nouveaux cadres et agents. Ces résultats étaient marqués par le favoritisme et la corruption, au moment où cette région productrice de phosphate souffrait de conditions de vie difficiles, à cause de la marginalisation et de l'exclusion de la part du pouvoir de Ben Ali. Au cours de ce meeting, les citoyens de Redayef ont appelé le gouvernement provisoire à reconnaître la révolte du bassin minier comme une étape importante dans la révolution tunisienne. Ils ont, en outre, appelé à traduire devant la justice tous les responsables du décès de leurs enfants, selon le journaliste et ancien prisonnier pour avoir couvert les péripéties de ce soulèvement. Les habitants de Redayef ont, d'autre part, demandé des compensations immédiates aux familles des martyrs et aux blessés du soulèvement du bassin minier à l'instar des martyrs et blessés de la révolution du 14 janvier 2011. Ils ont, aussi, réclamé l'instauration d'un modèle de développement pouvant concrétiser les revendications du soulèvement de 2008, notamment celles relatives à la garantie d'un emploi décent et à l'éradication du déséquilibre régional. Les citoyens de Redayef ont appelé, aussi, à l'amélioration de l'infrastructure dans tous les secteurs vitaux et fait part de leur crainte que le bassin minier demeure une zone de production de richesses mais toujours dépourvue du minimum nécessaire pour une vie digne. Le ministre des Affaires sociales, Khalil Zaouia, qui s'est rendu, jeudi, dans la délégation de Redayef, a affirmé, dans une déclaration à l'agence TAP par téléphone, que le gouvernement actuel va oeuvrer pour réhabiliter le soulèvement du bassin minier et rendre hommage à ses martyrs et à ses blessés, tout en considérant que les revendications des habitants de la région sont légitimes. M.Zaouia a émis l'espoir que les jeunes sans emploi lèvent le sit-in observé au siège de la CPG à Redayef qui a totalement paralysé les activités de la compagnie, depuis février 2011. Il a appelé les citoyens de la ville à une trêve de trois mois et à un nouveau dialogue avec le gouvernement qui va oeuvrer, à son tour, pour répondre à leurs revendications et trouver des solutions radicales aux problèmes de l'emploi et de la pauvreté. Pour sa part, Adnane Hajji, syndicaliste et ancien prisonnier politique ayant participé au soulèvement de 2008, a indiqué à l'agence TAP que la rencontre a été fructueuse avec le ministre des Affaires sociales qui a été compréhensif à l'égard des revendications des citoyens de Redayef. Il a indiqué qu'en réponse à l'initiative du ministre des Affaires sociales, il prévoit un retour aux négociations en vue de la levée du sit-in. Le programme des manifestations pour la célébration du 4ème anniversaire du soulèvement du bassin minier de Redayef comprend, notamment, une conférence autour des "volets juridiques dans la position du pouvoir de Ben Ali vis-à-vis du soulèvement du bassin minier" qui se présentera sous forme d'un procès contre l'ancien régime. Il y aura, en outre, une exposition de photos couvrant la période entre le 5 janvier 2008 et le 14 janvier 2011, ainsi qu'un film documentaire sur le soulèvement du bassin minier réalisé par la chaîne satellitaire "Al Hywar Attounoussi" et des jeunes amateurs de tournage vidéo, issus de la délégation. Un spectacle musical de la troupe "Ochak Al Watan" est prévu pour jeudi soir. Le soulèvement du bassin minier était marqué par des marches de protestations pacifiques, des sit-in et des grèves de la faim, durant six mois, dans les villes de Redayef, Oum Larayes, Mdhilla et Metlaoui (Gouvernorat de Gafsa). Les protestataires avaient scandé des slogans appelant à l'emploi et au développement équitable. Le pouvoir du président déchu avait réprimé par le sang ce soulèvement qui avait fait quatre martyrs et 28 blessés. Des dizaines de personnes avaient été arrêtées, lors de cette répression sanglante. Malgré le blocus médiatique national et la présence sécuritaire renforcée dans le bassin minier, les jeunes révoltés avaient pu faire entendre leur voix au monde, ce qui avait mis dans l'embarras le pouvoir de Ben Ali qui avait, toujours, cherché à promouvoir une image de la Tunisie totalement déconnectée de la réalité. En plus du soutien des citoyens et des syndicalistes de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), les jeunes de Redayef avaient bénéficié de l'appui du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) dont des militants avaient été mis en prison. Le PCOT avait aidé à faire connaître leur cause, grâce à son site électronique "Al Badil" et à travers l'organisation de marches et de sit-in en France. Une aide a été apportée, aussi, au soulèvement par le Parti démocrate progressiste (PDP), la chaîne satellitaire "Al Hiwar" et les journaux "Mouwatinoune" du parti Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) et "Attariq Al Jadid" du Mouvement "Ettajdid".