LE BARDO (TAP) - Le débat organisé, lundi, entre les constituants et le chef du gouvernement provisoire a été partagé entre ceux qui accusent le gouvernement d'être incapable de trouver des solutions adéquates aux sit-in qui handicapent le pays et ceux qui le soutiennent affirmant que l'actuel gouvernement n'a pas eu suffisamment de temps pour introduire les réformes nécessaires. La question sécuritaire et le processus de développement ont été les principaux dossiers évoqués par les différents intervenants lors du débat qui s'est poursuivi tard le soir. Pour Ahmed Brahim (PDM) l'actuel gouvernement est un gouvernement de transition. Il a indiqué que les partis et les coalitions n'ont pas de solutions toutes prêtes. Pour sortir de cette impasse, a-t-il dit, le pays a besoin "d'un gouvernement de compétences nationales" qui assume la mise en oeuvre d'un programme consensuel loin de toutes surenchères politiques. De son côté, Sahbi Atig (Ennahdha) a salué le courage du gouvernement de coalition qui a accepté de se présenter devant l'assemblée constituante en si peu de temps. Les tentatives menées par certaines parties pour faire échouer le gouvernement, a-t-il estimé, visent en fait à faire échouer la révolution tunisienne et l'ensemble des révolutions arabes. Il a mis en cause l'instrumentalisation des sit-in dans le but d'envenimer le climat général dans le pays. "Les suppôts de l'ancien régime et les ennemis de la révolution cherchent à entraver le processus de transition démocratique dans le pays", a-t-il dit. De son côté, Mohamed Hamdi (Pétition populaire) a appelé à la mise en place de zones industrielles dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Il a transmis au chef du gouvernement provisoire la colère des habitants de la région mettant en cause les lenteurs dans la mise en oeuvre des projets annoncés par les autorités. Sur un autre plan, Abdelaziz El Kotti (CPR) a demandé des éclairages concernant les mécanismes de financement qui seront adoptés par le gouvernement provisoire ainsi que la démarche dans la gestion des biens et des entreprises appartenant à la famille et aux proches de l'ex-président Ben Ali. De son côté, Faycal Jeblaoui (Indépendant) a mis en cause la lenteur du gouvernement provisoire à intervenir pour mettre fin aux sit-in et faire face aux actes mettant en péril la production. Pour sa part, Mouldi Riahi (Ettakatol) a accusé certaines parties d'être derrière les sit-in et les troubles qui déstabilisent le pays. De son côté, Ahmed Nejib Chebbi (PDP) s'est élevé contre les déclarations de Jebali qui a affirmé que les mouvements de protestation sont fomentés par "les perdants des élections et les forces rétrogrades" appelant à en dévoiler l'identité afin de les poursuivre en justice. Il a affirmé que les surenchères et les calculs politiques étroits qui ont marqué le paysage national ces derniers mois, ont été à l'origine d'un climat de tension. Il a mis en garde contre la détérioration de la situation économique et sociale dans le pays, particulièrement parmi les franges sociales démunies, appelant à l'adoption de solutions d'urgence en faveur des régions défavorisées. Plusieurs constituants ont aussi demandé des éclairages concernant le dossier des martyrs et des blessés de la révolution. D'autres intervenants se sont intéressés à la Banque centrale de Tunisie et à la question du recouvrement des biens spoliés. Des appels ont été aussi lancés en vue d'accélérer la création d'une infrastructure développée dans les régions intérieures. L'assemblée constituante reprendra ses travaux mardi à 9h. A l'ordre du jour la poursuite des interventions des constituants ainsi que l'audition du chef du gouvernement provisoire.