TUNIS (TAP) - Une consultation nationale pour prévenir et éradiquer la torture et les mauvais traitements aura lieu les 9 et 10 février courant à Tunis. Organisée à l'initiative de la Mission de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) en Tunisie, cette réunion regroupe des experts et des représentants gouvernementaux et non-gouvernementaux. Selon l'organisation, la réunion offrira l'occasion de "discuter des réformes nécessaires pour mettre en oeuvre la Convention contre la torture et son Protocole facultatif, garantir son application effective et promouvoir le principe de responsabilité". La Tunisie avait approuvé il y a un peu plus d'un an (3 février 2011) l'adhésion au protocole facultatif relatif à la lutte contre la torture et autres peines ou traitements cruels, adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 18 décembre 2002. En adhérant à ce Protocole, la Tunisie s'engage à mettre en place un mécanisme national de prévention qui permet aux instances nationales et internationales indépendantes de visiter régulièrement les lieux de privation de liberté afin de lutter contre la torture. La réunion tend également à "développer une stratégie et une feuille de route pour prévenir et interdire la torture et étudier les moyens de recours et de réhabilitation des victimes de la torture et des mauvais traitements". La lutte contre la torture et la mise en place d'un système efficace de prévention de la torture et des mauvais traitements constituent, à cet égard, des questions fondamentales pour la réussite de la transition démocratique. M. Samir Dilou, ministre des Droits de l'homme et de la Justice transitionnelle, avait relevé, lundi, en présentant le programme d'action de son ministère, que les atteintes aux droits humains continuent malgré le changement du paysage politique. Après la révolution, a-t-il indiqué, la situation sécuritaire a eu des conséquences sur le dossier des droits humains, notant que les mentalités n'ont pas changé, ce qui commande de revoir les méthodes de formation et d'intervention des parties concernées en coordination avec le ministère de l'Intérieur et la direction pénitentiaire. Un livre blanc sur la réforme du système sécuritaire avait été élaboré par le ministère de l'Intérieur en novembre 2011. Dans la note de présentation du contexte de la consultation nationale, l'OMCT écrit en substance "il faut prendre en considération le fait que les pratiques de torture et d'autres formes de mauvais traitements interdits sont profondément ancrées dans la culture institutionnelle du corps de la sécurité tunisienne". L'Organisation souligne, à cet égard, l'impératif de "renforcer la confiance dans la primauté du droit". "Ce sera la tâche de l'Assemblée constituante de veiller à la protection contre la torture et les mauvais traitements à travers la nouvelle Constitution, en créant des garanties en ce sens, ainsi qu'un cadre juridique et institutionnel qui peut protéger efficacement contre la torture", avance l'OMCT. Les principales recommandations issues de la "Consultation nationale pour prévenir et éradiquer la torture et les mauvais traitements" dont les travaux ne sont pas ouverts au grand public, seront données lors d'une conférence de presse qui se tiendra vendredi 10 février à Tunis. La cérémonie d'ouverture de cette réunion aura lieu mercredi 8 février à 17H30 à la Maison de la Culture Ibn Rachiq, en présence notamment du vice-président de l'OMCT Dick Marty.