TUNIS (TAP) - "L'information publique : Réalités et possibilités de réforme" est le thème du colloque national qui a démarré, lundi à Tunis, en présence de plusieurs journalistes et professionnels tunisiens et étrangers, outre des responsables d'entreprises publiques de presse. Ce colloque organisé par l'Institut arabe des droits de l'homme et l'Instance nationale pour la réforme de l'Information et de la communication (INRIC) en vue de mieux cerner la notion de l'information publique et de lui conférer un nouveau cadre juridique et institutionnel, outre la présentation de propositions à même de contribuer à l'émergence d'un secteur audiovisuel libre, indépendant, pluraliste et respectant les normes professionnelles. Lors de la séance d'ouverture, présidée par la journaliste Kalthoum Saâfi, le ministre des droits de l'homme et de la justice transistionnelle Samir Dilou a mis l'accent sur la nécessité de mettre au point une nouvelle conception de l'information publique en Tunisie, en définissant ses normes, ses sources de financement et "les limites à sa liberté", et ce, d'une manière consensuelle entre le gouvernement, les gens du métier et les composantes de la société civile, compte tenu du fait que la pratique démocratique est récente dans notre pays. S'agissant de la réforme de l'information et de la communication, le membre du gouvernement provisoire a indiqué que cette démarche doit s'effectuer dans un cadre participatif et "non conflictuel" car la chose médiatique revêt un caractère national, impliquant les journalistes, le citoyen et le pouvoir. M. Dilou a recommandé de tenir un débat national global, avec la participation des professionnels du secteur audiovisuel et des représentants de la société civile et du gouvernement, pour se mettre d'accord sur les points devant permettre de hisser le service de l'information publique au niveau d'une institution qui consacre une presse libre et crédible, au service du citoyen tunisien. De son côté, le journaliste Néji Bghouri, membre de l'INRIC et ancien président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), a souligné que le concept de "service public" demeure flou pour le journaliste, le citoyen et le gouvernement, prônant de suivre l'exemple d'un certain nombre d'expériences démocratiques dans ce domaine. Il a expliqué que l'indépendance du service public nécessite le respect des normes internationales dont l'indépendance de la ligne éditoriale et le refus des interventions politiques ou commerciales qui peuvent nuire à la neutralité de l'entreprise de presse, outre un climat politique favorisant la promotion du service public. L'intervention de Mme Atidel Mejbri du Centre de la femme arabe (Cawtar) a été axée sur la nécessité de mettre au point un code déontologique, définissant le concept de l'information publique et expliquant les rapports entre l'information publique, le gouvernement et la partie syndicale. Elle a également évoqué "les points positifs" de la presse après la révolution dont la réconciliation du citoyen avec les chaînes publiques. Au terme de la séance du matin, le journaliste Khemais Arfaoui a mis en exergue les mutations positives enregistrées par le secteur de l'information après la révolution malgré les divergences politiques, faisant remarquer que la mise en place d'une presse publique libre et crédible relève de la responsabilité de toutes les parties. L'ordre du jour du colloque qui se poursuit durant deux jours comporte plusieurs axes dont "les problématiques de l'indépendance de l'information publique" et "le rôle des structures professionnelles dans la neutralité du journaliste et l'indépendance du secteur". Un intérêt particulier sera accordé aux expériences étrangères dans ce domaine, notamment les expériences tchèque, sud-africaine, polonaise et allemande lors de la clôture du colloque mardi.