TUNIS, 1er mai 2010 (TAP) - L'aspect futuriste et révolutionnaire des nanotechnologies pose, de nos jours, des interrogations sur les bouleversements que subiront les moyens de production dans tous les domaines et par conséquent une réflexion sur les retombées éthiques liées à ce concept. Il est impossible de donner une définition satisfaisante à la nanotechnologie, a expliqué M. Xavier Guchet, maître de conférences en philosophie à l'université Paris I, Panthéon Sorbonne, lors d'une conférence intitulée « nanotechnologie, entre promesses et sciences », organisée, vendredi après-midi, à la Cité des sciences à Tunis, en partenariat avec l'institut français de coopération (IFC). Parlant de la genèse des nanotechnologies, il a indiqué qu'elles sont apparues aux Etats Unis d'Amérique avec pour objectifs des programmes fictions pour redynamiser l'industrie à se reconvertir après la guerre froide. L'ultime objectif étant de «susciter un enthousiasme en berne envers les technologies» Depuis 1998, la nanotechnologie est identifiée comme étant un secteur technologique de première importance à l'échelle mondiale. Ainsi, les Etats-Unis ont lancé des programmes de financement de recherche dédiés à la nanotechnologie. Cette vision américaine a contribué à l'installation d'un débat politique et social portant sur le futur et non sur l'état actuel de la recherche, a ajouté le conférencier. Selon lui, la nano ne désigne pas un domaine bien précis mais l'évolution potentielle pour chaque domaine ; la physique, la chimie et bien d'autres disciplines ont chacune dans leur histoire, un rapport différent dans leur échelle nano technologique. Les recherches dressent plusieurs scénarios possibles sur le futur des applications de la nano. Cette vision de fiction alimente les débats en la matière. Ce qui caractérise les nano c'est de « mêler sciences et fiction ». M.Xavier a rappellé que l'Europe a établi ses programmes de recherche nano technologique sur la base d'un discours de solidarité, contrairement au discours américain visant la performance. La vraie révolution des nanotechnologies, c'est de «pousser nos sociétés à se penser à travers elles » a-t-il ajouté, en insistant sur le fait qu'il y a une ambivalence dans nos sociétés à l'égard des nanotechnologies et à l'égard de l'éthique. Mais, quel est le risque majeur aujourd'hui ? s'est-il interrogé. Le risque, c'est de ne pas être dans la course. Déjà les asiatiques se sont lancés, sans trop attendre, sur la piste qui mène au «nanomonde». L'Afrique tente, elle aussi, d'accéder à la course vers un monde post-industrialisé.