TUNIS, 5 nov 2010 (TAP) - Le temps est venu pour les pays africains de compter davantage sur leurs propres moyens et moins sur l'aide internationale pour assurer leur développement, tel est le constat dégagé par les délégués africains des gouvernements, des parlements, de la société civile et des organisations internationales, réunis, à Tunis, les 4 et 5 novembre, à l'occasion d'une conférence internationale sur l'aide au développement. Il s'agit de la deuxième réunion régionale sur l'efficacité de l'aide au développement, organisée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), l'Union africaine (UA) et le NEPAD (Nouveau Partenariat Pour le Développement de l'Afrique). Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des préparatifs du quatrième Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide (HLF-4), qui se tiendra à Busan, en Corée du Sud, en novembre 2011. Ouvrant les travaux de la conférence, M. Donald Kaberuka, président de la BAD, a souligné que l'Afrique ne doit pas être dépendante de l'aide et devrait mieux mobiliser ses propres ressources. "Les pays africains devraient miser davantage sur le développement du secteur privé pour faire croître le commerce, attirer les investissements étrangers et financer leur développement à partir de leurs ressources internes", a-t-il déclaré. "Cependant, pour accroître la mobilisation des ressources et élargir leurs assiettes fiscales, les Etats africains doivent convaincre leurs citoyens que leurs impôts seront bel et bien utilisés pour le bien public", a ajouté le président de la BAD. M. Ibrahim Assane Mayaki, Président-directeur général de l'Agence de planification et de coordination du NEPAD, a indiqué, pour sa part, que le renforcement des capacités permet une meilleure utilisation de l'aide et est crucial pour consolider l'appropriation par le continent africain de son agenda de développement. M. Emmanuel Akwetey, directeur exécutif de l'Institute of Domestic Governance (Institut pour la Gouvernance Démocratique), a insisté, lui aussi, sur l'importance de l'imposition pour le développement du continent africain. "Si on veut être moins dépendants des donateurs, alors on doit payer plus d'impôts", a-t-il dit. Le responsable a souligné, par ailleurs, le besoin d'une plus grande transparence pour construire la confiance entre les gouvernements et les citoyens. M. Dalmas Otieno, ministre kenyan responsable des Services publics, a plaidé, pour sa part, pour l'engagement d'investissements significatifs en vue d'améliorer la qualité des administrations publiques. De son côté, Mme Cristina Duarte, ministre des Finances du Cape Vert, a rappelé l'importance de solutions nationales de développement, misant sur la réforme de l'Etat et le concours des citoyens. "Le développement ne peut être accompli par des acteurs externes", a-t-elle souligné, passant en revue l'expérience du Cap Vert et son processus engagé pour devenir moins dépendant de l'aide internationale. M. Nkosana Moyo, vice-président à la BAD, a fait état de la conviction de l'institution africaine que "les solutions qui conviennent le mieux pour faire face aux défis de développement de l'Afrique sont celles venant du continent lui-même". "C'est là, une vision de l'Afrique dans laquelle elle maîtrise pleinement sa destinée, l'aide ne jouant qu'un rôle de soutien", a-t-il estimé.