TUNIS, 29 août 2009 (Par Yamina Touati - TAP) - Lutter contre le sida c'est avant tout lutter contre la stigmatisation et la discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH. Aujourd'hui, de grands efforts sont déployés au niveau mondial pour changer les mentalités et promouvoir la tolérance envers les personnes atteintes. Il s'agit là d'un impératif dont dépend la réussite de tous les programmes nationaux de lutte contre le Sida. Parmi les mesures prises pour que le Sida cesse d'être pris pour un objet de stigmatisation, l'élaboration, par le programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA), d'un guide de terminologie et sa mise à la disposition des partenaires de la riposte au virus, dont notamment, les journalistes. Un glossaire recensant les termes pouvant prêter à confusion ou porter atteinte aux individus. Un langage irréfléchi nourrit la peur, l'intolérance et le rejet liés à l'épidémie et entrave les efforts de prévention. La stigmatisation constitue, de fait, un obstacle qui bloque l'accès à la prévention, au traitement et aux soins et les personnes vivant avec le Virus peuvent avoir comme réaction de ne pas se déclarer par peur d'être condamnés ou rejetés. Le guide recommande d'éviter l'emploi des termes "sidaïque", "sidéen", "souffrant du sida" ou "victime du Sida" pour désigner une personne vivant avec le VIH. Car on estime que ces termes suggèrent une forme d'impuissance et d'absence de tout contrôle de la personne vivant avec le virus, alors qu'aujourd'hui partout dans le monde, l'on assiste à une participation, de plus en plus active des personnes atteintes, à la conception de programmes et à la prise de décisions qui les concernent. Le principe a été officialisé en 1994 au Sommet de Paris sur le SIDA durant lequel les participants ont convenu de soutenir une plus grande participation des personnes vivant avec le VIH à tous les niveaux et à stimuler la création d'un environnement politique, juridique et social idoine. Autres termes à éviter aussi, les propos moralisateurs qui suggèrent que la personne atteinte mérite son sort. L'utilisation irréfléchie des termes consacrent l'opprobre et la discrimination. Lors d'une réunion de plaidoyer, tenue récemment à Tunis et consacrée justement à la question de stigmatisation, le président de l'Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le Sida, (ATL MST SIDA) a traité de tolérance, qui a-t-il noté, dépasse largement le phénomène du Sida pour toucher à tous les aspects de la vie "la stigmatisation entrave le développement sanitaire, voire le développement tout court." La rencontre a insisté sur le rôle clé que peuvent jouer les médias, en tant que partenaires fondamentaux de la riposte au virus, dans le changement des comportements. La solidarité s'avère indispensable dans la lutte contre le Sida, comme dans bien d'autres domaines. En Tunisie comme dans le monde, la solidarité avec les personnes atteintes est fondamentale. Elle signifie lutter contre l'indifférence, l'exclusion, la discrimination et l'opprobre, une lutte qui doit faire partie de l'engagement de tout un chacun.