TUNIS, 16 fév 2011 (TAP) - Les souffrances endurées, notamment par les habitants de Thala, Regueb, Sidi Bouzid et Kasserine dans les jours qui ont suivi la révolution populaire du 14 janvier 2011 et les violations flagrantes de leur intégrité physique et morale (viol, harcèlement sexuel, grossièretés, agressions barbares…) ont été au centre d'une rencontre avec la presse, organisée, mercredi à Tunis, à l'initiative de la commission d'enquête créée par l'Association tunisienne des femmes démocrates. Des mères venues de Thala et qui ont perdu leurs fils au cours événements sanglants survenus dans la région, ont décrit les différentes formes de torture et de violence subies par les jeunes de la ville pour avoir tout simplement revendiqué leur droit à la dignité et à la liberté. Elles ont parlé de viols dont les femmes ont été victimes, de la destruction des commodités publiques, du pillage des biens publics et privés et de la provocation des citoyens par les hauts parleurs. Même les cortèges funèbres n'ont pas échappé au cynisme des agents de la sécurité, ont-elles affirmé. Les mamans des martyrs Marwen Jomli (19 ans), Ahmed Yassine Ratibi (17 ans) et Ghassen Jelliti (19 ans) ont appelé à poursuivre les coupables et à les traduire en justice et à leur tête l'ancien couple présidentiel et ses collaborateurs. Elles ont refusé l'indemnisation et la présence, dans leurs régions, des forces de la sécurité tant que les criminels n'ont pas été jugés. Elles ont aussi témoigné de l'incident survenu dans un bain maure et comment des femmes et des enfants étaient terrorisés après le lancement de bombes lacrymogènes. Cet incident a coûté la vie à un bébé, ont-elles affirmé. Wahiba Akremi, originaire de Regueb (gouvernorat de Sidi Bouzid) a parlé de la marche pacifique, violemment réprimée par les agents de l'ordre, et qui avait fait plusieurs martyrs dont une femme. Beaucoup de responsables dans la région appartenant à l'ancien parti au pouvoir sont corrompus, ont-elle affirmé. La rencontre a été marquée par la projection d'un film documentaire réalisé par la commission d'enquête au cours de la visite de terrain qu'elle avait effectuée dans ces régions les 27, 28 et 29 janvier 2011. Le film comporte les témoignages des habitants sur les événements qu'ils ont vécus et sur les pratiques criminelles et immorales commises à leur encontre par les agents de l'ordre. Les membres de la commission ont souligné que des visites similaires seront effectuées dans toutes les régions endommagées et qu'un rapport sera présenté à la commission d'enquête créée par le gouvernement provisoire ainsi qu'aux organisations internationales actives dans le domaine des droits de l'homme. Elles ont qualifié les actes commis par le président déchu au cours de la révolution populaire de crimes contre l'humanité en vertu de l'article 7 de la convention de Rome donnant naissance à la Cour pénale internationale. La commission veillera à assurer l'accompagnement juridique et l'assistance psychologique aux femmes, victimes de ces événements. Le centre d'écoute et d'orientation de l'Association des femmes démocrates sera mis à leur disposition, dans la discrétion absolue, conformément à leur volonté. Les membres de cette association ont reproché aux médias nationaux la méthode empruntée dans la couverture des différents faits de l'actualité nationale, une méthode qui ne reflète pas l'ampleur de la tragédie vécue par les familles des martyrs. cette couverture a porté atteinte aux nobles objectifs de la révolution.