TUNIS, 9 mars 2011 (Par Mériem Khadraoui)-Soutien financier aux familles nécessiteuses, recrutement des jeunes des régions défavorisées et promotion des micro-entreprises, sont les principales mesures d'urgence préconisées par M. Mohamed Damak, universitaire et économiste tunisien, pour aider l'économie nationale à retrouver, à court terme, le chemin de la stabilité socio-économique. Aujourd'hui, l'économie nationale, déstabilisée par la révolution du 14 janvier, est confrontée à des défis majeurs dont le plus ardu à relever demeure l'emploi, notamment, dans les régions intérieures. Interviewé par l'Agence TAP sur les choix à faire pour aider le pays à relever ces défis, M.Damak évoque la révision du modèle économique tunisien à long terme. En priorité, il faudrait, a-t-il affirmé, soutenir, financièrement, les familles nécessiteuses, notamment, dans les régions défavorisées, recruter les jeunes dans les régions où le taux de chômage est élevé et titulariser les employés qui ont travaillé pendant de longues périodes dans les entreprises publiques et privées. L'emploi, un défi majeur «En Tunisie, il y a des régions ou le taux de chômage a atteint 42%, c'est une catastrophe ! », s'est indigné M. Damak. Avec un taux de chômage réel estimé à 20%, la Tunisie est appelée à créer au moins 500 000 emplois durant le prochain quinquennat (chiffres du gouvernement Ghannouchi). A la question comment peut-on créer autant d'emplois, notamment, dans la conjoncture actuelle ?, l'universitaire n'a cédé pas au pessimisme. « Les idées ne manquent pas », c'est la volonté politique qui doit accompagner la création de projets et d'entreprises, a-t-il dit. La formule la plus adaptée, serait, selon M. Damak, de créer des TPE (très petites entreprises), des micro-projets et des PME (petites et moyennes entreprises). Ces entreprises, en particulier, les TPE, se sont avérées, selon M. Damak, plus solides que les multinationales, aptes à résister aux chocs exogènes. Selon des études internationales, les entreprises de petite taille, fortes de leurs souplesse de gestion et leur adaptabilité aux demandes du marché, ont fait mieux que les grandes unités face à la crise économique et financière qui a bouleversé le monde, ces dernières années. M. Damak a, également, estimé qu'il est impératif, aujourd'hui, de mieux accompagner les secteurs du tourisme et des exportations, principaux piliers de l'économie nationale, précisant que les stratégies de promotion doivent être novatrices et s'inscrire dans la durée. L'économiste qui est, également, président de l'Université privée "Time" des technologies de l'information et de management de l'entreprise, a avancé que « si la reprise des activités économiques se fait très vite, le pays sera en mesure de maintenir un taux de croissance de 3% à 4% malgré les pertes, moyennant une reprise rapide des investissements directs étrangers". Repenser le modèle économique tunisien A long terme, l'économiste a plaidé pour la révision du modèle économique tunisien. « Ce modèle, basé sur le gain facile, le faible coût de la main d'œuvre et la sous-traitance, a besoin, aujourd'hui, d'être repensé en vue de permettre à l'économie nationale de rebondir sur des bases solides et mieux résister aux crises de tout genre », a-t-il expliqué. M. Damak a préconisé une économie à la fois « ouverte et autonome », relevant que cette économie, basée en grande partie, sur le tourisme et les exportations, gagnerait à être diversifiée et à investir dans la veille stratégique et technologique et dans « l'intelligence économique». Cette dernière permettra de traiter, en profondeur, l'information économique et aidera à la prise de décision, a-t-il précisé. La veille stratégique et technologique favorisera, quant à elle, la préservation des grands équilibres macro et micro-économiques, tout en conférant aux entreprises tunisiennes et au tissu économique national une flexibilité et une capacité instantanée à réagir avec l'efficience requise. L'universitaire a appelé, à cet effet, au renforcement de l'investissement national dans le secteur privé et dans des créneaux phares (composants automobiles, industries électriques et électroniques, hight tech, agroalimentaire). L'économiste a, enfin, recommandé la diversification des partenaires de la Tunisie, appelant à s'orienter davantage vers les pays de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud-Est, l'objectif étant de donner au pays des alternatives en cas de tendance baissière ou de comportement négatif sur les marchés à l'exportation.