PARIS, 19 mars 2011 (TAP) - La réunion qui réunit samedi à Paris l'Union européenne, la Ligue arabe et l'Union africaine s'annonce décisive avant une intervention militaire en Libye contre les forces du dirigeant Mouammar Kadhafi. Dans la nuit de vendredi à samedi, l'ambassadeur de France aux Nations unies, Gérard Araud, a dit s'attendre à une intervention militaire dans les heures qui suivront le sommet. "Demain, il y aura un sommet à Paris avec tous les principaux participants aux opérations et aux efforts diplomatiques. Je pense que ce sera le bon moment d'envoyer un dernier signal", a-t-il déclaré à la BBC. "Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, nous avons également lancé un ultimatum sur le cessez-le-feu et nous avons posé des conditions. Donc j'imagine qu'après le sommet, je pense que dans les heures qui suivront, nous lancerons une intervention militaire", a-t-il ajouté. Cette intervention consisterait notamment à clouer au sol l'aviation libyenne, détruire ses systèmes de défense anti-aérienne, couper les communications des forces de Kadhafi et entraver leurs déplacements, dit-on de sources diplomatiques. Des avions de combat français et/ou britanniques pourraient même survoler la Libye dès samedi matin afin d'envoyer un signal politique à Kadhafi, selon une source diplomatique française. Selon une source militaire, le porte-avions français Charles-de-Gaulle, actuellement en phase de montée en puissance, pourrait également quitter dimanche soir sa base de Toulon (Var) en direction de la Libye, à moins de deux jours de mer de là. La France, les Etats-Unis et le Royaume Uni, ainsi que des pays arabes, ont adressé vendredi soir un ultimatum à Mouammar Kadhafi lui demandant de mettre fin immédiatement à ses attaques contre des civils libyens, sous peine de représailles militaires. Barack Obama a sommé Kadhafi de respecter les exigences des Nations unies concernant un cessez-le-feu, sous peine d'actions militaires. "Si Kadhafi ne se conforme pas à la résolution, des opérations militaires seront lancées", a-t-il déclaré, estimant que "toutes les attaques visant tous les civils (devaient) stopper". Face à cette brusque accélération diplomatique après des semaines de divisions et d'atermoiement, Mouammar Kadhafi a lancé une mise en garde, estimant que la résolution de l'Onu, adoptée jeudi soir et exigeant un cessez-le-feu immédiat, était injustifiée et constituait un "colonialisme flagrant". "Il s'agit d'un colonialisme flagrant. (Cette résolution) est injustifiée. Il y aura des conséquences importantes en Méditerranée et en Europe", a-t-il déclaré, selon la chaîne de télévision ''Al Djazira''. La France s'est dite prête vendredi à agir militairement. La Grande-Bretagne va pour sa part déployer des moyens aériens en vue d'une intervention. L'Italie a proposé que Naples serve de centre de coordination. Quant au Canada, au Danemark et à la Norvège, ils envisagent de fournir des avions. Les Emirats arabes unis et le Qatar ont informé la France et la Grande Bretagne qu'ils participeraient aux opérations. Au lendemain du vote à New York, Tripoli a annoncé un cessez-le-feu et a demandé à la Chine, l'Allemagne, Malte et la Turquie, d'envoyer des observateurs pour constater son application. L'Allemagne a aussitôt rejeté cette invitation estimant que seules les Nations unies étaient habilitées à le faire. Malgré l'annonce en milieu de journée, par Tripoli d'un cessez-le-feu unilatéral, les forces loyales à Kadhafi continuaient de marcher sur Benghazi, fief de l'insurrection dans l'est de la Libye, vendredi soir, selon un membre du Conseil national de sécurité américain. La présence de forces gouvernementales aux abords de Benghazi ne viole pas les termes du cessez-le-feu et l'armée n'entend pas attaquer la place forte des insurgés, a assuré le vice-ministre libyen des Affaires étrangères. "Le cessez-le-feu veut dire aucune opération militaire, petite ou grande. L'autre point est que des forces armées sont maintenant devant Benghazi et n'ont pas l'intention d'entrer dans la ville", a déclaré Khaled Kaim.