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Revirement radical et suspect du régime libyen
Après la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force
Publié dans Le Temps le 19 - 03 - 2011

Le Temps-Agences - Le régime libyen a annoncé un cessez-le-feu vendredi, alors que la communauté internationale préparait des frappes aériennes contre la Libye après l'adoption par l'ONU dans la nuit d'une résolution ouvrant la voie à un recours à la force.
Le commandant des rebelles libyens, Khalifa Heftir, a estimé qu'il s'agissait d'un coup de "bluff" du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. "Le monde entier sait que Mouammar Kadhafi est un menteur.
Lui, ses fils et sa famille, et tous ceux qui sont avec lui sont des menteurs", a-t-il insisté.
La Libye "a décidé d'observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires", a déclaré hier le ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa.
La communauté internationale a réagi avec circonspection à l'annonce de M. Koussa. Elle "ne va pas se laisser tromper" par le régime libyen "et va vérifier par tous les moyens le degré de respect" de la résolution de l'ONU, a affirmé le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.
L'Union européenne est en train "d'examiner" les détails de l'annonce du régime libyen, a déclaré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en soulignant qu'il fallait s'interroger sur sa "signification".
Avant l'annonce du cessez-le-feu, le porte-parole du gouvernement français avait annoncé que les frappes militaires n'étaient plus qu'une question d'heures.
L'agence européenne de contrôle aérien (Eurocontrol) a interdit les vols civils vers la Libye.
Jeudi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection réprimée dans le sang.
La résolution autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne. Elle permet aussi une zone d'exclusion aérienne mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire.
La Chine, qui comme la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde s'est abstenue lors du vote jeudi, s'est dite "opposée à l'usage de la force militaire dans les relations internationales".
Berlin a mis en garde contre des "risques et des dangers considérables" en cas d'intervention et Moscou a exclu toute participation.
Sur le terrain, où les forces loyales au colonel Kadhafi ont reconquis ces derniers jours de larges pans de territoire à coups de bombardements aériens et terrestres, les combats se sont poursuivis au moins hier matin, dans l'Est comme dans l'Ouest.
Dans l'Ouest, les forces loyalistes ont pilonné Misrata (200 km à l'est de Tripoli), selon un porte-parole des insurgés. Dans l'Est, des combats ont eu lieu aux alentours d'Ajdabiya.
Le cessez-le-feu a fait repartir à la baisse les prix du pétrole. Vers 13H10 GMT, le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril s'échangeait à 101,19 dollars à New-York, en baisse de 23 cents par rapport à la veille alors qu'à Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord cédait 78 cents à 114,12 dollars.

A quoi joue Kadhafi?
Contre toute attente, les autorités libyennes ont décrété un cessez-le-feu et un arrêt immédiat de toutes les opérations militaires pour «protéger» les populations civiles et se conformer à la résolution 1973 adoptée jeudi soir par le Conseil de sécurité des Nations unies. Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), analyse ce revirement de situation.
La France estime que Mouammar Kadhafi a eu peur, est-ce possible?
Qu'il ait eu très peur, c'est sûr, parce que c'est un revirement radical. Mouammar Kadhafi n'attendait peut-être pas le vote de la résolution de l'ONU, qui est fondamentale, et il s'est rendu compte qu'il risquait d'être perdant en cas d'attaque occidentale. Désormais, les rapports de force ont changé, du point de vue militaire, mais aussi psychologique pour la population libyenne.
Quelle stratégie Mouammar Kadhafi adopte-t-il vraiment?
Si l'on regarde son passé, il a toujours été complètement imprévisible. Cette décision peut lui permettre de gagner du temps et d'éviter l'intervention occidentale. Il peut se mettre dans une position similaire à celle de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire et ménager les pays les moins va-t-en guerre avec ce qu'il lui reste de pouvoir de rétorsion (lutte contre Al-Qaïda, révélations sur la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007…). Cependant, cela reste une déclaration étonnante, prononcée par son ministre des Affaires étrangères, qui parle peut-être en son nom propre. Il peut y avoir une distance entre les deux hommes. Ou alors c'est un coup de bluff.
Ce cessez-le-feu va-t-il empêcher les forces occidentales d'intervenir?
Non, nous sommes dans l'incertitude, mais il faudra des actes, pas seulement des paroles. Cela passe par exemple par des signes de retrait immédiat, comme celui de toutes les zones occupées par les forces de Mouammar Kadhafi, reprises aux insurgés. Autrement, les forces aériennes occidentales interviendront comme prévu et ce sera la victoire assurée pour elles. Ensuite, elles pourront conquérir le terrain en armant la population par exemple.
Propos recueillis pour 20 minutes par Corentin Chauvel

Les scénarios d'une intervention militaire
Du simple brouillage des systèmes radars libyens au bombardement du bunker de Kadhafi, différents degrés sont envisageables.
La France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et leurs alliés arabes devront choisir entre plusieurs scénarios pour leur opération militaire décidée contre la Libye, après le vote de la résolution à l'ONU. Brandie par les diplomates, la «zone d'exclusion aérienne» semblait davantage destinée à éviter un veto russe ou chinois, en dissimulant, sous un vocable acceptable par tous, la réalité d'une intervention militaire.
En Bosnie, où elle fut imposée au début des années 1990 pour empêcher les Serbes de bombarder les populations civiles, elle n'a pas empêché le massacre de Srebrenica. En Irak, elle fut maintenue pendant douze ans sans infléchir d'un pouce la politique de Saddam Hussein. De toute façon, le temps d'imposer une «no fly zone» au-dessus de la Libye, les troupes de Kadhafi auront probablement déjà repris le contrôle des dernières zones rebelles.
Plus sérieusement, et parce que le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU promet de protéger les civils «par tous les moyens», les alliés pourraient décider de lancer, dans les heures suivant ce vote, des frappes ciblées contre des intérêts stratégiques libyens. Des raids visant à détruire la défense antiaérienne de la Libye, les centres de commandement et les aéroports, afin de clouer les avions au sol.
La route de Rommel
Parallèlement, une guerre électronique pourrait être déclenchée pour neutraliser les systèmes radars libyens. Dans cette configuration, la France pourrait participer en faisant décoller ses chasseurs de la base aérienne de Solenzara, en Corse. Mais également en envoyant des avions radars Awacs. Une telle action militaire constituerait un signal fort, dont certains espèrent qu'il pourrait avoir un effet psychologique et provoquer une débandade dans l'entourage du Guide libyen. Mais rien n'est moins sûr.
Si le but de l'intervention est de faire tomber le régime, comme le suggèrent certains diplomates, les alliés pourraient également décider de s'attaquer aux chars et à l'infanterie libyenne en frappant dans le désert, le long de la route jadis empruntée par la 8e armée britannique et par le général allemand Rommel. «Un acte particulièrement intense, politiquement et militairement», prévient un officier général. Et qui risque en outre de ne pas suffire.
S'il s'attend à des frappes aériennes, le colonel Kadhafi ne manquera pas de disperser ses forces au sol, comme le fit Saddam Hussein en mars 2003. Il sera difficile alors d'éviter des dégâts collatéraux sur les populations. Comme le rappelle un officier général, «on ne gagne jamais une guerre uniquement avec l'aviation. Pour détruire une armée de terre, il faut aller au carton.» Or, le projet de résolution exclut «une force d'occupation terrestre».
Bien qu'affaibli, le colonel Kadhafi pourrait encore compter sur la fidélité de 10.000 à 12.000 soldats. Sans oublier des mercenaires africains, des missiles sol-air, de nombreux tanks et pièces d'artillerie.
Dernière option, attaquer directement le centre de gravité du régime, Kadhafi lui-même, en bombardant son bunker ou les abris dans lesquels il est susceptible de se cacher. En 1986, les frappes aériennes lancées par Ronald Reagan contre sa résidence l'avaient manqué de peu. Depuis, les moyens de détection, notamment satellitaires, mais aussi de frappe, se sont beaucoup modernisés, rendant théoriquement une telle opération faisable. Mais, en 2003, les premiers bombardements aériens de l'armée américaine lancés contre Bagdad avaient eu pour but de liquider Saddam Hussein. Ce fut un échec.
Isabelle Lasserre (Le Figaro)

L'ONU et les ONG s'attendent à un exode de Libyens
Le Temps-Agences - Les pays voisins de la Libye ont été invités hier à maintenir leurs frontières ouvertes face au flot de réfugiés que pourrait engendrer une intensification du conflit dans ce pays.
Depuis le début de l'insurrection, il y a un mois, quelque 300.000 personnes, essentiellement des travailleurs immigrés, ont fui la Libye, surtout vers l'Egypte et la Tunisie.
De plus en plus de personnes fuient aussi vers l'Algérie et le Niger. Un convoi de 70 camions transportant des immigrés africains a ainsi été signalé sur une route menant vers la frontière nigérienne, selon les organisations d'aide.
Depuis plusieurs jours, c'est au tour des Libyens eux-mêmes de chercher refuge en Egypte face à l'avancée des forces de Mouammar Kadhafi vers l'Est.
Au début de la crise, l'Onu prévoyait jusqu'à 400.000 réfugiés mais Andrew Harper a souligné, sans plus de précisions, qu'il s'agissait de l'estimation destinée au grand public.
Fernando Calado, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), insiste sur l'incertitude de la communauté internationale face à l'évolution de la situation.
"Avec la création d'une zone d'exclusion aérienne, nous ne savons pas exactement quelles seront les conséquences en termes de flux migratoires", dit-il.

Sommet d'urgence, aujourd'hui, à Paris
Le Temps-Agences - Les frappes militaires interviendront «dans quelques heures» et les Français y «participeront», a annoncé hier matin le porte-parole du gouvernement François Baroin.
«Ce sera l'honneur du Conseil de sécurité d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l'oppression», a déclaré Alain Juppé à New York.
Pour évoquer la mise en œuvre de cette résolution, le premier ministre François Fillon a reçu, hier, les principaux responsables parlementaires, en présence des ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et de la Défense Gérard Longuet. En matinée, Nicolas Sarkozy a déjà réuni le premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud.
Enfin, Sarkozy accueillera samedi à l'Elysée un Sommet d'urgence sur la Libye, qui réunira la Ligue arabe, l'Union africaine, et l'Union européenne.


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