Elaboration d'un document spécial par l'OIF TUNIS, 5 mai 2011 (TAP) - "L'hommage dédié à la mémoire de Tahar Chériaa sera marqué notamment par la remise à titre posthume de la médaille Senghor de l'OIF à son fils Kaysar, et ce, après la table ronde et la projection du film "Tahar Chériaa à l'ombre du Baobab" de Mohamed Challouf" a annoncé Mme Nathalie Heneman, chargée des relations médias au sein de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Jointe au téléphone, elle a indiqué que cette décoration est une "sorte de distinction honorifique, de mérite et de reconnaissance pour l'ensemble de son parcours et de son oeuvre". D'ailleurs, a-t-elle ajouté, "l'OIF a préparé avec le soutien du cinéaste tunisien Férid Boughdir, auteur du texte de l'hommage, la chambre syndicale des producteurs tunisiens et l'Association des cinéastes tunisiens (ACT), un document bien riche de 11 pages relatant le parcours du fondateur des JCC en 1966, parrain du fespaco dès 1972, théoricien visionnaire, premier directeur de la culture à l'acct (actuellement OIF) et chef de fil généreux qui a payé de sa liberté, sa lutte pour l'indépendance culturelle des Cinémas du Sud". L'OIF a élaboré un document spécial sur le parcours de Chériaa qui, jusqu'au dernier souffle, a exhorté les cinéastes arabes et africains à impliquer toutes leurs préoccupations dans des oeuvres cinématographiques engagées Le document revient en profondeur sur le combat de Tahar Chériaa, promoteur du cinéma panafricain indépendant, et l'un des géants de l'épopée d'édification des nouveaux cinémas d'Afrique et du Monde arabe, nés dans les années 60. Il fut ainsi le premier à publier à l'Unesco, en 1967 (après le boycott immédiat du marché tunisien par les compagnies hollywoodiennes et leurs associés européens pendant un an) d'une étude décryptant les rapports de force existants dans le cinéma mondial qu'il développera plus tard dans son livre édité par Hamadi Essid, en 1978 "Ecrans d'abondance ou Cinémas de libération en Afrique". Dans cette première étude, Chériaa énonce sa phrase devenue célèbre "Qui tient la distribution tient le cinéma". Cet opus spécial donne des détails sur le combat qu'a mené le grand disparu, aux plans national, panafricain et panarabe, toujours pour la défense d'un cinéma d'auteur exprimant les réalités sociales et culturelles des pays nouvellement indépendants, plutôt que d'un cinéma commercial de divertissement basé sur le "star-système". Le document mentionne notamment "la victoire pour Tahar Chériaa en 1970 avec Lébiba (actrice) et Abdellatif Ben Ammar (réalisateur) de "Une si simple histoire", premier film tunisien sélectionné en compétition officielle par le Festival de Cannes". L'illustration Photos: collections privées de Férid Boughdir et Mohamed Challouf Ce fascicule est illustré par une série de photos appartenant aux collections privées de Mohamed Challouf et de Férid Boughdir, où ont peut voir "Tahar Chériaa et Ousmane Sembène (Sénégal), membres du jury officiel du court métrage de Cannes 1967 entourés par l'écrivain français Christiane Rochefort", "Tahar Chériaa à la 2e session des JCC 1968 avec le cinéaste égyptien Tawfiq Saleh (qui sera présent à cet hommage) et l'ivoirien Désiré Ecaré", "Tahar Chériaa remettant au réalisateur égyptien Youssef Chahine, le premier grand prix de sa carrière, le Tanit d'or des JCC 1970". Ce texte-témoignages s'est voulu une reconnaissance pour Tahar Chériaa (né en 1927) qui, une semaine avant sa disparition (novembre 2010 à Tunis), avait lors de l'hommage qui lui avait été rendu par les JCC 2010, exhorté, jusqu'à son dernier souffle, les cinéastes africains et arabes à "rester sincères et honnêtes avec eux-mêmes dans leurs travaux et à impliquer leur existence et toutes leurs préoccupations dans les oeuvres cinématographiques engagées selon leurs propres désirs, sans aucune soumission à une influence extérieure ou une intervention des autres". Il est à rappeler que cet hommage prévu le 13 mai au pavillon des "Cinémas du Monde" sera marqué, par la projection du long métrage documentaire "Tahar Chériaa à l'ombre du Baobab" réalisé par Mohamed Challouf, un des héritiers spirituels du grand disparu et créateur des rencontres cinématographiques de Hergla initiées par Tahar Chériaa. D'une durée de 60 minutes, ce film comporte notamment des témoignages de réalisateurs et compagnons de route comme Tawfiq Saleh (Egypte), Ousmane Sembène (Sénégal), Gaston Kabore (Burkina Faso), Nour-Eddine Saïl (Maroc), Ferid Boughdir (Tunisie) Annette M'baye Dérneville (Sénégal), Ali Moussa Iye (Djibouti), Sarah Maldoror (Guadeloupe) Timité Bassori (Côte d'Ivoire), Atiyet Al Abnoudi (Egypte) Haile Gerima (Ethiopie) et Oumarou Ganda (Niger).