L'opposant gabonais Jean Ping, qui dit avoir remporté l'élection présidentielle de samedi dernier, a déclaré jeudi matin que les forces de sécurité et la garde républicaine avaient donné l'assaut dans la nuit à son QG de campagne, faisant deux morts et plusieurs blessés. "Le QG a été bombardé par hélicoptère et cerné au sol par des troupes de la garde présidentielle, de la police et des mercenaires. Nous enregistrons deux morts et plusieurs blessés", a-t-il déclaré, interrogé par téléphone sur l'antenne de France 24. Il a réclamé une assistance internationale pour protéger la population contre un "clan de mercenaires". Estimant qu'un "doute" s'était installé, le ministre français des Affaires étrangères a de son côté demandé la publication bureau par bureau des résultats du scrutin. "Les résultats de ce vote doivent être parfaitement clairs et transparents", a déclaré Jean-Marc Ayrault, qui a lancé un appel "à l'arrêt des violences, quelles qu'elles soient". Les heurts qui ont éclaté mercredi à Libreville, où des manifestants ont mis le feu à une partie de l'Assemblée nationale après l'annonce de la réélection d'Ali Bongo, se sont étendus jeudi à neuf faubourgs de la capitale, rapportent des témoins. Explosions et coups de feu ont notamment retenti dans le quartier Nkembo, théâtre de heurts entre forces de l'ordre et manifestants qui contestent cette réélection, précisent-ils. "Ceci est juste une conséquence de la situation actuelle. C'est à cause de la victoire de Bongo face à Jean Ping, notre président, que nous considérons comme étant l'élu", a déclaré l'un d'eux. "LE SCENARIO SE REPÈTE DEPUIS 50 ANS" Au pouvoir depuis la mort de son père Omar Bongo en 2009 après 42 ans à la tête du pays, le chef de l'Etat sortant a été déclaré réélu avec 49,80% des voix contre 48,23% pour Jean Ping, selon les résultats définitifs du scrutin annoncés par le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet Boubeya, qui a fait état d'un taux de participation de 59,46%. "Tout le monde sait, toute la communauté internationale sait, que c'est moi qui ai gagné ces élections", a déclaré l'opposant à France 24, ajoutant que les chiffres de la commission électorale s'appuyaient sur de faux documents. "Le pouvoir est depuis cinquante ans entre les mains d'une famille, d'un camp (...) Le scénario se répète depuis 50 ans. L'opposition gagne toujours les élections, mais n'accède jamais au pouvoir (...)", a-t-il ajouté. Dénonçant un "coup de force électoral", Jean Ping a également demandé "solennellement" à la commission électorale de procéder "au comptage des résultats bureau de vote par bureau de vote". Ali Bongo a quant à lui invité ses concitoyens à respecter le résultat du scrutin et les institutions. "Cette victoire au score serré nous oblige. Tous ! Elle oblige d'abord chacun au respect du verdict des urnes et de nos institutions", a-t-il dit dans un discours de victoire dont le texte a été distribué à la presse. La France, ancienne puissance coloniale, a demandé jeudi l'arrêt des affrontements "au plus vite". Les Etats-Unis et l'Union européenne ont également lancé des appels au calme.