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Le tunisien, un raciste non déclaré ?
Publié dans Tuniscope le 04 - 01 - 2010

En Tunisie, les personnes de couleur n'ont jamais été un problème, et n'ont jamais constitué une « communauté » comme c'est le cas en Occident. Chez nous, on ne parle presque jamais de racisme envers les noirs. Mais si c'était cela le problème ? Ce « jamais » ? Ce déni du racisme, de ces pensées tellement ancrées, qu'on finit par les trouver naturelles…
En Tunisie, les personnes de couleur n'ont jamais été un problème, et n'ont jamais constitué une « communauté » comme c'est le cas en Occident. Chez nous, on ne parle presque jamais de racisme envers les noirs. Mais si c'était cela le problème ? Ce « jamais » ? Ce déni du racisme, de ces pensées tellement ancrées, qu'on finit par les trouver naturelles…

En fait, aucun tunisien n'admettra être raciste. Et pourtant le racisme existe bel est bien dans notre beau pays, terre de tolérance. En Tunisie, le raciste c'est toujours l'autre, jamais soi.
- Je ne suis pas raciste. Je n'ai pas de problème avec les noirs.
- Tu sera prête à épouser un noir ?
- Non
- Pourquoi ?
Inutile de s'attendre à une réponse sincère et directe, on trouvera toujours une parade, qui sera encore plus dénonciatrice du séparatisme qu'on renforce inconsciemment dans notre société.
Souvent, quand la question du racisme est évoquée, certains implorent les sobriquets genre « l'oucif » et « kahlouch ». Mais quand on y pense, un roux, on l'appelle « Errouge » et celui qui les yeux bleus, on l'appelle « Zarga ». Partant de ce constat, ces sobriquets destinés aux gens de couleur ne dérangent pas. Seulement voilà, le problème en Tunisie, c'est que le racisme est tellement inavoué, qu'on trouve normal le fait d'appeler une personne ayant la couleur de peau noire « l'oucif » sachant que oucif veut dire nègre et esclave. Le racisme est tellement banalisé que certaines personnes se permettent encore aujourd'hui de ramener une femme noire dans les mariages, pour chasser le mauvais œil, sans que cela ne suscite le scandale. Le racisme est tellement furtif qu'on ose accuser ouvertement les autres pays de racistes alors que chez nous, on voit mal son fils épouser une fille noire.
Le témoignage des sénégalais, ivoiriens, maliens et autres étudiants subsahariens venus poursuivre leurs études à Tunis est tout aussi significatif de ce racisme -non déclaré- si j'ose dire. Ils sont souvent blessés par les regards, et les attitudes hideuses de certains de nos compatriotes qui refusent de les fréquenter, ou s'amusent à leur lancer des blagues de mauvais goûts. Ils ne l'avouent pas publiquement, mais il suffit d'aller faire un tour sur quelques forums pour se rendre compte de leurs malaises vis à vis des offenses qu'ils subissent.
Et si le racisme reste inavoué, une sous-catégorie du phénomène se développe petit à petit : Nous, tunisiens, ne sommes pas des « noirs » !
Une anecdote que j'ai vécue quand j'étais étudiante illustre bien ce fait. Un professeur, qui est d'ailleurs un éminent expert comptable très connu en Tunisie, s'est adressé lors d'un cours à une étudiante « noire » et lui a dit : «Excusez-moi Mademoiselle, parfois je parle en arabe pour expliquer certains trucs…». Sous-entendu qu'elle ne comprend pas l'arabe, et donc, tacitement, il fait savoir qu'on ne peut pas être noire et tunisienne. «Je suis tunisienne Monsieur. » répond l'étudiante un peu embarrassée, mais en gardant quand même le sourire. Grand moment de solitude pour le professeur qui, très gêné par sa bourde s'en est excusé tout de suite, mais aussi après la fin de la séance, je dois le préciser. D'ailleurs, je ne doute pas de sa bonne foi. N'empêche que sa réflexion, spontanée, est révélatrice de tant de choses. En fait, il partait d'une bonne intention, sauf que le langage traduit parfois, les pensées les plus profondes…
En Tunisie, le racisme n'est pas un phénomène manifeste ou politique, mais c'est quelque chose qu'on constate et qu'on rencontre au détour des conversations, des regards, et réactions parfois choquantes mais souvent acceptées. Chez nous, le racisme n'est pas institutionnel mais social. Ce n'est pas le pire des deux, mais c'est tout aussi funeste.

Sarah B.H

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