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Les Noirs ne sont pas Tunisiens !
Publié dans Business News le 21 - 04 - 2015

Les Noirs en Tunisie, qu'ils soient de nationalité tunisienne ou autre, sont confrontés à un racisme intolérable. La discrimination et la haine raciale ont été longtemps tues. Un tabou, en somme, dans un pays dont l'homogénéité a été sciemment mise en avant et cultivée, par les politiques aux dépens des minorités. Bien présent, quelque soit le statut de la personne visée par cette discrimination ou sa nationalité, le racisme est bel est bien ancré dans notre société et les mentalités ne sont pas prêtes d'évoluer.
La discrimination basée sur la couleur de la peau est une réalité honteuse qui existe dans la société tunisienne. Elle peut être latente ou apparente, et elle est alimentée par une mémoire collective considérant les hommes à la peau mate comme les descendants des esclaves subsahariens qui ont été emmenés en Tunisie durant la période de la traite négrière.

Universitaire tunisienne et activiste de la société civile, Maha Abdelhamid milite pour l'abolition de la discrimination raciale envers les Noirs en Tunisie. Dans une lettre poignante adressée début 2015 aux députés de l'Assemblée des représentants du peuple, la militante attire l'attention sur un apartheid anti-noir dans le village de Gosba à Médenine. Oui, l'apartheid en Tunisie, incroyable mais vrai !

« Sujets libres et citoyens, les Tunisiens du village sont toujours nommés « Abid », esclaves. Ils sont encore considérés comme des citoyens de second ordre, inférieurs aux blancs de leur village. La pauvreté, la marginalisation socio-économique des habitants de « Gosbet l'abid » sont frappants. Aucun encadrement n'est prévu pour les jeunes qui abandonnent l'école à un âge précoce, faute de moyens », s'indigne l'universitaire. Plus aberrant encore, les écoliers blancs et noirs de la région, prennent des bus différents ! En effet, le village partagé en deux : une partie pour les Noirs, une autre pour les Blancs, les deux « territoires » étant séparés par un oued, voit ses élèves qui fréquentent les mêmes lycées s'y rendre séparément.

Maha Abdelhamid interpelle les députés : « Âmes sensibles s'abstenir ! Cette ségrégation dans les transports existe depuis l'an 2000, suite au mariage d'une jeune noir et d'une jeune blanche sans le consentement de la famille de cette dernière ». Ce scandale persiste encore aujourd'hui, avec le consentement des autorités.

Parlons de mariage. Wafa.L, jeune tunisienne, ne se doutait pas qu'une telle discrimination puisse avoir lieu en Tunisie. Elle est blanche, son conjoint est noir et sa famille a refusé cette union. Voici son témoignage : « Lorsque j'ai annoncé à mes parents que j'allais épouser un noir, c'était le scandale dans la famille. Mon père a opposé un refus catégorique, alors que ma mère est entrée dans état hystérique, me reprochant de foutre la honte à la famille. Je n'accepterai jamais que mes petits-enfants soient des nègres, avait-dit mon père, si tu insistes pour te marier avec ce « kahlouch », je ne te considèrerai plus comme ma fille et toute la famille coupera les ponts avec toi ! ». Wafa est mariée depuis plus d'une année et n'a plus aucun contact avec ses parents, sa petite sœur lui rend visite en cachette…

Achraf Chargui, jeune musicien tunisien noir nous parle de son rapport au racisme en ces termes : « Le racisme existe à l'intérieur de chacun mais à différents niveaux : implicitement, explicitement selon la situation. On est tous différents et on est tous émetteurs et récepteurs aussi. En ce qui me concerne, je sens de la peine en voyant qu'en 2015, on trouve des gens ignorants en Tunisie, là où on parle de civisme, de construction, de démocratie et de liberté. Ce qui m'a marqué récemment c'est le fameux match de football Tunisie-Guinée Equatoriale et les agressions qui ont suivi le match contre les noirs. J'étais à Copenhague en tournée avec mon groupe à la sortie de mon album. Les gens ont voulu comprendre ce qui se passe et moi qui représentais mon pays, j'ai eu honte ! ».

Rappelons-le, après la défaite de l'équipe nationale en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations, une vague de racisme sans précédent a visé les ressortissants de l'Afrique subsaharienne. En Tunisie, une forte communauté d'étudiants « africains » vit et suit des études dans les universités. Dans l'impunité, durant la nuit du samedi à dimanche 1 er février, les agressions se sont multipliées : des actes de violence, des insultes et des humiliations racistes. La couleur de la peau suffisait pour s'attaquer aux innocentes victimes et les désigner comme cible.

L'association tunisienne de soutien aux minorités a adressé un message ferme aux députés de l'ARP, dimanche 1er février, condamnant la haine qui a succédé au match, et confirmant la nécessité d'un travail d'éducation, mais aussi l'obligation de voir une loi qui pénalise la discrimination sous toutes ses formes. La balle est dans le camp des députés mais on attend toujours la promulgation d'une telle loi…

Un étudiant malien habitant le quartier Lafayette a été violemment agressé au cours de la semaine par des jeunes tunisiens racistes : « Ils m'ont tabassé tout en m'injuriant et m'ont sommé de retourner d'où je viens, du pays des singes qui bouffent des bananes ! Je me suis rendu au poste de police pour déposer plainte, toutefois les policiers m'ont demandé de renter chez moi sans prendre en compte ma plainte ! ». Une situation alarmante d'autant plus que plusieurs témoignages attestent que la police se rend responsable ou parfois est complice d'actes à caractère raciste.
Il faut le dire et que cela ne soit plus tu, les Noirs qu'ils soient Tunisiens ou résidents étrangers sont traités d'une manière ignoble et inacceptable, outre les agressions, les jeunes diplômés noirs peinent plus que les autres à trouver du travail et il est rare de voir un responsable politique ou un grand décideur de couleur. Le dialecte Tunisien est en lui-même chargé de racisme et de termes stigmatisants. Trouvez un seul Noir qui ne s'est pas vu taxé de « Kahlouch », nègre ou de « Woussif », esclave ! Il est de ce fait nécessaire qu'un véritable débat ait lieu sur la lutte antiraciste en Tunisie et que des mesures concrètes soient prises pour bousculer les mentalités.


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