Pas facile de juger une œuvre dès sa première présentation. Dans ce premier contact, on se laisse aller plus avec l'émotion, le visuel, la spontanéité et l'énergie du comédien sur scène. C'était effectivement le cas de la première de Rim Zribi, Viens Seule ou Taali Wahdik. Pas facile de juger une œuvre dès sa première présentation. Dans ce premier contact, on se laisse aller plus avec l'émotion, le visuel, la spontanéité et l'énergie du comédien sur scène. C'était effectivement le cas de la première de Rim Zribi, Viens Seule ou Taali Wahdik. Lors de ce spectacle qui a eu lieu, le mardi 26 janvier 2010, dans le cadre du Festival du Rire, le public et même les journalistes et critiques n'ont pas pu trancher par un oui ou un non concernant la pièce.
A vrai dire, Rim a impressionné le public par une forte présence sur scène. Et oui, c'est son plus fort atout, qu'elle a forgé durant des années de travail dans le théâtre et la télévision. Mais, le texte reste à discuter. Pour aller plus loin, un petit aperçu sur le synopsis est nécessaire :C'est l'histoire d'une femme, la quarantaine, déchirée entre travail administratif, mari et enfants… elle arrive à l'impasse du stress et commence alors à raconter son histoire au public.
La carapace de l'histoire est ordinaire mais le metteur en scène Ikram Azzouz ainsi que la comédienne Rim Zribi ont essayé d'ajouter de leurs piments. En effet, le théâtre dans le théâtre, qui devient une tendance, était l'ingrédient principal de cette œuvre. Rim sur scène avec son personnage qui apparaît parfois et disparaît souvent, parle directement à son metteur en scène… elle parle avec le régisseur qui n'hésite pas à intervenir sur scène (le rôle est joué par Fethi Messelmani) et même le technicien de son… Bref, le public témoigne en live des discussions censées se dérouler dans les coulisses. Et Rim excelle dans les commentaires ironiques qui provoquent le rire et n'arrête pas (jusqu'à la confusion) de faire le va et vient entre sa personne et son personnage.
Mais, on commence, quand même, à découvrir le personnage Radhia (en français ça donne "satisfaite"), un prénom qui ne reflète pas du tout la situation de cette dame, insatisfaite, sur tous les plans. Sa vie monotone, froide, simple et vicieuse ne lui plaît plus… Donc, elle se lance dans une critique ironique de la société et surtout de la gent féminine qui subit son statut social inférieur à l'homme, sans conscience aucune.
Ce qui plaît dans ce one-woman-show, c'est la proximité de la comédienne et des situations qu'elle raconte de ce que vit le Tunisien quotidiennement. A partir de quelques fragments de la réalité, Viens Seule témoigne d'une proximité qui reflète fidèlement la mentalité masculine de la société et qui reproduit ironiquement le comportement schizophrène de chacun d'entre nous.
Avec simplicité et transparence, la comédienne a osé agresser le tabou en parlant de la vie sexuelle des couples. Froideur, monotonie et frustration comblent les couples qui demandent, comme elle, mille fois le divorce et vivent en séparation masquée sans se rendre compte ou sans se l'avouer. Le stress qui tue l'amour, la trahison et l'adultère, l'inégalité entre les deux sexes… sont des points sensibles que Rim a su banaliser dans toute la spontanéité et la transparence nécessaire.
Viens Seule est aussi un show de danse, de chant et d'humour. Sur ce dernier point, nous regrettons quelques moments comiques qui n'étaient pas bien étudiés au niveau du texte. L'humour gratuit qui ne transmet pas une critique ou une idée à défendre, devient de plus en plus, une nécessité dans ce genre de spectacle. Comme quoi le texte théâtral « sérieux » n'est plus suffisant pour attirer le public.
Grosso modo, le show de Rim Zribi est bon à découvrir. En couples ou seules, il sera plaisant surtout aux femmes tunisiennes de se regarder dans le miroir de Radhia (Rim Zribi).