Il manquait les femmes sur la scène du rire tunisienne. Maintenant, elles sont là. C'est Wajiha Jendoubi qui a ouvert la porte aux femmes avec son one woman show : «Mme Kenza », texte et mise en scène de Moncef Dhouib. A l'instar des Roumanoff… les Tunisiennes investissent les planches proposant, chacune selon son style, ce qu'on appelle le stand up, un genre où l'artiste parle surtout de lui-même, une sorte d'autodérision qui lui permet de se moquer de sa propre vie et de celle de ses proches ou de ses amis. Dans le cadre du 4ème Festival du rire qui s'est déroulé du 23 au 30 janvier dernier, l'espace du 4ème Art de Tunis, a donné la possibilité à deux artistes femmes de s'exprimer sur leur quotidien, leurs déboires et leurs phantasmes. Il s'agit de Souad Ben Slimane avec « Forsa la touad », spectacle produit par Yalil Production, à travers lequel elle a déballé tout ce qu'elle avait sur le cœur : la frénésie d'achat d'une personne qui souffre de solitude et d'isolement. Dans le même sillage, l'actrice Rym Zribi a offert aux adeptes de ce genre d'humour, sa première création en solo «Viens seule», production de «Yalil Production», texte de Jaleleddine Saadi et mise en scène de Ikram Azzouz. Ce spectacle annonce le retour sur scène de cette actrice comique, dont les apparitions se limitent, depuis quelque temps, à quelques petits rôles dans des sitcoms. Le principal argument de ce stand up apparaît très proche du réel d'une femme «Radhia» dont la vie de couple se trouve dans une impasse. En effet, comme elle le précise, elle se trouve «déchirée entre les charges de la famille, du travail et une dévalorisation d'une société masculine». Rym Zribi dépeint avec humour et spontanéité, les conflits pouvant survenir entre l'homme et la femme en raison d'une éducation familiale et sociale discriminatoire où les rôles de chacun sont définis selon des traditions et des coutumes anciennes. La spécificité de ce stand up réside dans l'introduction d'un autre personnage incarné par Fathi Messelmani, acteur et metteur en scène adjoint. Ce qui permet d'aérer le spectacle et de ménager les efforts de l'actrice en épargnant au public lassitude et ennui. Cet exercice de confidence entre « Radhia », Rym Zribi, et le public ne manque pas de poncifs sur l'image de la femme : autoritaire, émancipée, menteuse, complexée etc… mais que la comédienne tente d'y remédier en apportant sa sensibilité et son savoir-faire comme par exemple rebondir parfois sur les répliques de certains spectateurs. Le public a pris beaucoup de plaisir et s'est vraiment marrér en assistant à ce spectacle où la principale protagoniste s'est déployée à fond pour rendre crédible l'univers d'une femme écartelée entre ses devoirs et ses droits d'épouse et de mère que les charges familiales alourdissent et lui ôtent toute sa liberté. On se réjouit de la présence de l'audace des artistes femmes qui s'emparent de la scène et ne ménagent pas leurs efforts et leur créativité pour divertir le public et le détendre avec intelligence et humour.