"Mon coeur, mon amour..." Si, d'ordinaire, les effusions amoureuses et autres blabla romantiques vous agacent, restez calfeutré chez vous vendredi, jour de la Saint-Valentin. Stratégie commerciale pour les uns, occasion de sortir un peu du train-train quotidien pour les autres, la fête est de toute façon synonyme d'étalage rose bonbon. On ne parierait pas qu'il en allait de même durant l'Antiquité, mais la fête trouve ses origines dans la Rome antique. Les origines Le 15 février, les Romains célébraient Lupercus, le dieu de la fécondité. Point de dîner aux chandelles ni de porte-jarretelles, mais des sacrifices de chèvres. La fête païenne se déroulait en plusieurs temps : les prêtres sacrifiaient un bouc dans la grotte du Lupercal (au flanc du mont Palatin), où, selon la légende, la louve allaita les fondateurs de Rome Romulus et Rémus. Puis deux jeunes gens - fille et garçon - issus de familles nobles recevaient sur le front un peu du sang du sacrifice, en signe de purification. Ensuite prêtres et jeunes gens, couverts de la peau des bêtes sacrifiées, couraient dans les rues de la ville et fouettaient les passants avec des lanières découpées dans la peau du même animal. Les femmes touchées étaient assurées d'avoir une grossesse heureuse et un accouchement sans douleur. Enfin, les célébrations se terminaient par un grand banquet, au cours duquel les jeunes hommes tiraient au sort leur compagne pour la soirée... et plus si affinités. Les saints Pour contrer ces fêtes païennes jugées "immorales", le pape Gélase Ier fixe, en 495, le 14 février comme jour de la Saint-Valentin. Mais à quel martyr fait-il référence ? À cette époque, il existe deux Valentin : Valentin de Rome, un prêtre, et Valentin de Terni, un évêque d'Interamma (le Terni moderne), tous deux morts dans la deuxième moitié du IIIe siècle. Le premier, davantage que le second, semble justifier une fête dédiée aux amoureux, lui qui, sous Claude II le gothique, continuait à célébrer des mariages interdits pour cause de campagnes militaires. Démasqué et emprisonné, Valentin fait la connaissance d'Augustine, la fille de son geôlier. La légende veut qu'il redonne la vue à la jeune femme aveugle. Dès lors, elle prend soin de lui. Et c'est à elle que, la veille de son exécution, il envoie un message signé "Ton Valentin "... De là serait issue la coutume de s'envoyer des messages à l'occasion de la Saint-Valentin. Il est reconnu saint patron des amoureux depuis le XVe siècle. Le Moyen Âge Au Moyen Âge, la Saint-Valentin est une fête pour les célibataires plutôt que pour les couples. Le jour de la fête, en effet, les jeunes filles célibataires se dispersaient aux alentours de leur village, jouant à cache-cache avec les jeunes garçons. Les couples ainsi formés - avec ou sans triche - étaient amenés à se marier dans l'année. Mais la première mention du jour de la Saint-Valentin avec une connotation amoureuse remonte au XIVe siècle, en Angleterre, où l'on croyait que le 14 février était le jour où les oiseaux s'appariaient. Il était courant durant cette période que les amoureux échangent des billets et s'appellent mutuellement leur Valentin. Un de ces billets du XIVe siècle se trouverait à la British Library. Par la suite, cette tradition se perdit dans le monde latin et ne fut réactualisée qu'au XIXe siècle. Aujourd'hui En 2014, selon un sondage Ifop, deux tiers des Français et des Françaises fêteront la Saint-Valentin cette année (66 %). Et, plutôt que de sacrifier au merchandising, certains d'entre eux seront, peut-être, à Rome, auprès du pape François, le Conseil pontifical de la famille ayant décidé de réunir des couples de fiancés. Plus de 20 000 fiancés de 24 pays auraient répondu présents, dont 300 venus de France