Une séance plénière extraordinaire s'est tenue mardi matin au Bardo en présence des trois présidents de la République, de l'Assemblée nationale constituante et du gouvernement et en l'absence des députés de l'opposition qui s'interrogent sur l'utilité de la célébration de cette date. S'exprimant à l'ouverture de la séance plénière qui s'est tenue sur le thème "les élections du 23 octobre… un an après", le président de l'ANC Mustapha Ben Jaafar a relevé que la Constituante veillera à respecter ses engagements vis-à-vis du peuple tunisien. Il a annoncé que la commission spéciale a finalisé le projet de loi organisant l'instance indépendante pour les élections qui sera examiné et adopté en plénière. L'instance devant entamer ses travaux à partir du mois de décembre prochain, a-t-il dit. M. Ben Jaafar a mis en garde contre l'"escalade des tensions qui ouvrent la voie à la violence et qui constituent une ligne rouge à ne pas dépasser" en évocation des récents évènements survenus dans le pays. Il s'est dit confiant en l'aptitude de toutes les forces vives à faire prévaloir la raison et le dialogue afin de consacrer le consensus et assurer la coexistence pacifique pour faire réussir la deuxième phase de transition. Pour sa part, le président de la République provisoire Moncef Marzouki a admis que la Tunisie "n'est encore qu'à ses premiers pas sur la voie du processus de transition car les objectifs de la révolution sont pour le moment, difficiles à atteindre". "Il est injuste de demander au gouvernement de régler en quelques mois des problèmes accumulés durant un demi siècle », a-t-il soutenu. Le climat de discorde, de peur et d'absence de confiance qui règne dans le pays ainsi que la bipolarisation politique, représentent des menaces qui pourraient saper les réalisations accomplies, a dit le président Marzouki pour qui "la situation exige un nouvel élan". Il a appelé à la réalisation d'un large consensus et à la mise en oeuvre des trois instances indépendantes des élections, de la magistrature et des médias ainsi qu'à l'élaboration de la loi organisant l'élection présidentielle et les législatives avant l'été. Il a en outre insisté sur la nécessité de parvenir à la rédaction d'une Constitution pour un Etat civil et un système politique pluraliste, à l'occasion du deuxième anniversaire de la révolution. Sur un autre plan, le président Marzouki a relevé que le consensus au sein de la Troïka et entre un grand nombre de partis pourtant différents est un signe de vitalité et de maturité politique.. Il s'agit, a-t-il dit, de concilier entre l'initiative de la Troïka et celle de l'UGTT et de la société civile dans "l'intérêt supérieur du pays". Il faut parvenir à une trêve médiatique entre les acteurs politiques, a lancé le président Marzouki soulignant que les incidents de Tataouine au cours desquels le sang tunisien a été versé "doivent nous faire prendre conscience du moment où l'on doit mettre fin aux différends politiques". De son côté, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali a appelé à la nécessité d'accélérer le processus politique, faisant part de l'engagement du gouvernement en coordination avec l'ANC, les instances électorales, les médias et la magistrature à organiser des élections libres et transparentes au début de l'été prochain à la "faveur d'un consensus sur les questions fondamentales dont la nature du système politique". "Reporter les élections pour quelque raison que ce soit exposera le pays à un lendemain incertain", a averti M. Jebali appelant la Constituante et toutes les forces vives à "assumer leurs responsabilités historiques, en évitant davantage de tension dans le pays". Il a affirmé que le "gouvernement ne ménagera aucun effort pour réaliser les revendications pressantes du peuple en particulier celles qui concernent les jeunes et les régions déshéritées". Il a souligné que les efforts se poursuivront pour accélérer la réalisation de la justice transitoire, le règlement du dossier des blessés et des martyrs de la révolution et le parachèvement des réformes s'agissant de l'amnistie générale, de la lutte contre la corruption et de la récupération des avoirs spoliés.