Le triumvirat qui nous gouverne, plus connu sous le nom de « Troïka », redonne à l'expression « triple buse » tout son sens. Et à l'Assemblée Nationale des airs de basse-cour où y règne une ambiance animalière. Je m'explique : Peu importe qu'ils soient de droite ou de gauche car nos politiciens ont une politique commune : celle de l'autruche. Alors dans cette basse-cour, on y passe volontiers du coq à l'âne, avec des débats sans queue ni tête, alors que la Constitution, elle, s'écrit à une allure de limace. La Troïka a, hélas, mis la charrue avant les bœufs avec ses promesses électorales, et si aujourd'hui la charrue ne veut plus avancer, c'est parce que les bœufs ont été mangés par le peuple, pour se rassasier de cette faim de loup qui frappait la Tunisie depuis les minces récoltes du printemps arabe. Les opposants, quant à eux, n'ont hélas pas encore trouvé de charrue. Par contre ils ont des chevaux, de grands chevaux, sur lesquels ils montent, pour dénoncer les agissements du gouvernement en criant à en perdre la voix et la respiration, et en noyant la basse-cour dans leurs larmes de crocodile. Leurs postillons ne sont hélas qu'un venin de couleuvre ! Mais les opposants se sont vite rendus compte, que dans une République bananière, il était inutile de perdre son temps à convaincre un singe que les fraises sont plus délicieuses que les bananes. Car quoi qu'il arrive rien ne changera, le gouvernement, étant têtu comme une mule, reste un fervent croyant en ce proverbe qui dit : « La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe d'Ennahdha ». Cette blanche colombe qui se tient debout sur les branches les plus radicales de l'arbre de l'extrémisme religieux. Cette blanche colombe qui a pris sous son aile les repris de justice/justesse, pour qui le seul mot d'ordre est de se « voiler la face » - au sens propre pour les femelles et au sens figuré pour les mâles – ceux là même qui confondent « ouverture d'esprit » et « ouverture de crane ». Les méthodes et les procédés de cette basse-cour, s'exécutent sous nos yeux et par mimétisme, se transmettent extra-muros. La Tunisie devient, de fil en aiguille, un capharnaüm, car même en dehors de la basse-cour, l'ambiance est toute aussi bestiale : L'UGTT et Ennahdha sont comme chien et chat. Beji Caïd Sebsi ne sort plus sans ses gorilles. Ghannouchi, lui, s'endort chaque soir en comptant les moutons qui ont voté pour son parti. Le gouvernement, de son coté, voudrait clouer le bec à tous ces médias, Mais Zitoun a tendance à oublier qu'on ne peut clouer le bec à une langue de vipère ! Les salafistes qui se présentent, quant à eux, comme les éternels boucs… émissaires de cette laïcité mécréante, avancent d'un pied ferme et d'un pied-de-biche pour forcer les portes de la bergerie et chasser le loup, Nidaa Tounes. Le 23 octobre 2011, après avoir donné leur voix à la Troïka, ses électeurs donnent aujourd'hui leurs langues au chat, quand on les questionne sur les exploits du gouvernement actuel. Jadis la voix, aujourd'hui la langue, ne nous étonnons donc point que, que les partisans du régime soient muets comme une carpe face aux dérapages amateurs de notre gouvernement bleu, jadis mauve. Concluons tous ensemble que l'autorité qui régit tout ce bocson ne peut être que celle de la loi de la jungle, une jungle dont le lion prend du poids et manque clairement de pouvoir et de vision - celle qu'on ne soigne pas chez l'opticien. Une très jolie farce, cette jungle ! Surtout après toutes les promesses que nous avait faites le printemps arabe, ceux d'un avenir plus juste, plus digne, et plus civilisé. La farce est jolie, mais il lui manque un dindon !
Je m'en vais, cher lecteur, te laissant méditer soigneusement l'identité du fameux « dindon de la farce » de préférence devant un miroir… J'espère ne pas t'avoir mis la puce à l'oreille !