Les différends entre les dirigeants politiques et les dirigeants sportifs peuvent être ressentis dans l'atmosphère « athlético-politique ». Depuis presque une semaine, Slim Riahi, le président du Club Africain, s'est attaqué au président de la république Moncef Marzouki en l'appelant à démissionner et demeurer chez lui rédiger ses mémoires, et le qualifiant d'un « symbole de l'échec ». Quelques jours plus tard, il semble que le Club Africain a commencé à payer le coût des déclarations de son "sauveur". La note adressée par le secrétaire général du gouvernement au président du Club africain Slim Riahi lui ordonnant de choisir entre la présidence de son parti politique l'UPL et la présidence du club africain a suscité plusieurs critiques de la part des supporters du CA. Ces derniers regrettent une décision « politique » qui couterait cher au club de Bab Jdid qui a rarement connu une stabilité financière pareille à celle qu'il est entrain de vivre sous la présidence de Slim Riahi. Une manifestation des supporters clubistes a été prévue pour demain à la Kasbah. Cette manifestation aurait été soutenue par des sit-in qui seraient observés par les supporters de l'équipe de Beb Jdid à l'intérieur du pays, devant les gouvernorats. Egalement, des sit-in ont été prévus devant les ambassades tunisiennes à l'étranger. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle, Slim Riahi a salué, cet après midi, la mobilisation massive des fans du club. Pourtant, il a appelé à annuler ces protestations tout en affirmant son engagement à faire face « aux injustices dans le cadre des institutions étatiques, non dans les rues et dans les places publiques» car ce type de protestations peut entrainer de « chaos et d'insécurité », a-t-il précisé. Mais quelles sont les « injustices » dont Slim Riahi a parlé ? La réponse est plus simple qu'on ne le pensait. Ce n'est pas par hasard que deux joueurs clubistes ont été, récemment, convoqués par le tribunal militaire. Si Bilel Ifa a été entendu par le tribunal militaire en tant que témoin, le défenseur international Ammar Jmal a été convoqué par le procureur militaire afin de régler sa situation concernant le service nationale. L'avocat d'Ammar Jmal a affirmé sur les ondes de JFM que le procureur leur a accordé un délai de deux mois pour régler l'affaire. De même, le secrétaire général du gouvernement a lancé un ultimatum de 30 jours pour que Slim Riahi obéisse à l'ordre de quitter le CA. Mais l'avocat d'Ammar Jmal a insisté que la convocation de son client fait partie d'une campagne qui cible le Club Africain. « Ammar Jmal est un joueur international. Il a déjà défendu le drapeau tunisien avec la sélection nationale ! », S'étonne Nabil Sabii, un responsable du club. Les lois de la FIFA n'interdisent pas qu'on soit dirigeant politique et sportif à la fois, indique le quotidien arabophone Ashourouk dans un article publié dans sa livraison d'aujourd'hui. Berlusconi était à la fois le chef du gouvernement italien et président d'AC Milan. Pourquoi le gouvernement a-t-il appelé Slim Riahi à quitter le CA ces jours-ci? Et Méhdi Ben Gharbia continue à la tête du CAB et de l'Alliance Démocratique sans être appelé à faire le choix entre son équipe et son parti. A rappeler qu'il est un député à l'assemblée nationale constituante aussi. Mais les clubistes ne sont pas les seuls qui se disent « victimes » du pouvoir politique. Le ministre de la jeunesse et des sports, Tarek Dhiab, s'en prend au bureau fédéral pour avoir nominé Nabil Maaloul, membre de Nidaa Tounes, comme sélectionneur national. D'autre part, Wadii Jraiy, président de la fédération tunisienne de football s'en prend au ministère, en expliquant que la nomination de Maaloul n'était pas du goût du ministre qui voulait nommer Khaled Ben Yahia. Quelques jours après son adhésion à Nidaa Tounes, Hamdi Meddeb, le président de l'Espérance de Tunis, a passé devant le juge d'instruction pour expatriation de capitaux et dépassements en matière de cession de parts au profit d'étrangers. Cela va de soi que ce n'était pas une coïncidence et que la convocation de Hamdi El Meddeb avait un rapport avec son adhésion au parti d'Essebsi. Heureusement, le ministre des sports s'est exprimé sur l'affaire Slim Riahi cet après midi. Le ministre (il est espérantiste) s'est dit heureux du travail réalisé par Slim Riahi à la tête du Club Africain. Il n'a pas manqué de blâmer , comme d'habitude, d'autres partis pour la crise entre le Club Africain et le gouvernement de Laarayedh. Ce dernier cherchait depuis des jours une sortie de l'impasse, rapporte Ashourouk. Ainsi, le message qu'on peut adresser à nos politiciens est le suivant: Ca ne pose pas un grand risque si un dirigeant sportif ait des engagements ou des activités politiques. Mais, plus vous politisez notre sport, plus il souffre.