Finalement, le chef d'Etat Major de l'armée nationale Rachid Ammar est sorti de son silence, mais c'était pour dire « Adieux ». Lundi soir, lors de l'émission Attassiaa Massaa sur Attounissia T.V., le général Rachid Ammar a abruptement annoncé sa décision de quitter ses fonctions, une décision qui a provoqué des réactions différentes non seulement de la part de la presse tunisienne mais aussi de la part de la presse internationale. Le quotidien français, Le Figaro, a souligné que « le départ du général Ammar à la retraite se produit à un moment délicat pour la Tunisie, où les tensions montent entre le gouvernement, modéré, et les salafistes ». Le Figaro relève deux moments qui ont marqué l'image de l'armée nationale dans la Tunisie postrévolutionnaire. En premier temps, l'élite tunisienne a salué le rôle de l'armée dans la révolution du 14 Janvier qui a renversé le régime de Ben Ali. Or, l'extradition de l'ex-premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi, à la Libye a diminué le soutien des tunisiens à l'armée. « Le général Ammar a été accusé d'avoir joué un rôle dans cette extradition, laquelle a provoqué une crise politique en Tunisie, Mahmoudi n'étant pas assuré de bénéficier d'un procès équitable dans son pays », indique Le Figaro. D'autre part, Rachid Ammar ne s'est pas montré du tout rassurant sur la situation sécuritaire, indique RFI. Dans le même contexte, le site Américain, Global Post, fait noter que « c'est une décision qui intervient dans un temps où les soucis sécuritaires sont de plus en plus intenses après la découverte des groupes armés liés à Al-Qaeda sur les frontières avec l'Algérie ». Si RFI souligne que le général Rachid Ammar a été souvent loué par la presse occidentale, Global Post en fait l'exemple en chantant les qualités du général, un homme qui a sauvé la révolution tunisienne, selon le site américain. Pour sa part, le Washington Post explique que le général Rachid Ammar a choisi de quitter ses fonctions parce que l'armée a été critiquée, à plusieurs reprises, pour son échec à s'opposer à des groupes armés sur les frontières montagneuses avec l'Algérie. De son côté, la chaîne anglophone iranienne Press TV relève que Rachid Ammar a choisi de partir à cause de son âge, avant de revenir sur les difficultés que le chef d'Etat Major de l'armée a affrontées, à savoir les réactions violentes de la société civile à l'extradition de Baghdadi Mahmoudi aux autorités libyennes et les accusations lancées à l'encontre de l'armée tunisienne dans l'affaire du Mont Chaambi. Dans un article intitulé « Le Chef d'Etat majeur de l'armée quitte ses fonctions », le site italien Il Mondo écrit que « Rachid Ammar a annoncé son intention de prendre sa retraite et quitter l'armée dans un moment où le pays est confronté à l'émergence des groupes armés liés à Al-Qaïda ». « Maintenant, le président Moncef Marzouki, en tant que chef suprême des forces armées, doit charger une autre figure de l'armée de remplacer Rachid Ammar. Cependant, l'opposition a besoin d'être assurée que l'armée restera neutre », commente le quotidien arabophone Al-Quds.