Une discussion sur facebook est née des bagarres déclenchées entre certains joueurs en mal de maîtrise de leurs nerfs après le coup de sifflet final de la finale de la coupe de Tunisie 2014 qui a choisi de rentrer à Sousse avec les Sahéliens plutôt que de partir à Sfax, en transitant par Ennasr. Il faut reconnaître que certains duels tendus étaient perceptibles au cours du match, souvent mal négociés par l'arbitre d'ailleurs ; mais cela est dans l'ordre des choses. Il faut reconnaître aussi qu'un but fatal à la 92ème minute est difficile à digérer ; mais n'est-ce pas aussi la règle du jeu ? Une partie de football se joue jusqu'à l'ultime seconde avant le sifflet final et l'histoire du sport le plus populaire est remplie de retournement de cette nature. Cependant, cette violence franchement gratuite, à la fin d'une rencontre somme toute satisfaisante, n'est pas pour nous rassurer sur l'évolution de notre jeunesse vers un civisme sportif susceptible d'informer heureusement de notre avenir sociétal. Ne parlons donc pas de révolution, celle-ci est encore à faire par chacun d'entre nous, en lui-même, dans son rapport à soi et à autrui ! Hélas ! « L'art est long et le temps est court ». Sans savoir qui est le premier fautif dans ces actes condamnables et sans spéculer sur les jugements des instances responsables, force est de rappeler que le Club Sportif Sfaxien était, il n'y a pas longtemps déjà, un modèle de discipline et de correction sur le terrain ! Si cette équipe, à tous points de vue admirable, en est aujourd'hui à se retrouver dans des contentieux débiles comme ceux du jour de la finale, c'est que c'en est fini de certaines valeurs et que le mal est plus profond qu'il en a l'air. Reste que pour revenir à la discussion sur facebook, celle-ci a porté sur l'attitude à prendre par le président du Gouvernement, Mehdi Jomaa, devant de tels comportements de certains joueurs, de par sa qualité de responsable officiel attitré pour présider cette cérémonie nationale. D'aucuns voulaient qu'il marque son mécontentement et qu'il se retire avant la remise des médailles et de la coupe ; d'autres trouvaient au contraire qu'il n'avait rien d'autre à faire que de faire ce qui relevait de ses prérogatives, l'accomplissement du cérémonial de circonstance, laissant le reste à qui de droit, dans le respect des pouvoirs et du champ d'action de chaque instance. Il conviendrait de signaler au passage que l'association de M. Ben Jaafar à la cérémonie était hors de propos, parce que le président d'Ettakattol est pratiquement en campagne électorale, déjà. Qu'il soit présent, c'est normal ; qu'il soit trop en vue pour ce cérémonial sportif, c'était éthiquement insoutenable. Heureusement qu'au moment fort de la cérémonie, les joueurs ont pratiquement dressé un rideau devant lui ne laissant que M. Jomaa dans le champ, lui qui n'est pas concerné par les élections. Quant à l'attitude du président du Gouvernement, je pense pour ma part qu'il a bien fait de continuer sereinement et normalement à jouer son rôle officiel pour un cérémonial national, car toute autre attitude, sur coup de tête ou par trop de susceptibilité, aurait pu provoquer une réaction incontrôlable. Il était là en tant que politique, il devait le rester et c'est ce qu'il a fait. Pour dire les choses autrement, il y aurait plusieurs choses à reprocher à Mehdi Jomaa, mais pas sa gestion de fin de partie lors de la finale de la coupe de Tunisie. Il faut bien comprendre que dans la situation où nous sommes, « de transition », de flottement, d'instabilité, de légitimité contestée et contestable, etc., il est difficile pour un responsable de prétendre à un comportement paternaliste où il se donnerait l'air de jouer au juge et au justicier, au maître devant des écoliers, et d'Essaïed devant le harim de ses quartiers. Il faut tout simplement se limiter au respect des institutions et ne pas interférer dans l'exercice de leurs fonctions. Aux instances responsables maintenant de faire ce qu'il faut pour que le spectacle de fin de finale ne reste pas impuni : c'est tout ce que Mehdi Jomaa pouvait revendiquer dans une telle situation, rien de plus, rien de moins.