Devenu Président de tous les tunisiens à la faveur d'un scrutin historique, BCE le patriarche et fondateur de Nidaa Tounes a démissionné de la présidence de son parti pour le laisser orphelin et donc une proie facile pour les appétits aiguisés de ses héritiers politiques. Des héritiers qui se mènent une guerre sans merci à coup de déclarations et de communiqués et on assiste de plus en plus sur nos plateaux TV et radios à un défilé d'enfants légitimes réclamant leur paternité avec le patriarche pour défendre leur héritage politique et d'enfants illégitimes brandissant les tests ADN pour prouver leur filiation idéologique avec le vieux lion. Le torchon brule entre le clan de ses enfants naturels menés par Hafedh Caid Essebssi, les députés Khemais Kssila, Abdelaziz Kotti …et les coordinateurs régionaux qui se prévalent de la légitimité « sanguinis » et « militantiste » pour dénoncer leur exclusion de la famille et revendiquer leur droit de cité au sein du Parti et le clan de ses enfants adoptifs Boujemaa Remili , Ridha BelHaj, Mohsen Marzouk et leurs lieutenants qui se pavanent de leur proximité avec BCE au Palais de Carthage pour faire main basse sur le parti . Ces querelles fratricides ne datent pas d'aujourd'hui. Elles trouvent leurs origines dans l'opposition de style entre les « réformistes » qui veulent surfer sur les résultats des dernières élections pour bâtir un grand parti et les « présidentialistes » qui veulent faire du parti un simple appareil au service de leurs desseins politiques pour l'après BCE. Les divergences sont aussi idéologiques entre les héritiers naturels adeptes du travail de terrain qui veulent ouvrir le parti à toutes les sensibilités pour en faire une grande famille politique et les héritiers auto-proclamés plus enclins aux réunions des salons feutrés qui aspirent à faire du parti une machine électorale efficace. Au sein de Nidaa le maitre mot est désormais l'ambition et si pour certains cette ambition concerne la crédibilité du parti et le respect de millions d'électeurs et de sympathisants, pour d'autres elle consiste à conserver le pouvoir et les avantages établis. Les protagonistes ne baissent pas les armes et la bataille ne fait qu'accentuer l'immobilisme et le blocage au sein du parti gagnant présenté comme l'alternative politique et appelé à gouverner mais qui se trouve paralysé , divisé , affaibli par cette guerre de succession et dont la pérennité est plus que jamais compromise.