La réunion du conseil national du mouvement Nidaa Tounes, ce dimanche 9 février, devait, selon les attentes de certains observateurs, connaître des remous dans la cohésion et la façon de conduire du parti. Cela a, certes été le cas, mais pas conformément aux attentes de ces observateurs. D'aucuns s'attendait à ce que le patriarche se fasse remonter les bretelles de la part de certains groupes de la formation, dans le sens où un vent de « mutinerie » commençait à se faire sentir dans les rangs des adhérents en rapport avec la façon jugée par trop « dictatoriale » de conduire le parti et lors des prises de décisions. En effet, plusieurs adhérents commençaient à bouger en petits groupes pour préparer un mouvement de contestation au cours de la réunion de ce dimanche, et on s'attendait à une sorte de « mise à plat » de l'abcès qui ne cesse d'enfler dans les rangs de Nidaa Tounes, et d'alimenter les débats des salons. On redoutait même une sorte d'implosion du parti, au cas où BCE persisterait dans sa vision de la conduite « individuelle » du parti, ou au cas où il refuserait de faire machine arrière sur, notamment, sa décision de geler l'adhésion de Abdelaziz Mzoughi, coupable, à son avis, de lèse majesté. Nombreux, parmi les présents, et surtout parmi ceux qui n'étaient pas invités, voulaient signifier à BCE leur mécontentement de sa façon, qu'ils considèrent totalitaire, de conduire le parti, de son entêtement à ne pas organiser des élections du bureau exécutif et des autres instances, de ne pas laisser la liberté d'expression et de parole aux différents membres, de conclure en dehors des instances du parti des marchés et des accords avec d'autres formations politiques... Mais au lieu d'assister à ce qui était prévu, les présents ont eu droit à un renforcement de tout ce qu'ils critiquaient et un enfoncement de BCE dans son « autisme » de vouloir tout contrôler tout seul, et tout décider à sa guise sans prendre l'avis des autres. Et en guise de réponses à leurs attentes, à savoir, des instances élues et une plus grande liberté d'action et d'opinion au sein du parti, BCE les gratifia de deux décisions à contre courant, avec une nouvelle formation du bureau exécutif « désignée » et l'instauration d'une commission de « contrôle » des déclarations des adhérents aux médias et autres plateaux de débats, avec option de réprimandes, voire plus, si jamais les propos de tel ou tel adhérant se trouvaient ne pas être du goût du patriarche. Donc, point d'élections, du moins pour le moment, et encore moins de libertés, avec, en supplément, suppression de la liberté d'expression et d'opinion. Par ailleurs, BCE engagea un intermédiaire entre lui et sa base, en la personne de son nouveau vice-président, Mohamed Ennaceur, qui se chargera de « contrôler » tout ce beau monde, afin que lui, il se consacre à ses « projets ». Les détracteurs de BCE ne se sont pas fait attendre pour dénoncer ces décisions et ces « façons de dictateurs » avec les quelles il gérait les affaires du parti, faisant remarquer que si on ne veut pas instaurer un semblant de démocratie au sein de son parti, on ne peut, certainement pas, aspirer à conduire la destinée d'un pays et d'une population en manque de démocratie et de liberté. Mais sur l'autre flanc, les défenseurs de BCE pensent qu'il a, à la limite, raison de faire imposer l'ordre et la discipline à sa manière, car sa formation s'est fixée pour but, non pas de créer un espace de liberté et de démocratie « hypocrite », mais plutôt, et c'est l'urgence du moment, de créer un front solide et assez puissant pour contrecarrer les partis islamistes qui veulent accaparer le pouvoir et transformer le pays à leur guise. Et un front aussi large et aussi puissant qu'ils le veulent, ne peut pas être géré avec de la complaisance ni avec le moindre laisser aller, d'autant plus qu'il renferme des membres d'horizons divers et parfois même opposés.