Avec une audience cumulée sur toutes les chaines télé de presque 45% le discours tant attendu du Président de la République une semaine après l'attentat meurtrier qui a couté la vie à 12 valeureux patriotes n'a pas ameuté la foule en ce soir de Dimanche 29 novembre. La désaffection des tunisiens de la politique est palpable et ceux qui ont bravé le couvre-feu idéologique n'ont pas eu pour leur agent. La déception est grande et nonobstant la compassion et la solidarité exprimées envers les familles des victimes, le Président de tous les tunisiens a paru plus préoccupé par Nidaa que par les graves crises que traversent la Tunisie à savoir le terrorisme et la crise économique. La solennité et la teneur du discours du Président n'a pas rassuré les millions de tunisiens qui sont restés sur leur faim. L'appel à une union nationale sacrée et une paix sociale durable n'ont pas apaisé l'angoisse et l'incertitude des tunisiens qui s'attendaient à une série de mesures drastiques et une vision stratégique pour faire face à l'ogre du terrorisme qui menace le pays. Le but avoué de ce discours tant attendu était de rassurer sur la situation sécuritaire dans le pays. L'objectif inavoué était de régler la querelle interne qui mine Nidaa et risque de déstabiliser le pays. L'union nationale appelée de tous ses vœux comme initiative salvatrice s'est transformée en union sacrée de Nidaa, pilier, selon les dires du Président, de l'équilibre des forces politiques en Tunisie et condition déterminante pour la construction et la transition démocratique. Imprégné de paternalisme politique, le Président a appelé les 2 camps belligérants à converger leurs efforts dans l'intérêt suprême de la Patrie qui passe avant le Parti a – t-il martelé. Avec ces bouleversements, cette violence rampante et cette incertitude ambiante, l'heure n'est plus au paternalisme et l'idéalisme politique mais à la réal-politique pour décanter une situation qui s'obscurcisse. Bien que les tunisiens s'interrogent sur la détérioration sécuritaire qui prévaut, ils ne veulent plus d'un ordre public à tout prix mais exigent et à juste titre d'ailleurs, de vraies réformes structurelles, de véritables visions de développement régional et d'une stratégie sécuritaire efficace pour parer à la paupérisation, à la crise économique et sociale, à l'effritement de l'autorité de l'Etat, aux problèmes de l'éducation, à l'endoctrinement et aux menaces terroristes.