Si la Bourse de Tunis peut compter sur une étonnante popularité auprès du public (les nouvelles introductions génèrent une demande qui dépasse jusqu'à 20 fois l'offre), elle n'a pas la place qu'elle pourrait avoir dans cette région méditerranéenne sur laquelle nous basons tous nos calculs et toutes nos ambitions. Pourquoi? Quand on comprend que les mesures instituées par la dernière loi des finances au profit de la Bourse visent à encourager l'investissement à moyen et long termes, doter les entreprises d'une base solide d'actionnaires et d'épargnants, limiter les spéculations, rationaliser le marché et protéger les petits investisseurs, on se demande s'il n'y a pas antagonisme dans les termes. Parlons franchement et espérons-le une bonne fois pour toutes de ces gens voués aux gémonies par tous les bien-pensants: les spéculateurs à la recherche de gains faciles. On va vous faire peut-être rire, mais avez-vous regardé autour de vous? Ce sont ces gens, ces ''spéculateurs'', qui font la réputation des Bourses dans le monde et s'il arrive qu'on atteigne parfois des extrêmes, rien n'y fait et ils restent l'âme du marché. Dans les grandes Bourses mondiales, celles qui dominent le marché, on punit de manière quasi cruelle tous les délits d'initié mais on n'a rien à dire sur la ''spéculation'' pour la simple raison que tel est le principe de la Bourse: la spéculation. Résultat de notre approche? Le taux de capitalisation boursière qui dépasse dans les pays émergents et avancés 50% du PIB ne dépasse actuellement pas les 25% en Tunisie. Les nouvelles introductions? Au compte-gouttes. L'avantage, si on peut l'appeler de la sorte, est que la Bourse de Tunis n'a pas bougé malgré les crises successives qui ont ébranlé les principaux marchés financiers dans le monde. Mais si la Tunisie entend encourager les entreprises à entrer en Bourse et transformer cette dernière en première source de financement de l'investissement dans le pays, alors, il faut apporter de l'animation et mettre les ''spéculateurs'' de notre côté.