De nombreux handicaps freinent la mise en uvre du modèle PPP en Tunisie malgré l'appui financier fourni par la Banque Européenne d'Investissement et la Banque Africaine de développement à ce pays. Selon Mohamed Salah Ayari, conseiller juridique et fiscal, le partenariat public privé est un concept relativement nouveau qui a commencé à faire son chemin essentiellement durant les cinq dernières années en Tunisie. "La loi 2008-23 a clarifié davantage la relation entre le public et le privé pour la réalisation de grands ouvrages ou travaux. Ce cadre juridique a rendu la relation de partenariat public privé plus efficace du moment qu'il a explicité les obligations et les droits qui incombent aux deux parties", confirme-t-il. Pour Maitre Anis Abidi, la réalité ne renvoie pas cette image idyllique: "la loi 2008-23 porte seulement sur le régime des concessions qui est l'un des modèles les plus classique du partenariat public privé. Pour le législateur tunisien, le choix de ce modèle était justifié par la volonté de garder le système économique tunisien exempt de tout type de menace." "Transparence et bonne gouvernance: la recette du succès" "Je pense que le terrain est favorable pour mettre en place d'autres formes du partenariat public-privé, réussies à l'instar des modèles PPP à succès dans les pays anglo-saxons" poursuit Anis Abidi. S'agissant des solutions à même de permettre au modèle 3P de voir le bout du tunnel, Anis Abidi évoque "le fond souverain d'investissement public-privé". "Gérés selon la logique du marché, les fonds souverains d'investissement public-privé rassurent les partenaires privés et les investisseurs étrangers" affirme-t-il. Ces propos sont en parfaite harmonie avec ceux de Mohamed Salah Frad, general manager de la société privée United Gulf Financial Services North Africa. "Il faut que les nouvelles règles du jeu économique, mises en place après la révolution du 14 janvier, traduisent la transparence et la bonne gouvernance, longtemps recherchées mais qui n'ont pas pu malheureusement se concrétiser, pour des considérations connues de tous. Les entrepreneurs tunisiens et étrangers doivent s'assurer que la procédure d'appel d'offres se déroule en toute objectivité et en toute indépendance", estime Mohamed Salah Frad. La Tunisie bénéficie d'un important appui financier Pour Jacob Kolster, la Banque Africaine de Développement (BAD) accorde une attention élevée au développement des PPP. Elle a joué un rôle moteur dans la mobilisation, en 2009, auprès de différentes Institutions financières (BEI, SFI, AFD, etc.), des ressources nécessaires au bouclage du plan de financement du projet d'aéroport d'Enfidha. Rappelons que la Banque européenne d'investissement (BEI), premier partenaire financier de la Tunisie ( à ce jour un montant de plus de 4,4 mrds de financements a été mobilisé pour la Tunisie par la BEI), a accordé un prêt de 150 M pour participer à la construction de cet aéroport international géré par le secteur privé au Maghreb, mais également le premier PPP de grande envergure en Tunisie. "Pour ce qui est du projet d'aéroport d'Enfidha, il avait pour objet principal la construction et la maintenance d'un nouvel aéroport ainsi que l'exploitation et la maintenance de l'aéroport existant de Monastir, sur la base d'un contrat de concession. Les ressources du prêt BAD d'un montant de 67,73 M, ont été entièrement mises à la disposition du promoteur du projet TAV Tunisie. La construction et l'équipement de l'aéroport ont été totalement réalisés et son exploitation est en cours", commente Jacob Kolster. La BAD a également contribué au financement, en 2010, pour un montant de 150 M$ au projet d'Hasdrubal visant à construire au large du Golfe de Gabes et à équiper des puits de production de gaz et du pétrole. La mise en uvre de ce projet est totalement achevée et son exploitation se poursuit. "La Banque a retenu dans son programme de prêts 2011, le financement pour un montant d'environ 100 M$, d'un projet de construction d'un pipeline de transport de gaz au Sud de la Tunisie (Tataouine- Golfe de Gabès). Notre partenaire public est la société ETAP", révèle Jacob Kolster. http://www.econostrum.info/Le-Partenariat-Public-Prive-tente-de-prendre-son-envol-en-Tunisie a5458.html