L'association Action et Développement Solidaire (ADS), fondée par Radhi Meddeb, se prépare à dévoiler son programme de gouvernement. Peut-être le plus complet parmi ceux dévoilés à ce jour en Tunisie. L'initiative aurait pu aboutir à la formation d'un parti politique; elle a finalement pris la forme d'une association: Action et Développement Solidaire (ADS) qui «ambitionne de donner la voix à la société civile, de promouvoir les principes de proximité, de participation, de responsabilité environnementale et d'information. Elle entend promouvoir un modèle où le développement est le projet de tous et dont les retombées bénéficient à chacun». Présidée par Radhi Meddeb, ADS ni think tank ni simple groupe-, a déjà produit un programme de gouvernement formalisé dans un ouvrage de 250 pages, actuellement sous presse. L'idée est partie d'un constat: «l'absence de visions, donc de véritables programmes chez les partis politiques», constate Radhi Meddeb, par ailleurs p-dg du groupe Comete Engineering. Pour qui «un catalogue de mesures», comme celles annoncées par différents partis politiques, «ne fait pas un programme». Et ces propos s'appliquent, selon Radhi Meddeb, aussi bien à certains «partis marqués idéologiquement» qu'aux «enfants naturels du RCD». D'où la conviction du président et des adhérents d'ADS de pouvoir «apporter une valeur ajoutée» en travaillant à l'élaboration d'un programme. Pour concocter le sien, cette association a mis sur pied un groupe de travail de 60 personnes élargi par la suite-, «dont des étudiants, des chômeurs diplômés du supérieur, etc.», couvrant «tous les champs» et toutes les régions du pays. ADS a articulé ce programme autour de trois thèmes: la modernité, l'autonomisation et la durabilité du développement. Sur le premier axe structurant de ce programme, la modernité, le président d'ADS estimant qu'elle doit être à la fois culturelle, économique et sociale. Les jeunes l'ont, selon lui, illustrée par leur maîtrise des technologies de l'information et de la communication qui ont joué un rôle essentiel dans la révolution. Pour l'autonomisation de la population empowerment, en anglais-, M. Meddeb estime nécessaire de réformer le découpage administratif du pays pour mettre, comme dans les grandes démocraties, une organisation «à trois étages»: de «vraies» municipalités, des gouvernorats au découpage donc le nombre- revu, et de «grandes régions». Et sur ce dernier point, M. Meddeb pense nécessaire de consulter la population sur «un projet élaboré par une équipe pluridisciplinaire» afin que «les régions retrouvent une cohérence humaine, géographique, économique, etc.». Mais ce redécoupage doit être précédé d'une déconcentration-décentralisation des services centraux de l'Etat, qui, à leur tour, nécessitent l'«injection de compétences» dans les régions dont le président d'ADS donne un exemple: le déplacement de certaines casernes de l'armée de Tunis vers des régions frontalières afin de constituer des villes-garnisons. Ce qui présenterait l'avantage d'y créer «une dynamique économique» et de «dégager» dans la capitale des terres sur lesquelles on pourrait construire des logements pour étudiants. La réussite de la révision du découpage administratif nécessite également, selon ADS, la mise en place d'une fiscalité «différenciée» devant aider les régions pauvres à rattraper leur retard, et le renforcement des capacités de l'Etat en matière d'aménagement du territoire avec notamment le retrait de ce dossier aux ministères pour le confier à un département rattaché au Premier ministère et doté d'un pouvoir d'arbitrage. Le troisième axe autour duquel s'article le plan de gouvernement d'ADS est la durabilité du développement. Et sur ce point, son président estime qu'«une des pires erreurs commises après la révolution a été de rattacher l'environnement à l'agriculture». Car l'agriculture consommant 80% des ressources en eau, «le ministère de l'Agriculture ne peut pas être responsable de la gestion de l'eau». Finalement, ADS pense avoir produit un programme «ambitieux mais possible». Et en réalisant ce travail, Radhi Meddeb et les autres membres de cette association ont réalisé que «depuis 10 à 15 nous n'avons fait que des réformes cosmétiques».