Ils ne sont qu'une cinquantaine à avoir créé une crise au sein de l'Université de La Manouba, mais la chose est rapidement devenue une affaire nationale, avec toutes les angoisses que charrie la peur de la violence. D'ailleurs, en Tunisie, ils ne sont que quelques milliers d'après ce que disent les enquêteurs professionnels sur la population, mais ils ont réussi à imposer la psychose. La logique naturelle des nombres s'efface devant la violence. Ce qu'ils ne peuvent avoir par les urnes, ils recourent tout simplement à diverses formes de terreur pour s'en emparer... car les urnes ne mentent pas (ou si peu) sur ce que les uns et les autres valent vraiment sur le terrain. Les salafistes ont pourtant les ''épaules chaudes'', comme on dit chez nous, parce qu'ils ont beaucoup de choses en commun avec une grande partie de la base d'Ennahdha, le plus puissant des 3 majors qui viennent de remporter la part du lion dans les élections de la Constituante. Certains vont même jusqu'à tracer un parallèle direct entre les violences des salafistes et les signes d'autocratie d'Ennahdha révélés par le texte du projet organisant provisoirement les pouvoirs publics et mettant tout, absolument tout, entre les mains de Hamadi Jébali, le très probable futur Premier ministre. C'est donc les ''épaules chaudes'' que les salafistes ont terrorisé l'Université, après le CinemAfricArt, le Palais de Justice, les gens de NessmaTV... comme si leur seul langage était la force pure et simple! Et c'est dans cette logique, qui fait se demander pourquoi Ennahdha ne réagit pas contre ces violences, que le site ''Directinfo.tn'' vient d'être victime d'un piratage. Des pirates ont ainsi réussi à entrer dans le site (une nouvelle forme de violence) et à remplacer les titres des articles par des slogans à la gloire de l'islam, faisant dire aux autres leurs propres thèses: Oui au Niqab, oui à l'espace de prière, répond le Doyen, Allahou Akbar, font-ils dire au doyen. La FTH pour un arrêt du tourisme de masse indécent en Tunisie, nous sommes musulmans!, font-ils dire à la FTH... Tout en faisant véhiculer leurs idées: Extrémisme laïque-Universités: Attention à Shaytane, danger; La faculté des Lettres de La Manouba prise d'assaut par des laïques menteurs et fourbes; Le beau-fils de Rached Ghannouchi est un grand homme à l'image de son beau-père... Le plus beau, c'est qu'ils disent dans l'un de ces titres piratés: Lâ takdhibou! Car le mensonge est un grand péché, soyez sincère!. Alors, comment appelle-t-on quelqu'un qui pirate le site d'un journal électronique et fait dire ce qu'il veut à ses titres? Est-ce là la liberté de la presse que nous promettent les nouveaux hommes forts de la Tunisie: le Gouvernement Jébali?