La Tunisie est en plein processus de construction de son potentiel d'innovation. Un fort investissement dans les universités, les laboratoires de recherche et la création de plusieurs parcs technologiques spécialisés dans différents domaines illustre les efforts déployés dans ce sens. Malheureusement, le potentiel d'innovation, et en particulier au niveau du secteur TIC, reste en deçà des objectifs ambitieux de la Tunisie, en particulier quand il s'agit de se comparer aux pays industrialisés.
Si on prend comme critère d'évaluation du potentiel d'innovation, le nombre de brevets déposés, nous remarquons que la contribution des entreprises tunisiennes aux «brevets» enregistrés en Tunisie1 est resté marginale. Entre 1984 et 1994, sur un total de 1720 brevets, seulement 285 brevets (16,6%) ont été déposés par des sociétés locales, le reste émanant d'entreprises étrangères. La petite taille des entreprises, ainsi que la protection du marché local sont les deux principaux motifs qui expliquent le faible niveau «inventif» des entreprises tunisiennes. De plus, le budget alloué jusqu'en 2004 pour l'investissement dans la R&D était relativement faible en valeurs relative et absolue, à savoir moins de 1% du PIB2.
A titre de comparaison, le budget total du Royaume-Uni pour 2004-2005 est de 3.901$ milliards pour la R&D, soit environ 2% du PIB et il va grimper à 2,5% durant cette décennie3, et la Finlande investit 3,5% de son PIB en R&D. La moyenne d'investissement dans les pays de l'OCDE est de 2,15%. L'Australie prévoit d'investir plus que 5.3$ milliards pour les 5 prochaines années (8,3$ milliards de 2001 à 2011) pour la science et l'innovation.
1- L'accès à la «société du savoir »
A notre sens, le facteur le plus important pour le développement de la Tunisie n'est pas le niveau d'investissement étranger qu'elle attire chaque année. Un investissement massif qui ne fait appel qu'à une main d'uvre bon marché serait contre productif à terme. Le vrai investissement «stratégique» est celui qui permet de renforcer la capacité locale de développement de produits innovants. L'innovation étant le processus qui permet de hisser plus haut le niveau de compétitivité globale du pays.
C'est là que la libéralisation joue un rôle clé pour réduire les coûts et accentuer les processus d'acquisition, d'apprentissage et d'implémentation des technologies et des meilleures pratiques qui lui sont associées dans des pays industrialisés.
L'innovation en Tunisie ne sera pas possible sans un large accès aux marchés internationaux, et l'accès à ses derniers ne sera pas possible sans l'élimination des barrières commerciales.
1 National Innovation Systems Overview and Country Cases. Stephen Feinson. 2 En 1994, les investissements dans R&D était de 0.27% du PIB, avec des entreprises privées qui comptent 6.8%. 3 Australia announcement: May 6, 2004; UK announcement: July 12, 2004.