La Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a récemment organisé à Bamako (Mali) une rencontre ministérielle sur la biotechnologie portant sur le thème : «Stratégies et actions pour une production agricole durable sans danger pour l'homme et l'environnement». Cette rencontre a vu également la présence de M. Alexander Newton de l'USAID et Mme Madelyn Spirnark du ministère américain de l'Agriculture. Le choix de ce thème souligne la volonté des Etats ouest-africains d'aller vers l'intensification, la rentabilité et la durabilité pour ne pas évoluer en marge de la mondialisation», et ce parce que l'agriculture dans ces pays est toujours caractérisée par «la faiblesse des rendements», obligeant le paysan à accroître ses superficies. En effet, lorsqu'en Asie, le paysan utilise 144 kg d'engrais par hectare de terre arable pour des rendements avoisinants 3 000 kg/ha, l'agriculture africaine utilise 22 kg d'engrais pour des rendements d'environ 1 200 kg/ha. Pour le ministre malien de l'Agriculture, cette situation s'explique par «le refus de l'Afrique, hier, d'adopter les innovations de la révolution verte». Selon lui, il est devient urgent «d'exploiter les énormes potentialités qu'offre la biotechnologie dans une dynamique responsable, soucieuse de l'environnement et de la santé de l'homme et de l'esprit de dialogue qui caractérise toute société démocratique». Il faut donc saluer la logique et la cohérence de la démarche de cette organisation sous-régionale qui a décidé de faire de l'agriculture «le levain de la performance économique de ses pays membres en vue d'assurer une meilleure qualité de vie dans son espace». D'autant plus que l'économie de l'espace CEDEAO repose essentiellement sur le secteur rural, qui contribue largement au PIB avec un «taux de croissance moyen dépassant dans bon nombre de cas 3,6% par an».
Un moyen et non une panacée Le développement de l'agriculture passe nécessairement par sa modernisation pour une meilleure rentabilité économique au-delà de la préoccupation d'autosubsistance et de sécurité alimentaire, sa diversification, l'accroissement de sa productivité à travers des innovations audacieuses et l'injection de capitaux privés, une voie indiquée par le Nouveau partenariat pour le Développement pour l'Afrique (NEPAD) pour lutter contre la pauvreté. De son côté, le représentant de la CEDEAO, Dr Daniel Eklu, a noté l'intérêt que l'organisation porte à cette rencontre, en permettant d'éclairer le débat et de guider le choix des décideurs sur ce qui est faisable à court et moyen termes et comment y parvenir. De ce fait, il a invité les participants à faire des recommandations opérationnelles sur «l'approche participative et la stratégie, la mise en place d'un cadre réglementaire régional commun incluant tous les acteurs et l'approche progressive, sur la base de choix adéquats et éclairés». Quant à M. Alexander Newton et Mme Madelyn Spirnark, ils ont insisté sur les avantages que la sous-région et l'Afrique peuvent tirer de la biotechnologie qui, selon eux, constitue un des éléments à même d'augmenter la productivité et donc la sécurité alimentaire. Cependant, ils n'ont pas manqué de souligner que certes la biotechnologie est un élément déterminant, mais elle ne doit pas être considérée comme une baguette magique.