Lors d'un Conseil ministériel tenu en juillet dernier, le président de la République a décidé d'importantes mesures, notamment : 1- la promotion de l'Administration électronique et l'élargissement des prestations à distance ; 2- le parachèvement de la mise en oeuvre de 10 systèmes informatiques prioritaires d'ici novembre 2005, particulièrement le paiement électronique via Internet ; 3- le développement de 32 nouveaux systèmes concernant, essentiellement, l'emploi, la santé, l'investissement et l'environnement ; 4- la préparation d'un programme national pour faire connaître les prestations administratives en ligne et pour encourager leur utilisation ; 5- l'élaboration d'un programme commun de formation interministériel pour promouvoir la compétence des cadres dans l'Administration électronique et pour améliorer la coordination entre les différentes structures.
Il s'agit d'un vaste programme de e-gouvernement à même de mettre sur le marché des TIC plusieurs projets pour le secteur privé des SSII, à moins que l'Administration ne fasse le choix de développer en interne dans les centres informatiques de l'Administration comme le CNI, CIMPF, CIMSP, et comme ce fut le cas pour plusieurs projets financés sur le budget de l'Etat (Madania, Insaf, Sinda, Sadok, Adab, entre autres).
Certes, on nie pas la compétence des structures publiques en la matière, mais au nom de la politique de libéralisation de l'économie -mais également et surtout de la création de l'emploi- engagée par les pouvoirs publics, le fait de confier une partie de ces projets aux SSII privées permettrait de créer des nouveaux emplois et de promouvoir l'investissement ; mais il semblerait que, par souci d'économie, l'Administration ait choisi de faire appel à ses ressources internes. Seuls les projets de e-gouvernement financés par la BIRD (un prêt de 10 millions d'Euros) ont été confiés au secteur privé , tels que celui de la e-justice, la e-culture, la e-agriculture, la e-handicapés, la e-agenda.
Le secteur privé des SSII continue ainsi à être handicapé par la rareté des projets et par la faiblesse des budgets alloués, mais aussi par une relative concurrence de certaines entreprises du secteur public. C'est ainsi que, par exemple, dans le domaine de la formation, le CNI, le CIFODE COM (Centre de Formation de Documentation et d'Etudes en Technologies des Communication) et des enseignants universitaires handicapent quelque peu le secteur privé et l'empêchent par conséquent d'être un créateur d'emplois et de richesses, à un moment où l'Etat cherche à générer de plus en plus d'emplois pour les diplômés du supérieur.
D'ailleurs, une entreprise sise au Parc Technologique d'El Ghazela est actuellement menacée. En effet, l'entreprise HLP (High Level Programming) en l'occurrence, qui a développé un système de gestion de budgets appelé "Hannibal" pour les EPNA et EPIC (Une centaine d'installations en exploitation depuis plusieurs années), risque de connaître des difficultés qui pourraient la conduire à la disparition ; depuis quelques semaines l'administration semble, en effet, vouloir s'orienter vers un redéploiement de son application ADAB, une solution concurrente développée par le CIMPF.
Un exemple à méditer parmi d'autres, si on souhaite relancer le secteur des TIC en Tunisie.