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C'était en Juin 1982 - ACTUEL n°32
Publié dans WMC actualités le 04 - 04 - 2003


ELUCUBRATION
Par H. de Bodinat

LE 25 FEVRIER 1982, RONALD REAGAN EST INFORME PAR UNE NOTE DU DEPARTEMENT D'ETAT QUE LA SITUATION MONDIALE SE DETERIORE GRAVEMENT
A la suite de troubles répétés en Pologne, en Ukraine, en Géorgie, et de revers militaires en Afghanistan, l'U.R.S.S. décrète la mobilisation générale et met ses missiles en état d'alerte. Reagan décide d'en faire autant...
L'U.R.S.S. et ses alliés déclenchent alors des attaques conventionnelles contre l'Europe, la Corée et la Thaïlande. Le 30 février, Reagan déclare officiellement la guerre à l'U.R.S.S. C'est parti.
Le 1er mars, Reagan apprend qu'un porte avion et deux pétroliers américains sillonnant paisiblement l'Atlantique-Nord ont été volatilisés par des missiles atomiques russes, et que cinq mille soldats américains viennent d'être gazés en Asie par des obus chimiques. Le front européen est « troué » en trois endroits.
Reagan décide de répliquer à coup d'armes atomiques tactiques, en Europe, en Asie et dans l'Atlantique. Il téléphone plusieurs fois aux dirigeants russes pour calmer les esprits. Sans succès.
Le 2 mars, Reagan est informé que les missibles internationaux (ICBM) soviétiques sont partis. Les satellites espions ont détecté la chaleur des réacteurs. Il descend en vitesse dans l'abri atomique situé sous la Maison Blanche, la « Situation Room ». Vingt minutes plus tard il est mort. Washington est rasé ; trois têtes de vingt mégatonnes (l'équivalent de 1000 bombes d'Hiroshima) ont réduit l'abri en poussière. En même temps, une centaine de missiles soviétiques explosent dans un rayon de cinquante mètres de leurs cibles respectives, dans tous les USA Le 3 mars, le contrôle de la guerre passe au vice président, qui tourne nerveusement dans le ciel américain à bord d'un Boeing 747 plombé.
Le 4 mars, à l'aube, le vice président décide de répliquer aux Russes : 1.000 mégatonnes lancées de sous marins rasent toutes les villes russes et 98% des installations industrielles.

Fais gaffe, Reagan, tu as trente minutes pour dégainer
Le 5 mars, le jeu est fini.
Mais oui, c'était un jeu.
Le « vrai » Reagan envoie un message à tous les joueurs : « Prions Dieu que nous n'ayons jamais à utiliser les procédures que nous avons testées... »
Un jeu ! William Rogers, un ancien ministre, jouait le rôle de Reagan. Helms,l'ancien boss de la CIA, le rôle du vice-président. Mille joueurs se sont amusés avec eux pendant quelques jours.
La simulation était parfaite : quand les bombes russes sont tombées, des techniciens ont coupé les principaux réseaux de communications téléphoniques et radio, pour simuler leur destruction. C'est tout juste si on n'avait pas arrosé le faux Reagan de ketchup...
Le déroulement de ce jeu amusant était hyper secret. Mais certains participants ont quand même bavardé : il paraît que tout le monde s'est bien comporté. L'information était digérée rapidement, les décisions prises en vitesse « malgré les difficultés des choix »...
Je téléphone à Washington à un journaliste du Wall Street Journal qui a dévoilé ce jeu dans un article.
« Alors, comment étaient les joueurs ?
Très calmes, très business like
En fait, ils s'en foutaient...
Non, ç'était très sérieux. C'était l'avenir des Etats Unis qu'ils jouaient.
Pourquoi n'a t on pas fait jouer Reagan et Bush ?
Ben... Peut être parce qu'ils auraient eu l'air un peu ridicules...
Et Reagan, il n'a pas eu peur, en voyant que dans le jeu il avait été volatilisé ?
Vous savez, une des hypothèses sur laquelle les experts travaillent, c'est une attaque massive sur Washington, pour détruire rapidement le centre nerveux des Etats Unis... Alors c'était normal de la prévoir dans le jeu. C'était fait pour ça : savoir ce qui se passerait si le Président disparaissait...
Vous croyez que les Russes jouent aussi comme ça ?
Non, ils sont trop sérieux (il rit). »
En 1914, l'assassinat d'un archiduc a déclenché la guerre. En 1939, la volonté de puissance d'un fou. Et en 198... ?
Beaucoup d'experts, de part et d'autre du détroit de Behring, évaluent scientifiquement la probabilité de guerre nucléaire. A Chicago, dans un immeuble de verre fumé et d'acier, on peut interroger ceux du Bulletin du savant atomique. A leur avis, la probabilité actuelle de guerre dépasse celle de 1953 (guerre de Corée première bombe H soviétique) et de 1962 (crise des missiles de Cuba).
D'après les experts du Bulletin il y aurait trois façons de démarrer une guerre :
1 D'abord la petite guerre devenant grande. Entre l'Argentine et l'Angleterre, pour un îlot désolé, avec l'intervention de sous marins soviétiques, puis la réplique américaine. Mmm...
2 Deuxième possibilité : Une gaffe. Comme tous les systèmes de défense sont automatisés, il suffirait qu'un circuit imprimé à un dollar fonctionne mal, pour déclencher une guerre. En juin 80, les Américains essayaient leur système de défense contre des missiles russes. Petite erreur : l'ordinateur ne se rend pas compte qu'il s'agit d'un essai, d'un programme test, et déclenche l'alerte nucléaire maximale. Pendant six minutes, l'Etat Major américain a cru qu'une guerre nucléaire venait d'être déclenchée. Des chasseurs bombardiers armés de bombes nucléaires ont même décollé. En dix huit mois, en 79/80, les ordinateurs de la défense américaine ont ainsi déclenchés cent cinquante et une fausses alertes.
3 Le « first strike » : le premier qui appuie sur le bouton a gagné.
Pourquoi ce changement ? A cause de la précision beaucoup plus élevée des missiles intercontinentaux : ils sont précis à quarante mètres près ! Pour certains Américains légèrement patanos, le scénario est devenu le suivant :
« Brejnev envoie quelques centaines de missiles sur les silos où sont planqués les missiles américains : deux fois 20 mégatonnes far silo, et 95% des missiles américains sont détruits. En même temps, il détruit au sol les bombardiers atomiques américains, grâce à des missiles moins précis tirés par des sous marins stationnés au large des côtes américaines.
Reagan doit réagir. Trente minute pour réagir : dix minutes pour être sûr que ce n'est pas une fausse alerte, cinq minutes pour réfléchir, il reste un quart d'heure pour lâcher les missiles américains. Si Reagan hésite à tuer il ne lu restera plus que les sous marins. Bien sûr, il en a beaucoup, assez pour raser l'U.R.S.S. Mais il y a un problème. Les sous marins américains tirent des missiles Poseïdon, dont la précision est beaucoup plus faible que celle des missiles terrestres. Reagan ne peut plus détruire les silos des missiles russes restant. Sa possibilité, c'est une stratégie anti ville.
Et alors ? Si Reagan rase quelque villes russes, les Russes conservent toute leur armada de missiles terrestres et peuvent sans problèmes raser à leur tour les USA. Reagan est coincé : se venger contre des objectifs civils et condamner à mort ses concitoyens ou ne rien faire, et admettre la défaite : quelques millions de morts, et plus de missiles basés à terre. L'URSS est le maître du monde. »
LE JOUEUR D'ECHEC CONTRE LE JOUEUR DE POKER
La possibilité de la « first strike » accroît considérablement le risque de guerre nucléaire. Les Américains se disent : si les Russes ont une chance de gagner, ils ne vont pas se gêner. Les Américains raisonnent comme des joueurs de poker : quand l'adversaire a un carré d'as, il s'en sert... La tentation est forte de tirer les premiers. S'ils ont l'impression d'être attaqués, les Américains se dépêcheront de faire partir leur missiles, pour éviter leur destruction.
Ce n'est pas le « first strike » qui est dangereux. C'est le fait que le joueur de poker en aie peur... La meilleure preuve, c'est qu'on reparle des missiles anti-missiles qui étaient interdits par un traité de 1972 conclu entre les deux mastodontes. Chacun offrait sa gorge au rasoir de l'autre, pour diminuer la tentation mutuelle de s'en servir. Toute agression était suicidaire. Avec le risque de first strike, on reparle de bouclier : les ultra conservateurs américains de la Fondation Heritage proposent ainsi de protéger tous le silos américains par des missiles anti-missiles (le traité de 72 expire « heureusement » cette année). Chacun, en toute bonne conscience, pense qu'il n'attaquera jamais le premier, mais que l'autre, qui est méchant, le fera dès qu'il pourra le faire sans représailles. Du coup il faut l'abattre, de façon préventive. C'est de la légitime défense anticipée...
Le grand problème de la guerre nucléaire, c'est donc qu'elle est psychologique, plus que militaire. Si tu fais ci, je fais ça. Bluff, persuasion, tout est bon.
« S'ils pensent que je suis rationnel, ils risquent d'attaquer les premiers parce que je n'oserai pas répliquer. S'ils pensent que je suis fou, ils resteront tranquilles. La meilleure arme c'est un fou- président... »
Nous avons basculé dans le royaume du délire. Les Américains ne savent pas ce que veulent les Russes, à quel jeu ils jouent comment ils agissent ou réagissent. Et à l'inverse, les Russes ne savent pas ce qu'ont les Américains en tête.
New York, un samedi d'avril, dix heures du matin. Un peu de soleil dehors. Sur NBC et ABC, les infos. Une voix légèrement crispée fait bondir quelques millions de New Yorkais : « les possesseurs de voitures dont les numéros commencent par un chiffre pair, sont priés de quitter New York dans les six heures qui suivent ... Je répète : par un chiffre pair... Tout véhicule dont la plaque commence par un autre chiffre doit s'abstenir de circuler sous peine de mort... Je répète... Dans le calme... »
Ce n'est pas un scénario de science fiction. Aux Etats Unis, pour New York et les grandes agglomérations, il existe des plans d'évacuation en cas d'attaque nucléaire soviétique. Les fonctionnaires du Federal Emergency Management Agency, spécialement chargés de « gérer les urgences », jouent à simuler la guerre et concoctent des plans délirants. Par exemple, de faire partir de New York les bagnoles dont la plaque commence par un chiffre pair, puis par un chiffre impair, puis les transports en commun...
Les villes seraient désertées pour faire place nette aux bombes et on entasserait les citadins dans des abris ruraux.
D'après le patron du F.E.M.A., on pourrait ainsi sauver 80% de la population américaine en cas de conflit nucléaire. Il suffirait de savoir trois jours à l'avance que ça va péter.
Ces plans font rigoler d'autres experts qui remarquent que le délai que laisseront les Russes pour réagir sera plutôt de trente minutes que de trois jours. Des exemples d'évacuation des civils, à la suite de fuites de centrales nucléaires, comme à Three Miles Island, montrent que leur vitesse moyenne est de 1 km /heure, à cause des bouchons. Pour que le plan de New York marche, il faudrait que onze millions de personnes fassent 400 km en trois jours...
Ces autres experts estiment que seuls des abris souterrains sur place permettraient de sauver les civils en cas de guerre nucléaire. Malheureusement, avec les bombes modernes de 10 à 20 mégatonnes, il faudrait creuser des abris très profonds, prévoir de dégager les abris des immeubles au dessus, construire des systèmes autonomes de recyclage de l'air. Il faudrait 600 milliards de francs pour en construire assez pour le gros de la population américaine.
En Union soviétique, pendant ce temps. Des abris très costauds ont déjà été construits pour des centaines de milliers de membres du Parti communiste et les ouvriers des usines d'armement. Les autres Russes seront priés d'aller se promener dans la toundra à pied.
En cas de conflit, combien de morts ? Certains parlent de vingt millions aux Etats Unis, si on parvient à évacuer ou à abriter tout le monde. D'autres de deux cent millions, voire de tout le monde. Qui a raison ? Le scénario le plus pessimiste est le suivant :
A neuf heures du matin, heure de Los Angeles, des éclairs de lumière blanche illuminent soudain le plus gros du territoire américain : des milliers de soleils, chacun plus aveuglant que le soleil lui-même, viennent d'exploser au-dessus des villes et des installations militaires.
Ces milliers de soleils émettent aussitôt une première vague de radioactivité, essentiellement des rayons gamma, qui détruit tous les êtres vivants non protégés sur le 1/10e du territoire américain. A neuf heures trois, quarante millions d'Américains sont morts. Parallèlement, dans les dix secondes suivant l'explosion, toutes les installations électriques ou électroniques sont détruites par une pluie magnétique provoquée par l'explosion.
Aussitôt après, le souffle brûlant balaie pendant vint secondes près de deux millions de km2, soit le 1/6e des Etats-Unis. La chaleur est suffisance pour carboniser un être humain. Entre neuf heures trois et neuf heures quatre, quarante millions d'Américains partent en fumée ou sont transformés en charbon. Suivant de peu la vague de feu, une onde de choc d'une énorme puissance part de chacune des deux mille bombes qui viennent d'exploser.
Les deux millions de km2 qui viennent d'être traversés par une vague de feu sont maintenant balayés par une onde de choc qui aplatit, pulvérise, ou fait décoller tous les immeubles, usines, constructions provoquant de petits ouragans soufflant jusqu'à six cents kilomètres heure... A neuf heures cinq, il ne reste pratiquement plus une pierre debout et cent millions d'Américains sont morts.
Pendant plusieurs soirs, les poussières radioactives des champignons retombent.
Le niveau moyen de radioactivité passe à 300 rems par jour. Les bombes russes sont aidées par l'explosion des soixante-dix centrales nucléaires américaines, premières cibles de l'attaque. L'ERA considère que 0,2 rem par an est la dose maximum de sécurité !
L'avenir est loin d'être rose pour les soixante millions d'Américains restant. La moitié meurt dans la semaine qui suit l'attaque, à cause du niveau élevé de radioactivité. On essaie de distribuer aux mourants les trente-cinq tonnes d'opium stockées par la FEMA. Mais les transports sont difficiles.
Au bout d'une semaine, ceux qui ne peuvent rester enfouis trop longtemps et qui commencent à sortir de leurs abris risquent de mourir de peste bubonique ou de tuberculose. Les cadavres, à la surface, infectent l'eau et l'atmosphère. Médecins, hôpitaux, médicaments, ont été pulvérisés. Les petits virus ont la vie belle, d'autant plus que la radioactivité à faible doses a diminué les défenses immunitaires des survivants.
Enfin ceux qui ont résisté à la chaleur, au choc, à la radioactivité, aux maladies, risquent de mourir de faim. Les radiations ont détruit une grande partie des espèces animales et végétales. Subsistent essentiellement les insectes et l'herbe.
Le scénario que je viens de résumer est loin d'être théorique. Les spécialistes de l'ACDA (Controls and Department Agency) confirment qu'à leur avis, en cas de conflit nucléaire massif, entre quatre-vingt et cent cinquante millions d'Américains seraient lessivés dans les 24 heures. Tous les plans d'évacuation, d'abris, d'organisation post nucléaire n'ont de sens que si la guerre se limite à une vingtaine de bombes sur les grandes villes. Ceux qui parlent de vingt millions de morts seulement font ainsi un pari sur le caractère limité du conflit. Car s'il n'est pas limité, il est peu probable que l'on échappe au scénario-catastrophe.
Mais l'espèce humaine a des ressources insoupçonnées. Déjà les gouvernements sont prêts à se perpétuer après l'apocalypse... A quatre-vingt kilomètres de Washington, creusée sous quelques centaines de mètres de granit, il existe déjà une ville souterraine prête à accueillir les futurs gouvernants du désert atomique... Sous la « montagne blue », plusieurs centaines d'Américains viennent de temps en temps s'entraîner à la guerre nucléaire. Leurs noms sont secrets, même du parlement américain. Mais ces sans-grades sont prêts à diriger la C.I.A., les affaires étrangères, l'armée, les pompiers, la police et trente autres administrations, quand leurs responsables actuels auront été vaporisés.
Le bunker-caverne de Mount Weather peut abriter deux mille personnes Mount Weather n'est pas unique dans un rayon de 500 kilomètres autour de Washington, il y a dix-huit bunkers géants de ce type. C'est « l'arc de cercle fédéral » qui entourera le gros cratère radioactif que sera devenu Washington.
Les Américains crèveront par millions, mais l'Etat américain a assuré ainsi sa descendance. Un peu comme l'Etat russe. Après la guerre, il restera dix mille fonctionnaires de chaque côté, terrés dans les bunkers. Ils continueront peut-être à s'envoyer des bombes électroniquement.

La meilleure arme, c'est un fou-président
Ceux qui prédisent la fin de l'espèce humaine ont donc tort : on joue activement à un nouveau stade de l'évolution, celui du « fonctionnaire souterrain ».
Si le but de la guerre est la destruction biologique de l'ennemi, nous ne couperons pas à une attaque nucléaire massive. Mais s'il s'agit seulement de paralyser durablement le système économique et social complexe qu'est devenu un Etat moderne, nous avons une petite chance.
Mais méritons-nous cette chance ? Un des livres les plus populaires en Allemagne il y a six mois décrit l'enquête faite dans le futur par un groupe d'archéologues venus de Sirius. Que s'est-il passé sur cette petite planète qui dérive dans l'espace, et sur laquelle toute vie s'est arrêtée il y a cinq millions d'années.
Première hypothèse : Une météorite géante s'est écrasée, détruisant les équilibres écologiques, asphyxiant l'atmosphère de poussière. Un peu notre hypothèse quant à l'extinction dinosaures...
Deuxième hypothèse : un des archéologues découvre des débris de missiles et d'ordinateur. Deux groupes ennemis se sont livrés à une guerre suicidaire et ont ainsi anéanti leur espèce.
Mais à la suite de recherches supplémentaires, une troisième théorie est admise plus révolutionnaire et audacieuse, efface la précédente. Après des débats animés et quelques apoplexies de la part des tenants de la théorie II, la nouvelle théorie est admise par l'ensemble de la communauté européenne scientifique de Sirius…
La Terre était une civilisation technologiquement avancée et marquée par un conflit entre deux empires. A l'intérieur de chacun de ces deux empires. A l'intérieur de chacun de ces deux empires, une secte puissante et secrète s'était créée, qui rassemblait les plus grands cerveaux de la Terre. Le verdict de cette secte était impitoyable : l'homme est un danger pour l'univers. C'est une espèce nocive. Son développement technologique avait beaucoup trop d'avance sur son sens moral. Ce virus dangereux, il fallait l'exterminer avant qu'il ne se propage dans l'univers. Cette secte décide donc de provoquer une guerre nucléaire massive, afin d'anéantir l'espèce humaine, une des plus nuisibles de l'univers.
Certains membres de la secte truquèrent les ordinateurs des deux empires et la guerre éclata.
Ces derniers paragraphes sont hélas la seule fiction de cet article.


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