Me voilà donc de retour dans mon cher et beau pays pour respirer les effluves ramadanesques, les lenteurs exacerbées par une longue journée de jeûne et des veillées qui ne se terminent pas, des rues animées et toute une ambiance bien spécifique et chaleureusement humaine. Première surprise en arrivant à la maison : mon mari a remplacé la télé par un écran plat ; c'est beau, c'est cher et ça occupe moins de place ; alors j'étais toute heureuse en préparant les briks et en faisant revenir la chorba pour ceux qui pensent que c'est du charabia faire revenir un plat, c'est le réchauffer à feu doux et dès que le muezzin annonça la fin du jeûne, je m'installai le ventre creux et vide devant la table familiale à l'image des 2 ou 3 millions de familles tunisiennes. Belle image que cette conciliation ramadanesque bien spécifique à notre monde musulman ?! Premier choc : la première émission était pleine de boites aussi vides que mon estomac et faire monter l'adrénaline à des pauvres hères qui rêvent d'un demi milliard devant le rire sarcastique d'une voix d'outre tombe fit refroidir mes ardeurs et ma soupe. Ainsi, chaque soir, j'allais subir le supplice de ces 690 boites pourvu que les imams trouvent la lune le 29ème jour, j'en économiserai 23. Après cette émission masochiste, j'attendis devant mon bel écran la suite, et la suite tardait à venir, il y a bien quelques efforts pour faire sourire du côté de Hannibal, mais ce sourire disparaît quand la caméra vérité plonge dans les tréfonds de la société et de ses moins de zéro couches. Alors assister à ces images le ventre plein cela fait mal et après le masochisme des boites, voilà le sadisme des images : vous ne trouvez pas que c'est beau la politique de l'autruche ? Ensuite, il y a Sboui et Touati qui mettent au service de navets télévisuels leur talent incontestable par lesquels ils veulent sauver la soirée ; je les remercie de leurs efforts. Enfin viennent les sempiternels feuilletons égyptiens où on n'a pas fini de se marier ou de divorcer et de chercher l'âme sur Qu'ils adaptent le code du statut personnel et il y aura du monde au chômage dans le milieu du cinéma égyptien ! Maintenant, j'ai fini par comprendre pourquoi on a inventé l'écran plat : c'est pour diffuser des émissions aussi plates