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Ramadan et football: Le dilemme
LE DOSSIER DU LUNDI
Publié dans Le Temps le 08 - 09 - 2008

Slim Chiboub : J'ai agi en homme cartésien et en pragmatique.
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Dr Yacine Ben Ahmed (Médecin du sport et de l'EST) : Oui pour les activités nocturnes
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Lamine Tlili (Imam prédicateur) : L'Islam tolère le non suivi du jeûne pour cette frange de « travailleurs »
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Maher Kanzari (EST) : On se concède une semaine d'essai.
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Mahmoud Ouertani (OB) : L'infrastructure à l'indexe !
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Ghazi Ghrairi (CSS) : Le médecin du club doit s'en occuper
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Chiheb Ellili (ESHS) : Le rendement est le seul juge
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Ridha Akacha (CSHL) : Encore heureux si je déniche où m'entraîner en diurne !
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Michel De Castel (ESS) : Difficilement contrôlable
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Lotfi Rhim (USMO) : C'est du ressort de l'administration
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Mohamed Kouki (ASK) : Qu'ils assument leurs responsabilités !
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Mokhtar Tlili (CAB) : Lutter plutôt contre les veillées néfastes !
Le mois saint est parmi nous. Toutes les composantes tunisiennes se sont préparées des lustres à l'avance pour le célébrer avec tous les égards dus à son rang. Cependant, une frange de nos enfants est contrainte des fois et à son corps défendant à en faire l'impasse, à ne pas honorer le jeûne ; il s'agit bien entendu de nos sportifs et particulièrement de nos footballeurs. Car appelés à s'entraîner fréquemment à deux reprises par jour, ils ne peuvent assurer ce devoir de peur d'une déshydratation dangereusement menaçante. Ils sont assimilables à ces travailleurs devant les fourneaux et grandes étuves, et qui se doivent de se désaltérer régulièrement pour compenser leurs pertes hydriques riches en sels minéraux.
Seulement voilà, certains s'entêtent à jeûner quand bien même au risque de se faire évincer par leur staff peu soucieux d'avoir des joueurs évoluant en demi teinte et sur les rotules.
Fayçal Jlassi, le capitaine du CSHL, le jour de la finale contre le CA en 1984, trouva la parade « légale » pour ne pas jeûner : Très tôt le matin, il se coltina un aller retour Hammam-Lif -Ennfidha histoire de totaliser les 80 Km réglementaires l'assimilant à un voyageur et l'autorisant légitimement ( ?) de facto de ne point observer le carême. Oui mais pareilles pratiques ne sont plus d'actualité à l'heure qu'il est avec ces mises au vert précédant les rencontres.
Un dilemme complexe difficile à cerner : comment concilier le jeûne avec la pratique du sport d'élite ?
Nous avons posé la question à Slim Chiboub qui a sa petite idée sur la discipline qu'il a instaurée au Ramadan parmi ses protégés lors de son long bail au parc (B). Il a été en effet le premier président à exiger de ses troupes, en avant-gardiste, de ne point faire le ramadan allant jusqu'à les rassembler à midi à l'hôtel pour assister et vérifier de visu et en personne leur prise alimentaireextrêmement pointilleux qu'il était.
Nous avons également approché les entraîneurs, étant les premiers concernés dans l'affaire car risquant de sauter au moindre faux pas des leurs. Dr Yacine Ben Ahmed, médecin du sport et de l'Espérance a été quant à lui de son avis purement médical. Et pour conclure nous avons pris l'avis de Cheikh Lamine Tlili un imam prédicateur et ayant plusieurs ouvrages et écrits à son actif.

Slim Chiboub : J'ai agi en homme cartésien et en pragmatique.
Vous me qualifiez d'avant-gardiste, je vous répondrai que j'ai agi en un responsable cartésien et logique qui respecte sa mission. Tout en me basant sur les préceptes de notre religion, sur mon vécu et sur les études scientifiques se rapportant au sujet. Il est indéniable qu'un joueur de haut niveau et qui jeûne est rapidement cuit. Il est sujet au bout d'une petite semaine à des lésions musculo-tendineuses graves suite à une carence hydrique, alimentaire et en sels minéraux. Les études ont prouvé que le risque d'atteinte est multiplié par quatre voire par cinq comparé aux autres. S'agissant d'un monde de professionnels, pareilles blessures sont de nature à lourdement handicaper le joueur en premier lieu, son club et dans la foulée toute sa famille qui risque de voir son principal pourvoyeur hors circuit et à l'avenir parfois définitivement et irrémédiablement compromis. Il ne s'agit pas là du footballeur occasionnel du dimanche qui s'offre une partie de pousse ballon en attendant la rupture du jeûne !
Dieu dans le livre saint nous incite à ne point nous exposer au péril ni à mettre nos vie et santé en danger. De même qu'il est toujours possible de remplacer ces journées de jeûne manqué soit ultérieurement soit en donnant une somme d'argent aux nécessiteux ou à défaut aux caisses et organismes de la place institués dans cet ordre. Une compensation que les imams que j'ai consultés ont chaleureusement recommandée et approuvée. En président d'un club qui ne vit que de titres etde consécrations, je suis dans l'obligation et en droit d'exiger de mes employeurs non seulement un rendement à max à 100%, mais des résultats en adéquation avec la renommée et les attentes de l'Espérance. A eux en contre partie d'être à la hauteur de la grande sollicitude dont ils sont entourés. Ce faisant, ils préservent leur santé et de facto leur source de vie décente ainsi qu'à leurs familles.

Dr Yacine Ben Ahmed (Médecin du sport et de l'EST) : Oui pour les activités nocturnes
Trois volets essentiels pour le sportif : la récupération passive chez lui avec une hygiène de vie saine, du repos en dehors des terrains et surtout la qualité du sommeil réparateur. En second lieu, une alimentation équilibrée, riche et régénératrice des ébauches d'efforts fournis. Une hydratation massive en dernier lieu de nature à prévenir les lésions musculo tendineuses.
L'idéal serait de programmer les séances d'entraînement et les matches 3h après la rupture du jeûne avec des joueurs concentrés, vifs et éveillés. Pas de risque dans ces cas de lésions tendineuses, d'hypoglycémies ni de veillées tardives et nocives. Le climat est fortement propice à cette approche. Mais en réalité, nous ne le faisons point et nous courons de gros risques. Touchons du bois !

Lamine Tlili (Imam prédicateur) : L'Islam tolère le non suivi du jeûne pour cette frange de « travailleurs »
S'il est prouvé médicalement que ces garçons mettent leur vie et l'avenir de leurs familles et proches en péril, le Coran leur permet de ne point jeûner et de compenser ce manquement par les moyens connus. C'est leur principale source de subvenir aux besoins des leurs et il leur est expressément recommandé de ne point la gâcher. Pour un milliard de musulmans, ces quelques joueurs qui ne font pas le ramadan par obligation professionnelle ne font nullement ombrage à la religion. Quel intérêt pour notre religion de collectionner par l'entêtement de certains à l'esprit obtus des joueurs gravement blessés voués au chômage et les leurs dans le besoin, acculés à la mendicité. Je leur conseille cependant d'essayer de boire lors de leurs exercices dans leur guérite avec discrétion histoire de ménager les spectateurs exposés à la canicule.
Maher Kanzari (EST) : On se concède une semaine d'essai.
Pour le moment nous maîtrisons parfaitement la situation avec des entraînements en fin d'après-midi. Au bout de la première semaine, on dressera le bilan et on décidera pour la suite de la trêve de l'attitude à adopter. Nous comptons dans une large mesure sur le degré de maturité de nos protégés à suivre une hygiène de vie saine de nature à les préserver des aléas des tentations fréquentes et classiques en cette période. Un stage pourrait éventuellement être programmé, mais rien d'officiel et de définitif pour le moment.

Mahmoud Ouertani (OB) : L'infrastructure à l'indexe !
A mon avis il s'agit strictement d'un problème d'infrastructure, de logistique. L'idéal serait d'entraîner et de jouer la nuit. Mais nos stades ne sont pas fait pour. Je n'adhère également pas à cette approche aberrante de jeûner en semaine et manger le jour du match. Des perturbations graves peuvent découler de pareille attitude. Pas de demi-mesures dans cette affaire selon mon expérience : jeûner tout le mois ou ne pas le faire. Quoique disposant de l'éclairage, je m'impose à mon corps défendant quelques séances en pleine canicule car nous jouerons à la reprise à la Marsa à ...14h ! .

Ghazi Ghrairi (CSS) : Le médecin du club doit s'en occuper
S'agissant d'un problème d'hygiène et de santé, il n'est guère dans mes habitudes de m'y immiscer. Certes vous allez me rétorquer que cela va se répercuter sur le rendement des joueurs ; j'en conviens. Mais je laisse le rôle de convaincre les joueurs de la nécessité de ne point jeûner au médecin du club autrement plus armé volet argumentations scientifiques. Cela étant dit, je dois d'ores et déjà programmer mes
séances d'entraînement en nocturne histoire de ménager les troupes.

Chiheb Ellili (ESHS) : Le rendement est le seul juge
Ni moi, ni encore moins l'administration n'intervenons dans la décision à prendre par les joueurs qui demeurent entièrement libres et responsables de leurs choix. Le stade Bouali Lahouar étant dépourvu d'éclairage, je ne puis entraîner en nocturne. Du coup mes séances auront lieu normalement à 17h. J'aurai certainement à doser l'intensité des exercices mais je ne peux le faire grandement au détriment d'une préparation qui se trouverait alors tronquée. Heureusement que la trêve est là, mais les plus méritants reprendront la compétition avec moi. Ils sont des professionnels et ils doivent faire la part des choses de leur propre chef.

Ridha Akacha (CSHL) : Encore heureux si je déniche où m'entraîner en diurne !
Médicalement parlant, il est très dangereux de durement solliciter des organismes observant le carême. Dépenses énergétiques importantes, déperdition hydrique monstre, etc. Déjà et normalement, j'interromps les séances toutes les quinze minutes pour permettre aux garçons de se désaltérer et prévenir de la sorte les accidents musculaires. Au Ramadan franchement je ne vois pas comment je vais m'en sortir avec des séances biquotidiennes diurnes. Quelle intensité, quel travail d'endurance risquerais-je d'instaurer ? L'idéal, serait d'amener tout ce beau monde en stage bloqué et de les entraîner de nuit. Mais les moyens financiers ne le permettent guère. Prions toutefois pour qu'il n'y ait pas de gros bobos !

Michel De Castel (ESS) : Difficilement contrôlable
Comment voulez vous que je contrôle si tel ou tel joueur jeûne ou pas. Je leur laisse la latitude d'assumer leurs responsabilités mais également d'assurer. Car, volet rendement, présence, combativité, je ne badine pas avec. Ils sont des professionnels et ils savent que les places sont chères au sein de mon groupe. Un élément qui traîne les pattes a defortes chances de perdre sa place au profit d'un coéquipier en jambes et plus compétitif. Je vais tout tenter pour concilier entre les différents joueurs durant la préparation mais le jour J, place aux plus aptes à appliquer mes consignes à la lettre, pas question de sentimentalisme dans l'affaire.

Lotfi Rhim (USMO) : C'est du ressort de l'administration
C'est une problématique récurrente difficilement soluble. D'une part, vous avez des joueurs tenant mordicus à honorer leurs convictions religieuses ; de l'autre, leur métier éreintant et extrêmement éprouvant exige d'eux de se sacrifier. Une équation que mes prérogatives ne me permettent pas de résoudre. Etant des professionnels, leurs employeurs doivent en principe prendre les choses en mains et pas moi. Je trancherai en mon âme et conscience et ceux qui seront les plus adeptes à se défoncer à cent à l'heure 90 minutes durant auront leur place parmi les rentrants. Ils sont adultes et savent pertinemment ce qu'ils ont à faire sans l'ingérence d'une tierce personne dans leurs résolutions.

Mohamed Kouki (ASK) : Qu'ils assument leurs responsabilités !
Nous avons affaire à des employés régis par un contrat vis-à-vis de leur patron. Comme ils ont des droits, ils ont également des devoirs à accomplir à l'endroit de ceux qui leur ont fait confiance. Entendre, être hautement compétitif, mouiller le maillot, se défoncer comme un forcené sans relâche le jour du match. Tout le reste n'est que littérature pour moi !
Ils sont libres d'opter pour la solution qu'ils jugent idoine, mais de mon coté, il est de mon devoir de ne faire confiance et de n'aligner que les joueurs les plus en forme. La donne étant claire, chacun doit respecter les règles du jeu jusqu'au bout.

Mokhtar Tlili (CAB) : Lutter plutôt contre les veillées néfastes !
A mon humble avis, le jeune n'interfère pas tellement dans le rendement des joueurs. D'ailleurs selon une expérience comparative effectuée sur deux groupes distincts, on n'a pas relevé de différences notables entre ceux qui jeûnent et les autres. Mais ce qui est vraiment alarmant dans l'affaire, ce sont indiscutablement les veillées tardives et hautement nocives qui vous esquintent à coup sur les organismes et provoquent chez eux un déficit physiologique difficilement réparable. D'où l'importance des mises au vert en ce mois saint.


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