Une société de mesure d'audience se doit d'être crédible en respectant l'éthique. Il semblerait, si l'on s'en tient aux propos que véhicule à longueurs de journées et de nuits la chaîne de télévision Hannibal TV, que l'agence Sigma Conseil que dirige Hassen Zargouni, ne respecte pas cette éthique. Pourtant, agences de pub et journalistes font confiance à cette agence et son directeur pour de multiples raisons. Ils connaissent la méthode de fonctionnement, ils connaissent le directeur, ils connaissent les équipes qui vont sur le terrain pour mesurer ces audiences. A ceux qui l'ont demandé, l'agence Sigma a ouvert ses portes pour montrer ses équipements et son personnel et sa méthode de travail. Une fois cette confiance établie, nous avons pu, depuis quelques années, afficher en toute conscience les résultats d'audience de cette agence et de l'autre agence concurrente Mediascan que dirige Elyes Abdeljaouad. Régulièrement, nous recevons les mesures d'audience de l'un et de l'autre et régulièrement, quand l'actualité l'exige, nous les diffusons. Les deux agences n'ont pas des mesures exactes, mais leurs orientations générales ont toujours été similaires. Quand l'un d'elles écrit que le taux de pénétration de telle chaîne tourne autour de 75%, l'autre n'est pas loin. Ces légères différences de taux d'audience n'ont rien d'anormal puisqu'on les retrouve dans tous les pays du monde. A l'arrivée du ramadan, Hannibal TV, qui a investi au moins deux millions de dinars en productions télévisuelles, s'est retrouvé avec un taux d'audience bien bas comparativement à la chaîne nationale Tunis 7 (voir notre article sur ce sujet). A la publication de ces mesures, Hannibal a crié au scandale et ses animateurs ont commencé à crier sur tous les toits que les mesures de Sigma sont erronées, que la société privée n'a pas à donner ce type de mesures. Un procès en bonne et due forme, contraire à l'éthique et la déontologie journalistique, mais là n'est pas le sujet. Ce que reproche Hannibal est la question de la non-utilisation d'équipements modernes pour mesurer l'audience. Si la forme n'est pas du tout soignée et frise l'illégalité, le fond quant à lui, est juste. Il n'est un secret pour personne que ni Sigma ni Mediascan n'utilisent des équipements scientifiques (les fameuses boites de mesure) pour nous donner des statistiques. Les deux sociétés l'avouent et évoquent le problème du coût exorbitant de ces équipements (quelque 5.000 dinars pièce paraît-il) et l'absence d'une clientèle importante capable d'amortir un tel investissement pour justifier l'impossibilité, pour le moment, d'acheter ces appareils. Ils l'ont dit à leurs clients, aux chaînes concernées, aux médias et aux journalistes et ils soulignent toujours à ces professionnels du secteur que leur méthode de mesure n'est pas tout à fait conforme aux normes européennes, mais qu'elle respecte les règles de la méthode d'enquête. Ils ont toujours dit qu'ils montrent des tendances. Les professionnels le savent parfaitement et ne doutent pas de ces chiffres qu'ils savent proches de la réalité, bien qu'inexacts. Inviter l'Etat, comme l'a fait Hannibal, à créer une entreprise de mesures d'audience n'a aucun sens, à notre égard. Car l'Etat ne peut pas être juge et partie. Il ne peut pas dire que Tunis 7 a telle mesure d'audience alors que cette chaîne lui appartient. Il faut tout simplement que Sigma et Mediascan se dotent des équipements nécessaires à des mesures moins inexactes (l'exactitude parfaite n'existe nulle part dans ce domaine). Pour ce faire, il faudrait du temps. Quelques années peut-être. Entre temps, il est très important, voire vital, de continuer à faire confiance à ces deux agences qui (nous le croyons en notre âme et conscience) pour qu'elles puissent grandir et investir davantage. Il est très important de ne pas les 'descendre'', car on se mettrait tout simplement une balle dans le pied. Avant ces deux agences, les entreprises et les sociétés de publicité naviguaient à vue. Aujourd'hui, on navigue avec une petite boussole, archaïque certes, mais une boussole quand même. Pour que ces deux agences de mesures d'audiences puissent s'acheter des équipements de haute technologie, il faut les aider et non les descendre. Une rencontre avec les différents protagonistes (TV, radios, médias et journalistes) aura lieu la semaine prochaine. Espérons qu'elle sortira avec des solutions et qu'elle ne sera pas un ring pour que les représentants de la chaîne de TV privée continuent à attaquer une petite agence sans aucun arbitre pour les départager. R.B.H.