Le Maghreb : une région à fortes potentialités mais en manque d'intégration Par Tallel BAHOURY
Tout le monde est d'accord aujourd'hui pour dire que la région du Maghreb a des potentialités économiques énormes, mais le manque d'intégration globale fait que la région est en panne en termes d'investissement et d'emploi. Le premier à souligner fut Mme Valentine Rugwabiza, directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). En effet, dans son intervention par visioconférence, elle a relevé trois points essentiels : - la région recèle des potentialités énormes ; - les défis de l'intégration régionale ; - les perspectives et opportunités qui figurent dans l'agenda de développement de Doha pour la région. A l'instar des experts, Mme Rugwabiza estime que les potentialités de la région sont énormes, parmi lesquelles : une population de près de 82 millions d'habitants, majoritairement des jeunes ; une économie de plus de 224 milliards de dollars de PNB ; des ressources naturelles et énergétiques abondantes (hydrocarbures, phosphates ) ; un secteur exportateur performant (industrie, agriculture, textile/habillement) ; un secteur des services en pleine croissance, notamment les technologies de l'information et de la communication) comme l'a si bien montré la netteté des images de la visioconférence entre Port El Kantaoui et Genève ; une proximité géographique avec l'un des plus grands acteurs mondiaux à l'OMC, en l'occurrence l'Union européenne, avec plus de 450 millions de consommateurs ; une intégration économique de plus en plus importante du système commercial multilatéral Sur ce point, le directeur général adjoint de l'OMC, a indiqué que la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie sont déjà membre de l'OMC, alors que la Libye et l'Algérie suivent le processus d'adhésion. 'Cependant, observe Mme Rugwabiza, nous devons constater que les réalisations de la région en termes d'intégration interne et globale ne sont pas à la hauteur des potentialités de la région''. Elle a étayé son argumentation en rappelant qu'aujourd'hui le commerce intrarégional ne dépasse les 2% dans le commerce extérieur de la région, 'ce qui constitue une part très faible comparée aux échanges commerciaux des autres ensembles régionaux dans le monde''. Mais elle demeure convaincue que les participants à ces Journées de l'entreprise vont accorder une place importante à cette question. Ce constat, l'OMC le partage avec plusieurs autres organismes multilatéraux, notamment l'étude réalisée par le Fonds monétaire international (FMI au sujet de la qualification des échanges dans la région du Maghreb). Pour ce faire, le DG adjoint de l'OMC révèle qu'un certain nombre de pistes ont déjà été identifiées pour développer les échanges dans les pays du Maghreb. Il s'agit : - d'harmoniser les réglementations : cette harmonisation permettrait de dépasser non seulement les lenteurs administratives, mais de réduire le nombre de procédures administratives pour des coopérations d'importations et d'exportations d'un pays à l'autre ; elle permettrait également de réduire le nombre de distorsions en mettant en place des réformes des douanes tout en atténuant les procédures ; - il faut ajouter à cela le système de paiement et la chaîne logistique y compris les transports et les investissements conjoints, ce qui est de nature à générer des économies substantielles. Toutes ces questions et bien d'autres, qui participent à réduire le coût des transactions, sont étudiées pour la première fois au sein de l'OMC. Ce qui veut dire pour Mme Rugwabiza que les négociations au sein de son organisation avance positivement, et ce malgré quelques difficultés Mais le DG adjoint de l'OMC estime que, pour régler les divergences, il est nécessaire d'avoir des décisions politiques qui, forcément, auront des retombées sociales et économiques ; mais elle demeure convaincue en retour que les responsables politiques souhaiteraient avoir une contrepartie positive de ces retombées. Toujours dans cet ordre d'idées, elle invite le secteur privé maghrébin à donner tout son appui aux négociations «parce que la région recèle un potentiel énorme, et qu'il est préférable d'avoir des règles commerciales claires qui sont à même de permettre une réelle lisibilité dans le secteur des affaires et qui ne changent pas selon des critères politiques non prévisibles, de changement ou d'orientation politique d'un marché par rapport à une région particulière». Et Mme Rugwabiza de souligner que 'finalement, l'OMC c'est une assurance pour des règles commerciales claires qui pourraient profiter aux investisseurs et hommes d'affaires''. Alors, si on croit Mme Valentine Rugwabiza, le Maghreb a intérêt à lever les barrières tarifaires et non tarifaires pour que ses potentialités et autres avantages soient profitables à l'investissement et à l'emploi,.. et dont la région a grandement besoin