Deux mois après avoir démissionné de son poste de directeur général de Tunisiana, ce spécialiste canadien du marketing met son savoir-faire à la disposition de Tunisie Télécom, mais en portant, officiellement, la casquette de Tecom, l'actionnaire émirati de l'opérateur historique de télécom. Il a quitté la Tunisie il y a à peine deux mois. Il est de retour parmi nous depuis quelques jours. Lui, c'est Robert Lee, l'ancien co-directeur général et directeur commercial de Tunisiana. Parti, après avoir démissionné, pour aller officier au Kenya, en tant que dg d'un opérateur local. Mais à peine parti, qu'une rumeur annonçait, dès fin févier, son retour en Tunisie, en vue de prendre en charge le département commercial de Tunisie Télécom. Aussitôt éclatait en coulisse une véritable guerre entre l'opérateur national et Tunisiana, l'ancien employeur de Robert Lee, en vue d'empêcher son passage «à l'ennemi». Une bataille dont notre confrère «Réalités » s'est fait l'écho, dans son édition du jeudi 8 mars, elle nous apprend, notamment, que les membres tunisiens du conseil d'administration de Tunisie Télécom ont refusé ce recrutement. Une prise de position qui est, en fait, celle des autorités que ces administrateurs représentent et qui se soucient visiblement de ménager l'opérateur GSM privé. Mais ce véto n'a pas arrêté Tecom, puisque l'actionnaire émirati de Tunisie Télécom a décidé de recruter lui-même Robert Lee et de le charger d'une mission au sein de Tunisie Télécom. Ce schéma a déjà été mis en uvre, puisque l'ancien directeur général de Tunisiana est arrivé début mars à Tunis. Basé au deuxième étage d'un immeuble de Tunisie Télécom aux Berges du Lac, il a déjà pris ses fonctions non pas en tant que patron du marketing de l'opérateur historique fonction que Tecom envisageait initialement de lui confier-, mais comme une sorte de «consultant de l'ombre», dont le nom ne figurera nulle part dans l'organigramme de la société. Le bras de fer autour du retour Robert Lee pousse à se demander ce qui fait que Tunisie Télécom tient tant à recruter et Tunisiana à tout faire pour empêcher ce «deal» de ce conclure. La réponse est toute simple : si les deux concurrents se comportent ainsi, c'est, notamment, parce qu'ils savent de quoi est capable ce spécialiste du marketing, qui a déjà fait ses preuves et pas seulement à Tunisiana. Canadien de nationalité, détenteur d'un MBA, marketing, de McGill University (Canada), Robert Lee commence sa carrière à la Banque Canadienne Impériale du Commerce, où, de 1999 à 2001, il a notamment géré plusieurs programmes et budgets multi-millionnaires de publicité, d'acquisition, et de recrutement-rétention de certains segments particuliers de la clientèle, et utilisé les outils du data-mining pour analyser la profitabilité et l'efficience des programmes marketing. De janvier 2002 à mai 2003, il a travaillé comme consultant marketing auprès de la Citibank, au sein de la division «Solutions commerciales». Recruté ensuite par Orascom, il a été envoyé en Algérie pour prendre en charge la direction commerciale de la filiale algérienne de l'opérateur égyptien (Orascom Télécom Algérie Djezzy), avant d'être muté en Tunisie pour occuper la même fonction au sein d'Orascom Tunisie Tunisiana). Mais ce faisant, les responsables d'Orascom ont omis d'insérer dans le contrat de Robert Lee une clause de non-concurrence qui l'aurait empêché de passer chez le concurrent. Une erreur dont l'ancien directeur commercial de Tunisiana et son nouvel employeur- ont su profiter.