Le Club Rotary d'El Menzah a organisé le 15 mars dernier une rencontre au cours de laquelle un exposé sur l'Union économique et monétaire ouest-africaine 'UEMOA'' a été présenté par M. Aboubakar MACALOU, 2ème conseiller à l'ambassade du Mali. Au prime abord, le président du Club Rotary d'El Menzah, M. Mahmoud Trabelsi, a passé en revue les réalisations du Club au cours de l'année 2006, et tracé les perspectives à venir, notamment les actions qui seront organisées par le Club au cours des prochains mois. C'est ensuite au tour de M. MACALOU de prendre la parole et d'expliquer les différents fonctionnements de l'UEMOA : date de création, pays membres, le pourquoi de cette union, ses objectifs et ses réalisations, etc. Ainsi, le diplomate malien a indiqué dans son exposé que le traité constitutif de l'UEMOA a été signé à Dakar (Sénégal) le 10 janvier 1994, et entré en vigueur la même année après sa ratification par les Parlements des huit pays signataires, à savoir le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo (la Guinée Bissau est également devenue membre depuis mai 1997). Ces pays couvrent une superficie de plus 3,5 millions de m2 pour une population d'environ 80 millions d'habitants, dont plus de 50% sont âgés de moins 25 ans, et que le croît démographique moyen est de 3%. L'espace UEMOA produit 33% du produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique de l'Ouest qui compte 16 Etats (c'est-à-dire les 9 de l'UEMOA plus sept autres : la Guinée Conakry, la Gambie, le Ghana, Cap Vert, le Libéria, la Sierra Leone et le Nigeria). M. MACALOU a aussi précisé que 'l'UEMOA est une organisation d'intégration et non de coopération'', en ce sens que les Etats membres ont procédé à d'importants transferts de souveraineté avec abandon du principe de l'unanimité au niveau de la prise de décision. Il estime que c'est 'la volonté ou la nécessité de parfaire l'union qui a révélé l'indispensable liaison entre politique monétaire et politique économique''. Mais le Conseiller malien va plus loin en soulignant que ' la volonté de relancer l'intégration économique sur notre continent fait suite à la déception consécutive aux résultats mitigés obtenus dans le cadre des expériences menées en sens par le passé''. Et d'insister sur le fait que, 'de manière générale, aucune des communautés économiques sous-régionales ne peut se prévaloir de résultats véritablement significatifs quant à la réalisation de ses objectifs fondamentaux, à savoir : le démantèlement des entraves à la liberté de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, le renforcement de la complémentarité des économies et l'intensification des échanges intracommunautaires''. Voilà qui nous conduit aux objectifs de l' UEMOA qui sont au nombre de 5, à savoir : - renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres ; - assurer la convergence des performances et des politiques macroéconomiques des Etats membres, par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale ; - créer entre les Etats membres un marché un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ; - instituer une coordination des politiques sectorielle nationales, par la mise en uvre d'actions communes dans les grands domaines de la vie socioéconomique des Etats membres ; - enfin, harmoniser les législations des Etats membres en matière économique. Par la suite, M. MACALOU a mis en exergue les atouts de l'UEMOA, qui sont : une population de près de 80 millions d'habitants (essentiellement jeune et dynamique), une complémentarité naturelle entre pays sahéliens (qui n'ont pas d'ouverture maritime) et côtiers, une monnaie commune (le franc CFA), une tradition commerciale et culturelle commune, et surtout un droit communautaire supérieur aux droits nationaux. Après avoir exposé les objectifs, les atouts, les organes de direction, de contrôle, consultatif, et les institutions spécialisées de l'Union, l'intervenant a affirmé que l'UEMOA est bel et bien un exemple d'intégration sous-régionale, tout en soutenant que les pays membres ont uni leurs forces pour faire face aux défis du 3ème millénaire. A ce niveau, il ne serait pas inutile de souligner que la mondialisation ne leur laisse pas trop pas de choix, et qui a donc suscité et exacerbé le sentiment de l'union fait la force. Mais ce qui est plus intéressant encore, ce sont les conclusions qu'il a tirées de son exposé : 'La réalisation progressive du marché commun au sein de l'UEMOA, à travers son espace économique unifié, ouvrira des perspectives nouvelles de développement pour les Etats membres et leur permettra une meilleure insertion dans l'économie mondiale, et ce dans l'intérêt des populations et des opérateurs économiques''. Il va plus loin pour noter que 'la réussite de ce pari est cependant subordonnée à l'implication effective dans sa mise en uvre, de l'ensemble des parties prenantes''. A ce titre, le diplomate malien estime qu'en tout état de cause, les pays membres de l'Union sont convaincus qu'il n'existe, aujourd'hui, aucune alternative crédible à l'intégration économique sous-régional. Au cours des débats, les intervenants ont surtout cherché à savoir si l'UEMOA, telle que cela vient d'être décrit, fonctionne, et comment. Mais nous regrettons que M. MACALOU n'ait pas donné d'autres indications sur le niveau de vie des populations, les infrastructures (routes, aéroports, ports, télécommunications ), la disponibilité de la main-d'uvre, les produits d'exportation et ceux importés par les Etats membres. Par contre, il indiqué l'existence d'un important plan d'investissement global mis en place par les Etats membres. Ce qui signifie que, pour les hommes d'affaires tunisiens en quête d'opportunités de marché-, l'Union économique et monétaire ouest-africaine est à même de constituer un débouché considérable pour leurs produits, voire un site d'investissement. Ceci est d'autant plus vrai que les pays membres de cette organisation sous-régionale disposent une monnaie commune adossée et soutenue par la monnaie unique européenne. L'autre atout non négligeable de l'UEMOA, c'est la disponibilité de certaines matières premières (coton, cacao, maïs, ananas, mangues pour le textile et l'agro-industrie), un secteur touristique qui se développe, une main-d'uvre bon marché Sans oublier l'existence des liaisons aériennes entre Tunis et quelques capitales africaines (Dakar, Bamako, Abidjan). In fine, nous pensons que nos capitaines d'industrie auraient intérêt à s'intéresser davantage à cette zone qui pourrait se révéler d'un appoint important pour le renforcement de l'emploi en Tunisie. Mais pour ce faire, il est impératif de se montrer audacieux et agressif.